Les amateurs de progressif ont certainement déjà entendu le nom de Goblin à plusieurs reprises. Non content d’être l’une des influences revendiquée de Mikael Akerfelft (Opeth), le groupe italien a composé de nombreuses musiques de films d’horreurs dans les années 70, dont la BO européenne de Dawn of the Dead de George Romero. Goblin Rebirth n’est autre qu’une nouvelle incarnation du combo d’origine, un peu à la manière des ProjeKCt de King Crimson pour citer un de leur contemporain. Du Goblin originel, il ne reste que Fabio Pignatelli (basse) et Agostino Marangolo (batterie), mais trois musiciens viennent renforcer le line-up et proposer une musique à dominance instrumentale (hormis quelques passages, mais nous y reviendrons).
Si le nom du groupe a été changé pour des raisons de droits, c’est bien une musique typée prog 70’s/Soundtrack horrifique qui s’offre à nous à grands renforts de claviers dès le premier titre, « Requiem for X ». D’ailleurs la présence de deux claviéristes, Aidan Zammit et Danilo Cherni, ne trompe pas. Cet instrument sera largement mis en avant au cours des huit pistes de Goblin Rebirth. Les musiciens ont eu l’excellente idée d’ouvrir l’album avec leur pièce la plus sombre, plongeant immédiatement l’auditeur dans leur univers.
En tant que fondateur du groupe, Fabio Pignatelli est bien présent au sein des compositions de l’album, s’offrant des plans de basses qui renforcent l’impression horrifique développée par les claviers (« Back in 74 » qui rappelle Emerson Lake and Palmer). Nous l’avons évoqué, Goblin Rebirth joue une musique pratiquement uniquement instrumentale. En effet, hormis quelques voix robotiques sur « Evil in the Machine » (qui servent à merveille le propos du morceau) et éthérées sur « Forest », la majorité des titres joue sur l’interaction entre les claviers atmosphériques et des guitares discrètes (« Book of Skulls »). Les rares soli de guitare de Giacomo Anselmi s’inscrivent dans la plus droite lignée gilmourienne et sont toujours très bien amenés et pensés (« Mysterium »).
La force principale du groupe est d’ailleurs d’arriver à nous faire voyager en nous faisant oublier l’absence de chant, ou alors en en plaçant avec parcimonie sous forme de voix lointaines et épurées. « Evil in the Machine » s’appuie sur ces voix au vocoder mais également avec des boucles électro et des expérimentations rappelant les synthétiseurs VCS3 utilisés sur « On the Run » de Pink Floyd. Tour à tour, l’auditeur pensera également aux atmosphères crimsoniennes développées par certains combos suédois de prog des années 90, tels qu’Anekdoten, Anglagard ou Landberk.
Les ambiances sont prenantes, occultes, oscillant entre angoisse (« Book of Skulls »), mélancolie (« Forest »)et peurs infantiles (« Requiem for X »), telles des montagnes russes, pour un résultat envoutant, telle une vraie musique de film.
Cet album pourra ainsi plaire à la fois aux amateurs de rock et de metal progressif, mais également à ceux qui apprécient les musiques de film les plus sombres. Une belle surprise en somme !
Note : 8,5/10