"Aimez-nous ou non, mais gardez-nous en tête."
A l'occasion de la sortie de Meliora, La Grosse Radio a pu s'entretenir avec l'un des membres masqués de Ghost. Ce fut ainsi l'occasion de parler de l'évolution de l'imagerie du groupe ainsi que de leurs inspirations à ce niveau et d'en faire de même pour l'évolution musicale. Le mystère règne toujours autour de ce groupe énigmatique, mais la volonté de conquérir subsiste.
Bonjour et merci de nous accorder cette interview. Meliora signifie "meilleur" en latin. Pourquoi un tel titre pour votre album ?
Meliora veut effectivement dire meilleur, mais évoque aussi le concept de la recherche de quelque chose de meilleur. De fait, on exprime une recherche. Cela ne correspond pas à un état qu'on aurait atteint, mais à un commentaire sur la société d'aujourd'hui. C'est un processus.
On peut établir un parallèle entre la pochette de l'album et l'affiche du film Metropolis de 1927. Pourquoi avoir choisi cela ?
C'est parce que nous avons changé d'époque pour cet album. Nous avons voulu donner une vision du futur, mais pas à la manière de Star Trek qui voit un futur depuis notre époque, mais un futur comme il était vu dans les années 20. L'esthétique de l'époque est magnifique, avec ces vieilles machines qui s'élèvent, c'est plus intéressant que les ordinateurs et les téléphones portables. Du coup, nous avons préféré travailler avec cette imagerie.
Parle-nous de l'importance du cinéma dans l'imagerie de Ghost.
C'est très important, parce que le rêve de faire de la musique est comparable avec nos rêves liés au cinéma. Tout le monde des films et des séries télé nous correspond totalement. Donc nous utilisons cette imagerie en quelque sorte pour rendre hommage aux stars de cinéma que nous aimons, ainsi qu'aux musiques de film qui nous inspirent.
Est-ce qu'on en retrouve une influence dans les paroles ?
Dans un sens, oui, car nous avons tellement été inspirés par les films et les séries télé qu'on en retrouve. Cela nous permet de mieux imager nos textes, pour que les gens s'y retrouvent. En ce sens, on peut établir un lien entre le cinéma et nos paroles.
Quels sont les thèmes employés ?
Il ne s'agit pas d'un concept album comme on l'entend d'habitude, avec une histoire et un personnage qu'on retrouve au fil des chansons, mais on parle d'un monde dans lequel l'être humain rejette ses besoins spirituels. De fait, les machines ont pris le dessus et les humains ont congédié Dieu. C'est un peu comme maintenant, à qui t'adresses-tu quand tu as des problèmes ? C'est donc notre commentaire concernant un monde où la spiritualité est rejetée.
Pourquoi avoir choisi de changer l'apparence des Nameless Ghouls ?
Pour notre premier album, Opus Euponymous, nous n'avions pas de visage. Pour le deuxième, Infestissumam, nous utilisions des masques noirs. Pour Meliora, nous nous sommes dits que, si l'univers doit se dérouler dans les années 20, nous nous sommes dits qu'être habillés comme des moines du XVIIIe siècle n'allait pas, il fallait qu'on ait l'air de notables qui se rendent à un rendez-vous secret, voire occulte. Du coup, nos tenues ressemblent à des costumes, pour avoir un aspect propret, plutôt qu'effrayant à la manière du croque-mitaines. Quant aux masques, il fallait quelque chose d'élégant, sans artifice d'épouvante. Il fallait que ça ressemble à des statues.
Parlons de l'évolution musicale depuis Infestissumam.
En fait, dans Infestissumam, on pourrait presque retirer un guitariste, parce que la plupart des chansons étaient basées sur des mélodies. Dans Meliora, les chansons sont surtout basées sur des riffs et portées, la plupart du temps, par la main droite. Bien sûr, il y avait des riffs dans Infestissumam, mais ils étaient surtout là en soutient du chant et des refrains. Ici, les riffs viennent en premier et les mélodies et voix viennent les soutenir, c'est presque l'inverse. Ce qui nous a inspiré pour mettre les riffs plus en avant a surtout été de jouer sur scène. Il y avait déjà plus de riffs dans Opus Euponymous et les chansons prennent bien plus d'ampleur sur scène.
Votre prochain concert en France aura lieu au festival Rock en Seine. Pour la première fois, vous ne jouerez pas dans un festival metal en France. Qu'est-ce que ça fait ?
C'est intéressant, j'y ai pas mal pensé. Jouer dans un festival metal fait office de soulagement, parce que les gens comprennent ce que nous faisons et s'ils n'aiment pas, ils ne le feront pas à moitié ! Jouer dans un festival plus écletique est comme un défi à relever, car les gens ne connaissent pas nos références. Si ça se trouve, ils n'ont jamais entendu parler d'Alice Cooper ou Kiss. Du coup, nous n'avons que nous et notre musique, vu qu'ils ne savent pas à quoi s'attendre.
Vous avez déjà sorti un EP de reprises entre Infestissumam et Meliora, If you Have Ghosts. Comptez-vous faire quelque chose de similaire ?
C'est possible. Nous avons déjà enregistré d'autres reprises. Mais je ne sais pas si nous les utiliserons de la même manière que sur If you Have Ghosts. Cet EP était une bonne chose, nous avons pris beaucoup de plaisir à l'enregistrer et il nous a permis de dévoiler une autre facette de Ghost. Faire des reprises est un bon challenge, surtout quand il s'agit de s'éloigner de l'oeuvre originale.
Qu'en est-il d'un éventuel album live ou un DVD ?
Nous n'avons rien d'enregistré pour l'instant qui vaille la peine de le sortir. Mais j'imagine que dans moins d'un an, nous aurons l'opportunité d'enregistrer un concert, d'autant que les chansons de Meliora semblent très prometteuse sur scène.
Le mot de la fin ?
Merci à tous pour votre soutien, en espérant que vous aimerez Meliora. Aimez-nous ou non, mais gardez-nous en tête. [rires]
Photos © 2015 Nidhal Marzouk
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