Une agréable mise en bouche...
Sortir un EP n'est jamais chose aisée. Beaucoup qualifiant ainsi le groupe d'opportunisme, de volonté commerciale, de manque d'inspiration... et on en passe ! Ici, vu la renommée modeste du combo, on peut d'ores et déjà rayer les deux premières mentions. Quant au côté "non inspiré", ce n'est pas dans ce rayon qu'il faut chercher concernant Pharaoh. D'autant plus qu'un nouvel album en cours de finition est annoncé pour l'automne 2011.
Non, nous sommes ici plus en présence d'un EP "mise au point" et "apérétif" avant un plat de résistance qui s'annonce pas mal copieux sachant que les américains préparent le successeur de Be Gone depuis 2008. Cependant, il y a fort à parier qu'ici personne (ou de peu de gens) ne connait Pharaoh. Et pourtant...
Evoluant dans un heavy traditionnel des plus classiques, plus tourné vers les années 90 (Iced Earth ou Jag Panzer pour ne citer que des exemples locaux) sans pour autant tourner le dos aux légendes que sont Judas Priest ou Iron Maiden, Pharaoh compte parmi ses membres un vocaliste ayant collaboré avec le grand Chuck Schuldiner (Death) dans le projet Control Denied, appelé à devenir le groupe principal du légendaire musicien avant sa tragique disparition en décembre 2001.
Tim Aymar et son chant éraillé n'use cependant pas ici des mêmes ficelles que sur The Fragile Art of Existence du projet sus-nommé, se posant plus dans une voix heavy parfois thrashisante rappelant tour à tour Biff Byford (Saxon), Rob Halford (Judas Priest) et Mille Petrozza (Kreator). Bien qu'un poil vieillissant, le bonhomme envoie la sauce sans coup férir et avec une implacable facilité.
Le brûlot en lui-même s'avère plutôt vite analysé, ne comportant que deux titres inédits dont un très efficace morceau éponyme en introduction. Car cet EP s'intitule Ten Years, choix étonnant lorsqu'on sait que le groupe a été créé en 1997 et que le premier album date de 2003. A moins que cela ne soit un hommage déguisé à Chuck ? Ceci semblerait cependant un poil tiré par les cheveux.
Si la deuxième compo est plus ou moins "correcte sans plus", le reste de la tracklist nous offre quelques couleurs avec notamment ce "White Light" bien différent et où Tim lâche un chant plus habité, plus rare, plus "rock". Pas étonnant puisque ce morceau est en vérité une reprise du groupe britannique New Model Army. Pas forcément dans le style heavy donc mais bien exécutée et rafraîchante au moment d'enchaîner avec deux morceaux bonus ici réédités.
"Reflection and the Inevitable Future" et "Nothing I Can Say" figurent à l'origine sur la version vinyle de Be Gone, ils se voient ainsi redonnés une seconde jeunesse et ce semble-t-il avec une certaine réussite. Tim navigue entre des attaques à la Chris Boltendhal (Grave Digger) ou Tim Owens à sa guise, gardant sa touche personnelle et portant le tout sur un jeu de guitare ciselé (on en reparlera).
Rien ne serait complet sans une dernière petite reprise, plus "directe" que la précédente cette fois-ci puisqu'il s'agit de "Tormentor" du groupe Slayer. Pas la plus violente du groupe californien donc, mais ici retouchée en mode plus mélodique et plus accrocheuse, donnant donc un intérêt nouveau à une composition intéressante.
L'EP tient donc la route et ce sans jamais trop dévier d'une ligne directrice parfaitement établie par le guitariste-compositeur Matt Johnsen. Le virtuose nous délivre ici des mélodies de guitare (parfois phrygiennes) dont il a le secret et qui laissent présager du meilleur pour l'album à venir. Peut-être que celui-ci viendra concurrencer le brillant The Longest Night sorti il y a 5 ans et pour beaucoup considéré comme l'un des meilleurs albums heavy américain de la décénnie...
L'avenir nous le dira, en attendant Pharaoh nous propose depuis le 10 juin dernier une mise en bouche bien sympathique qui méritera bien qu'on s'intéresse de très près à la suite. Et un grand merci à Cruz del Sur d'avoir en su signer de si bons groupes (Twisted Tower Dire, anciennement While Heaven Wept, etc.) !
Note : 3.5/5
