Norbert Krief – Nono

Nono, premier album solo de Norbert Krief, guitariste du regretté (ou pas) groupe de hard rock français Trust. Bon. OK. Il s’agit de ne pas perdre son sang-froid, et de ne pas penser à toutes SES années de service… Au-delà de ces blagues, somme toute très  mauvaises, il faut bien dire une chose : même si le solo du célébrissime « Antisocial » a fait et fait encore fantasmer tous les guitaristes novices, on ne peut pas dire que Trust ait été un groupe marquant dans l’histoire du rock, du punk, du hard, du metal ou du trombone à coulisse. Ergo, c’est avec amusement mais sans grande conviction que l’on se lance dans l’écoute de cette première pastille solitaire que  nous propose Nono le bien nommé (pourquoi le bien nommé, je vous le demande !), sortie le 6 juin dernier chez XIII Bis Records.

« Blink of an Eye » ouvre l’album avec une intro très blues rock. Guitare saturée, grasse, accent anglais super moisi, texte bidon et solo de guitare respectable… C’est un très bon blues français que voilà ! Les petites fioritures guitaristiques seront appréciées de tous les amateurs du genre, et les chœurs en outro, très « eighties », en amuseront plus d’un. Pour être clair, voici quelque chose de marrant, sympa, sans casser trois pattes à un pingouin. Etrangement, on aurait souvent tendance à dire la même chose à propos de la musique de Trust. En plus, y a pas à tortiller, il y a un côté FM qui ne plaira pas à tout le monde (mais Fogiel vous le dirait mieux que moi : cela est impossible).

Ami lecteur, si tu ne jures que par le metal pur et dur, passe d’ores et déjà ton chemin ! D’autant que oh ! Surprise ! On pensait entendre du hard rock et nous voici en compagnie de Gerald de Palmas ! Egrenages bluesy et acoustique de quelques notes accompagnant une voix nasillarde, elle-même chantant en français un texte d’une rare profondeur à propos du « sens à donner au bonheur » et poétiquement intitulé « A Dieu ». Heureusement, le morceau gagne en énergie au bout de quelques instants, mais tout cela reste parfaitement bateau. Quant à l’espèce d’imitation de violons qui vient cette fois conclure le morceau, et ben… une bonne partie de rigolade assurée à quiconque a un tant soit peu de sens de l’humour.

Vous aurez bien compris que cet album ne mérite pas un descriptif détaillé de tous ses morceaux. Il n’y a là rien de bien passionnant, et surtout, rien de metal ! Cependant, notons à décharge quelques bonnes choses : l’amusant instrumental « Borderline », très sympathique à cela près que la part belle est donnée à un… harmonica ! Alors que bon, c’est quand même Nono, alors forcément, on s’attendrait plus à un bon gros coup de gratte… mais non. Le kitsch « She’s Burning up my Bed », bon vieux cliché sex, drugs and rock’n’roll, s’écoute avec un certain plaisir mais se rapproche plus d’Elvis que de Megadeth, harmonica et saxophone à l’appui !

Et puis, pêle-mêle : une reprise de « On the Road Again » de Canned Heat (pas d’inquiétude, ami lecteur, si cela ne te dit rien : tu n’étais probablement pas né !), sans originalité aucune, à l’exception – notable – d’une intro version « beat box » parfaitement grotesque. Un blues tout à fait sympathique, « Vagabondage », mais qui ne plaira évidemment qu’aux amateurs du genre. Un « How does it feel » parfaitement taillé pour passer sur RTL2. Und so weiter…

Résumons-nous : Norbert Krief n’est pas un artiste sans talent. Mais ce premier album mélangeant blues, rock et, n’ayons pas peur des mots, pop, n’a pour ainsi dire rien à faire sur votre radio préférée. Une question se pose donc : mais qu’est-ce que je fous à chroniquer ça, moi ?

Note finale : (indépendamment du contexte déplacé)  6/10

NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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