Ragnard Rock Festival - troisième jour - dimanche 19 juillet
Après une courte nuit, ce dernier jour commence presque à l'heure. Certes, il faut une fois encore attendre que la commission de sécurité donne son aval, mais vers 10h30, les musiciens locaux de la ville de Bourg-en-Bresse toute proche, Triops, montent sur scène.
Certes, il est encore bien tôt pour un festivalier, et le public est peu fourni.
Dommage, car Triops envoie un thrash de bonne famille, qui se mêle à une sorte de rock alternatif revendicatif (en français donc).
Ceci dit, comme les tentes les plus proches ne sont qu'à une centaine de mètres de la scène, il est fort à parier que les derniers dormeurs ont eu droit à un chant du coq quelque peu métallique avec nos amis bressans !
Presque à 11h30, le folk metal revient en force avec les sudistes de Cerevisia. Cette formation semble progresser à chaque fois que je les vois sur scène. Le show est énergique, même s'il peine à dépasser la demi-heure, nous assistons à un concentré de barbares. Pas mal du tout !
L'après-midi débute avec Aktarum qui joue vers 13h30. La Belgique a visiblement également quelques trolls. Ici, l'inspiration de Finntroll et autres trolleries nordiques est assez nette. Ca tombe bien, le public apprécie et un peu de légèreté fait du bien ! D'ailleurs, le groupe sait également se montrer lourd et pesant, en plus de favoriser le pogo festif...
C'est au tour des lyonnais de Fortunato de se lancer dans la danse. Ils pratiquent un heavy metal assez épique, et tous les clichés du genre se retrouvent dans leur prestation. Ceci dit, c'est efficace et bien réalisé. Le chant est d'excellente facture notamment.
Ma montre indique 15h00 quand Agressor monte sur la grande scène.
Leur bon vieux death/thrash, est des plus appréciables surtout que des titres de la lointaine époque Medieval Rites côtoient allégrement les morceaux plus récents sur leur setlist du jour. Et puis, il faut tout de même dire qu'Alex Colin-Tocquaine a gardé toute sa verve et on peut dire la même chose de Jo Guigou. Bref, du tout bon sous le soleil ! On peut en passant en profiter pour contempler l'évolution du parasol à travers les âges, depuis l'époque viking...
Presque immédiatement, un groupe enchaîne sur l'autre scène. C'est lent, c'est insaturé, c'est calme.
En approchant, on voit qu'il s'agit du seul groupe à avoir jusqu'à présent réellement pâti des divers problèmes et réarrangements du running order : Din Brad. Initialement prévus pour clôturer le premier jour, les voilà catapultés en pleine après-midi du dimanche.
Ce side-project du batteur de Negura Bunget, Negru, et de son comparse Adrian ne met pas tout le monde d'accord. Il faut dire que, loin des riffs de guitare, avec un néo-folk que certains apprécieront, certains restent de marbre. Il manque quelque chose pour que la sauce prenne. Peut-être une ambiance plus mystique d'une soirée d'été ?
Nous restons dans le même style avec The Moon & The Nightspirit.
Pas de doute, les hongrois méritent leur réputation dans le style. La musique est maîtrisée et distille subtilement des mélodies féériques et aériennes.
Le public est en transe. On pourrait trouver dommage qu'ils n'aient pas bénéficiés d'un horaire plus tardif, mais il faut dire que les têtes d'affiches étaient déjà bien nombreux ce soir !
Pour des raisons de divergence musicale, j'en profite pour aller voir combattre les vikings du village d'en face. En plus, cela n'empêche d'entendre malgré tout le concert de loin.
Un petit détour par le village viking...
Outre les campements de différentes troupes renommées dans le monde de la reconstitution historique viking, le visiteur pouvait trouver bon nombre de marchands, dont certains vendaient des produits authentiques.
Il y eu, tout comme lors des jours précédents, quelques affrontements de masse et autres démonstrations toujours plaisantes à voir, surtout avec le son des concerts en arrière-plan !
Il y avait bien entendu également plusieurs occasions de se désaltérer et de se nourrir plutôt correctement et sans trop faire la queue longuement.
Bref, c'était là une excellente idée d'offrir une véritable zone consacrée au monde viking, en plus des concerts évidemment !
Retournons devant les scènes.
Il est presque 19 heures. Le soleil commence à descendre dans le ciel. Pas de chance pour eux, la grande scène où vient de monter les membres d'Himinbjorg est orientée plein ouest.
Cela ne les empêchera cependant pas de présenter un show millimétré.
Après l'excellente "surprise" de leur dernier album Wyrd, j'attendais avec très grande impatience cette formation inédite avec Baptiste Labenne (de Boisson Divine), déjà présent en studio.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que je n'ai pas été déçu. A vrai dire, je pourrais parler encore plus longuement des morceaux joués ici, avec par exemple "Circle Of Warriors" et, "Wyrd", "Destin de sang" et bien sûr la reprise obligatoire d'Impaled Nazarene qui clôture tous leurs concerts avec "The Horny and the Horned", mais je vais donc simplement résumer en disant que j'ai laissé mon matériel photo à quelqu'un de confiance et que j'ai passé la majorité du concert en plein milieu de la foule à secouer la tête en transe.
Décidemment, Himinbjorg, c'est comme le bon vin : il se bonifie avec l'âge sans pour autant perdre de sa nature profonde !
Après l'électrochoc que je viens de recevoir, je me repose quelques instants et en profite pour me restaurer pendant que Virgin Snatch monte sur scène.
Grâce à la proximité du camping, je peux manger tout en entendant très correctement tout de même le concert. C'est aussi ça le Ragnard Rock !
Leur thrash n'a rien d'original, donc je ne rate rien de particulier.
Pendant que la nuit tombe doucement, la tension devient palpable. L'équipe de la sécurité est à son maximum et circule dans tous les sens, visiblement sur le qui vive. En effet, les Ukrainiens de Nokturnal Mortum vont jouer pour la première fois en France.
Rien que ça, c'est déjà un exploit pour les organisateurs du Ragnard Rock. En passant, chapeau pour avoir relevé le pari de les inviter, malgré un passé douteux qui les entache encore.
En effet, dans leur jeunesse, ils fréquentaient des groupuscules ouvertement néo-nazis et ont fait quelque déclarations plutôt provocantes.
Depuis, ils ont reconnus leurs égarements et ont tiré un trait sur tout ceci.
Après tout, dans le milieu black/pagan, il n'est pas rare de voir des groupes de quasi-ados faire des déclarations bien extrêmes. Une fois adultes, peu d'entre eux persévèrent réellement, à moins bien sûr que cela devienne une véritable marque de fabrique, leur permettant de se distinguer d'autres groupes.
Le débat ici est le même que celui qui consiste à dénigrer certains groupes soit disant satanistes. En général, tout cela fait partie de l'image, du show. Rares sont ceux qui y croient vraiment.
Comme on ne peut pas être dans la tête des membres de Nokturnal Mortum, consacrons-nous à ce qu'on peut entendre et voir.
Bref, les voir ici sur scène est déjà en soi un événement rarissime dans le même genre que d'avoir assisté au concert de Queen à Wembley, d'avoir été à Woodstock, etc. Bon, j'exagère un peu, mais l'idée est la même.
Certes, on a pu apercevoir brièvement un drapeau israélien tout à l'heure. Des responsables de la sécurité sont allés voir des petits malins qui avaient amené le dit drapeau pour qu'ils le rangent avant le concert, histoire de ne pas ajouter de l'huile sur le feu.
L'une des organisatrices, Magali Grégaut est montée brièvement sur scène, a expliqué gentiment (et avec le sourire) que Nokturnal Mortum faisait en quelque sorte un concert test ici et que si tout se passait bien, ils pourront revenir jouer en France ou ailleurs, et que cela serait quand même bête qu'ils ne puissent pas le faire, avant de souhaiter un bon concert à tous.
Et effectivement, c'est ce qu'il y a eu. Un putain de bon concert !
Ily avait de quoi être un peu sceptique (normal, je ne les avais jamais vu sur une scène) de leur prestation en live. Mais la qualité était là. Cela tombait bien non pour un concert "test", tous les ingrédients du succès étaient réunis ce soir ! Certaines personnes de ma connaissance, aux idées politiques diamétralement opposées à ce que la rumeur dit sur la nébuleuse "Nokturnal Mortum", et qui étaient à deux doigts de boycotter le concert "par principe", ont avoué presque honteusement que le concert et la musique de ce groupe étaient géniaux.
Cela résume bien l'idée qu'il est stupide de mélanger politique et musique...
Après près d'une heure de show, c'est au tour d'Enslaved de conclure le festival.
Et bien très franchement, avec toute l'affection que je peux porter aux norvégiens et à leur riche œuvre artistique, leur concert me semblait quelque peu pâlot en comparaison. Même s'ils ont joué (entre autres) l'excellent "AllfÇ«ðr Oðinn". Ce n'est pas que leur prestation était mauvaise. Certes non, Ice Dale se ballade toujours torse nu et prend des poses du guitar hero qu'il est, Grutle Kjelsson chante toujours juste, Ivar Bjornson balance toujours des gros riffs de tueur, etc.
Mais voilà, il y a eu Nokturnal Mortum avant...
Quoiqu'il en soit, le festival s'achève sur un grand succès.
D'une part, le public a répondu présent avec près de 5000 personnes par jour, d'autre part, l'affiche était diversifiée et bien pourvue.
Certes, il y a eu d'innombrables petits problèmes dus certainement au fait qu'il s'agissait d'une première édition, sans parler des contraintes météo parfois délicates, mais il y a aussi eu tous ces petits moments sympas parce que justement, il s'agissait d'une première édition et que tout n'a pas encore été prévu et organisé.
Ce qu'il faut retenir, ce sont des bénévoles et des organisateurs super sympas, malgré toutes les galères qu'ils ont dû gérer, des groupes visiblement contents d'être là, une météo qui finalement auraient pu être bien pire et surtout, l'esprit des vikings qui était bien présent !
Bref, tout ceci annonce un Ragnard Rock Fest 2016 encore meilleur !
Thomas Orlanth
Photos :
© 2015 Eloise Morisse
© 2015 Thomas Orlanth - galeries complètes sur le site internet: www.thomasorlanth.com / Facebook . Toute reproduction interdite sans autorisation spécifique du photographe.