Le talent éternel
Loin des tumultes du passé, Stratovarius continue de tailler la route et de montrer qu'il est encore plein d'inspiration. Preuve en est faite avec Eternal, 16e album du groupe qui, tout en étant différent de son prédecesseur, est le fruit d'un savoir-faire couplé avec une énergie créative toujours aussi flamboyante. En variant leur propos et en ficelant leurs compos comme il faut, les Finlandais restent parfaitement dans la course.
Comment se renouveler après 15 albums ? La question mérite d'être posée, notamment quand on sait que peu de groupes arrivent à réussir cet exercice. Pour Stratovarius, répondre que la seule raison est les changements de line-up est trop simple. Certes, plus aucun membre présent dans les trois premiers albums du groupe n'a survécu aux divers changements de personnel, mais le talent subiste.
Le groupe sort donc ici Eternal, nouvel album fort de dix chansons variées et puissantes. Si Nemesis, le disque précédent, virait vers le modernisme, les cinq musiciens ont ici décidé de nuancer l'ensemble en revenant sur certains titres à un power metal plus classique. C'est le cas dès le titre d'ouverture, "My Eternal Dream", qui, à grands renforts de claviers grandiloquents, commence les hostilités sous les meilleurs auspices.
On pourrait alors penser que Stratovarius regarde en arrière et tente de refaire Infinite. Il n'en est rien, la période Tolkki n'est pas oubliée, mais le groupe varie le propos. On a donc droit à un soupçon de guitare acoustique sur le mid-tempo moderne "Lost Without A Trace", des lignes vocales épiques sur "Man in the Mirror" et, comme toujours, du sucre à doses déraisonnables sur la ballade "Fire in Your Eyes". Avec une répartition plus équitable entre chaque membre du groupe pour la composition, le propos est donc varié et chaque titre possède son identité. Ils se permettent même de revenir aux longues pièces épiques, avec "Lost Saga", bien ficelée.
Le talent est toujours aussi présent dans les instruments. L'équilibre mélodique est parfait entre la guitare Mattias Kupiainen et le clavier de Jens Johannson, qui restent reconnaissables sans être putassiers. La basse de Lauri Porra est mise quand les compos le demandent, notamment "In my Line of Work". Quant au batteur Rolf Pilve, il s'éclate avec toujours autant de précision que sur Nemesis.
Timo Kotipelto arrive toujours à porter les compos de Stratovarius avec talent, en sachant mettre le paquet dans les aigus qui font partie de sa signature vocale, aidé par des choeurs toujours aussi grandiloquants, mais sait aussi nuancer le propos. Les rageux diront maniérés, les vrais diront maîtrisé.
Avec un album comme Eternal, Stratovarius continue sur sa ligne directrice, varie le propos quand il le faut, insuffle suffisamment de nouveautés pour tenir le fan en haleine, sans jamais le perdre en s'égarant dans des expérimentations absconses. Le résultat est toujours aussi plaisant et promet de grands moments sur scène.