Eddie revient dévorer Paris
Trois ans après une tournée thématique couronnée de succès, les légendaires Iron Maiden reviennent une nouvelle fois à Bercy pour deux dates consécutives. Malgré l’âge, le groupe et le public tiennent toujours la forme, mais pour encore combien de temps ?
Rise to Remain
En ouverture du groupe, ce n’est plus le groupe de la fille de Steeve Harris, mais le groupe du fils de Bruce Dickinson. Et le style change radicalement. Le groupe nous sert ici une musique marquée par le metalcore, donc résolument plus moderne que le groupe de Lauren Harris. Comme papa, Dickinson junior assure le chant et n’hésite pas à utiliser les méthodes de son père pour tenter de convaincre la foule. Malheureusement, le groupe joue devant un public complètement inadapté, et donc très peu réactif. Ils peuvent au moins être content de ne pas avoir subi le même sort que les talentueux américains d’Avenged Sevenfold en 2008, à savoir des huées et des doigts à n’en plus finir. Le son n’a pas non plus aidé les jeunes loups anglais, avec des basses trop fortes, ce qui rendait les riffs difficilement compréhensibles. Malgré cela, on peut distinguer un certain potentiel artistique dans le groupe, grâce à des musiciens qui ne sont pas des manchots. Malheureusement, leur envie de surfer sur la vague metalcore se sent trop, et aurait tendance à les limiter. Dommage pour ce groupe qui peut réussir. On espère les revoir avec des idées plus mûres et une personnalité plus marquée.
Après le rangement du matériel et une bonne demi-heure d’entracte, les premières notes de "Doctor Doctor", le classique d’UFO, se font entendre, et les fans savent que le groupe tant attendu va entrer en scène…
IRON MAIDEN
Si le concert s’est révélé haut en couleurs, il n’a malheureusement pas commencé sous les meilleurs auspices. En effet, "Satellite 15", n’a rien d’une intro entrainante, et fait retomber l’ambiance après un "Doctor Doctor" ravageur. Et si l’entrée en scène s’est révélée fracassante avec un Final Frontier fédérateur, le soufflet est retombé avec le mid-tempo "El Dorado", qui a tendance à s’embourber en live, avec ses riffs banals et son refrain peu repris. Fort heureusement, après ce début en dents de scie, le concert a pu reprendre de plus belle avec le classique "2 Minutes To Midnight", qui revient très souvent dans les setlists.
Mais si les incontournables comme "The Trooper" ou "Hallowed Be Thy Name" étaient bien présents, le groupe a eu l’intelligence de revenir avec une setlist orientée en opposition avec celle de leur précédente venue. En effet, en 2008, le groupe nous avait servi une setlist best-of, essentiellement axée sur la période Powerslave-Somewhere In Time-Seventh Son of a Seventh Son. Ici, ce sont les titres récents qui priment. Aux anglais de ressortir les délicieux "Dance of Death", "The Wicker Man" ou encore "Blood Brothers", qui font mouche. Et, tournée de Final Frontier oblige, le petit dernier se tape la part du lion, avec pas moins de 5 titres joués. Et force est de constater qu’à part "El Dorado", les titres ont été fort bien accueillis par le public, en particulier "The Talisman" et "Coming Home", véritablement taillés pour le live, avec ces mélodies et refrains faciles à reprendre pour le public. Et après tout ça ? Le groupe a eu la bonne idée de ressortir quelques vieilleries absente de la tournée précédente. C’est donc avec un bonheur non dissimulé que le public se déchaîne sur "Running Free" ou "The Evil That Men Do", sur lesquels on pourra voir des circle pits apparaître la première soirée. Cela donne au final une setlist de deux heures qui présente seulement 6 titres en commun avec la précédente, qui sont autant de titres incontournables.
Mais si le succès du groupe s’est construit sur des hymnes metal qui rentrent immédiatement dans le crâne sans en ressortir, Iron ne serait pas Maiden sans son fameux show granguignolesque. On est donc en présence d’un décor qui recréé une station spatiale, avec des backdrops qui évoquent l’espace, un univers post-apocalyptique ("El Dorado" et "Where The Wild Wind Blows") mais aussi des pochettes de singles (pour "2 Minutes To Midnight" et "The Trooper"). Et le groupe ne se prive pas non plus de ressortir ce bon vieux Eddie, cette fois-ci métamorphosé comme sur Final Frontier, avec la moitié du cerveau à l’air et une mâchoire qui rendrait fou les dentistes. Sur the "Evil That Man Do", c’est un Eddie d’environ trois mètres qui vient embêter les membres du groupe, une guitare entre les mains. Comme si le groupe n’avait pas assez de guitaristes comme ça ! Et sur Iron Maiden, c’est une version géante de la mascotte qui vient haranguer la foule de derrière la scène. Si ces éléments de show ne sont plus une surprise depuis bien longtemps, ils font toujours mouche. Rod Smalwood (le manager du groupe) l’avait bien dit, les gens n’en ont jamais marre d’Eddie !
En ce qui concerne la prestation du groupe, elle est toujours au poil et réglée au millimètre, si bien que les deux soirées que le groupe a donné se ressemblent comme deux gouttes d’eau, avec la même setlist et les mêmes blagues de ce bon vieux Bruce Dickinson, qui s’est grandement amélioré en français ! Toutes ses interventions étaient dans la langue de Molière, et il a même poussé le vice jusqu’à la prononciation du nom de son groupe, en disant [iron] maiden au lieu de [airon] maiden !
Malgré ses 52 ans, le bougre est toujours bien en voix, malgré quelques ratés malvenus (sur "Hallowed be thy Name" par exemple, une chanson assez difficile à chanter il faut le reconnaître). Côté groupe, ça se passait plutôt bien, avec un Adrian Smith qui a gardé sa finesse, Dave Murray qui a gardé son son mais qui changeait ses solos sans trop les massacrer, et un Steeve Harris qui fait toujours autant galloper ses doigts, à défaut de pouvoir galloper lui-même (ses problèmes de dos sont toujours là…). Jannick Gers faisait toujours le show à sa manière, mais joue de moins en moins. Malgré son apport studio indéniable, son utilité sur scène est toujours remise en question par un bon nombre de fans.
Côté son, Bercy oblige, ce n’est pas toujours heureux. Il est bien difficile d’équilibrer trois guitares en live, et ce concert l’a bien prouvé, si bien que les riffs étaient difficilement compréhensibles par moments. On rappellera que le son est bien meilleur près de la table de mixage qu’aux gradins, la faute à la réverbération.
Malgré la multiplication des tournées, le groupe a su relancer l’intérêt en sachant faire preuve d’audace dans la setlist, qui ne caressait pas le fan dans le sens du poil comme en 2008. Si le groupe vieillit, les performances live sont toujours exécutées avec le professionnalisme et la rigueur qu’on connaît. Si aucune séparation n’a encore été annoncée, le fait que le groupe prenne de l’âge est indéniable, et on assiste probablement à une des dernières tournées de cette légende du metal. Avec une relève, certes prometteuse, mais qui n’a pas le panache d’un tel groupe, il est bon de profiter des instants magiques qu’il nous reste avec Iron Maiden.
Up The Irons !
Setlist :
UFO – Doctor Doctor (intro tape)
Satellite 15... The Final Frontier
El Dorado
2 Minutes to Midnight
The Talisman
Coming Home
Dance of Death
The Trooper
The Wicker Man
Blood Brothers
When the Wild Wind Blows
The Evil That Men Do
Fear of the Dark
Iron Maiden
Rappel :
The Number of the Beast
Hallowed Be Thy Name
Running Free
Monty Pythons - Always Look on the Bright Side of Life (outro tape)
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Photos : © 2011 Nidhal Marzouk / Yog Photography
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