Le parcours professionnel des musiciens n’est pas simple, pour certains cela peut passer de sommets à l’oubli total sans possibilité de retour en arrière.
Pour d’autres c’est une vrai rédemption, un parcours du combattant semé d’embuches et dans le rock les embuches sont divers et variés : les managers véreux, les drogues, l’alcool, les maisons de disques voleuses, la folie, le suicide…
Comme on le voit dans le documentaire Last Days Here, la rédemption de Bobby Liebling et par conséquent de Pentagram aurait pu aussi bien s’appeler Retour de l’Enfer après y avoir séjourné de nombreuses années. A n’en pas douter le chanteur a dû le voir le fameux couloir tout blanc…
A l’instar de Black Sabbath mais de l’autre côté de l’Atlantique, Pentagram est lui aussi l’un des pionniers du doom. Mais il était tout de même beaucoup plus underground que le groupe anglais et n’a pas connu la fièvre du succès au tout début, pour tomber ensuite rapidement dans l’oublie et passé dans l’ombre de leurs congénères.
Heureusement qu’un jour un ange bienveillant s’est penché sur le berceau des plus crasseux pour gratter avec ses ongles une couche noircie et poussiéreuse oubliée par le temps. Et c’est ce que va faire Sean « Pellet » Pelletier en aidant Liebbing à combattre ses démons, faire revenir Victor Griffin, pousser le groupe à se remettre au travail, les encourager à faire des concerts et sortir Last Rites en 2011. La résurrection était entamée…
Depuis leur retour sur les planches on ne peut pas dire que les américains se la coulent douce. Griffin de retour auprès de Bobby c’est des tournées mondiales, des festivals avec des prestations des plus brillantes et un nouveau disque Curious Volume sorti chez Peaceville Records.
Ce nouvel album a été enregistré dans le Maryland et en Virginie avec le suédois Mattias Nilsson mais aussi dans le Tennessee soutenu par Travis Wyrick, déjà responsable du son du précédent album Last Rites. L'artwork est signé Richard Schouten du groupe de death metal hollandais Acrostichon.
L’entame de l’album est jouissive et ça démarre pied au plancher avec « Lay Down And Die » qui possède ce côté old school. Il y a du groove là-dedans ! La voix s’emballe, elle nous rend dingue.
« The Tempter Push » et jolie mélodie bien vintage, ça sent les pat’ def et la fumé. La réverb’ sur la ligne vocale nous le prouve ; ça ronronne bien, c’est cosy on est dans un cocon bien douillet.
Les solos gracieux se vautrent dans la luxure auditive pendant que la section rythmique de du bassiste Greg Turley et du batteur Pete Campbell font le gros boulot de structurer les fondations doomesques.
Avec « Dead Bury Dead », l’esprit de Sabbath n’est pas loin, le riff englue les doigts de Griffin. Mais la petite mélodie pousse encore plus loin dans l’esprit 70’s. Tout comme « Close The Casket » possédant un son sublime nous délivrant un break planant de toute beauté. Sans parler de « Devil`s Playground » à la fin duquel on entend la phrase « My mind was blind but now I see » nous faisant de suite penser à « My eyes are blind but I can see » de « Snowblind » ; ou encore la voix de Bobby qui flirte avec celle du Madman des grands jours avec « Because I Made It ».
A la fois baignée dans le passé Pentagram sait aussi se projeter vers des sonorités plus modernes dans un stoner doom bien relevé avec « Earth Flight » ou avec « Walk Alone » assez Kyussien dans son esprit ou « Misunderstood » et son tempo rapide doté d’un esprit punk à fond les ballons. Même la voix y est difficilement reconnaissable.
Le titre « Curious Volume » est très calme, voir intimiste, on en imaginerait un Bobby rampant vers le next whiskey bar.
Tout au long de l’album Liebling chante divinement bien comme rarement il l’avait fait depuis des décennies sur un album très varié !
Lionel / Born 666