Formé en 2006 sous le nom de LAI LAI HEI (une chanson du groupe Ensiferum), Brymir a depuis (déjà) grandi et nous propose en cette année 2011 son premier album studio intitulé Breathe Fire to the Sun (paru en avril chez Spinefarm Records). Très finlandais tout cela, me diriez-vous... Eh bien vous tombez à pic, car cette formation nous vient du grand nord européen, proposant comme son (premier) nom l'indique un pagan metal à la fois épique et teinté de death, folk ou autres éléments black.
La totale pour ravir les fans du genre, tout étant ici réuni pour offrir à la Finlande un nouveau successeur aux Ensiferum, Turisas et Wintersun. C'est exactement de ce côté-là qu'il faudra en effet chercher, d'autant plus que la production est clairement au rendez-vous. Une habitude chez les "nouveaux" groupes du style, prenez les deux premiers brûlots de Crimfall par exemple et vous comprendrez...
Outre le pagan folk épique, nous naviguons jamais trop loin d'une approche globalement symphonique. Et ce n'est pas l'introduction très sobrement intitulée "Intro" qui nous contredira sur ce point. Très vite, on peut avoir l'impression d'être lancé en pleine BO du Seigneur des Anneaux, la majesté monte peu à peu et s'installe au fil de samples plus vrais que nature. Comme quoi la technique ne cesse de progresser et permet désormais aux groupes les plus "underground" de bénéficier d'un son bien léché et d'une production aérée. Peut-être un poil trop par moments, il faut l'avouer, ainsi le premier morceau "Unconquerable" met un peu de temps à monter et manque peut-être d'une puissance certaine pour un début de disque... Après tout, s'agit-il peut-être là d'un choix volontaire, d'autant plus qu'un côté plus extrême s'installe sur la plupart des autres pistes.
La qualité des arrangements et leur variété sait nous entraîner dans un voyage certain tout au long de l'opus, Tuomas Holopainen (Nightwish) semble avoir fait des petits et il parait clair que Brymir a su ici s'inspirer de toute la scène symphonique locale avant même d'incorporer sa touche pagan/folk. "In Silence" aurait parfaitement eu sa place sur le From Afar d'Ensiferum, "A Free Man's Path" (et ses cavalcades bienvenues) sur un éventuel nouvel album de Wintersun (allez Jari, bouge-toi un peu !), et on en passe... Chaque morceau pourrait être ainsi déroulé et décrit par rapport à d'autres groupes, même si on ressent vite une ébauche de "touche Brymir".
Difficile donc d'élargir le travail de ces jeunes gens au-delà de leurs influences nombreuses mais fort heureusement bien digérées. La voix, d'un death caverneux variable entre Petri Lindroos (Ensiferum, ex-Norther), Jari Maënpää (Wintersun, ex-Ensiferum) ou Johan Hegg (Amon Amarth), ou d'un épique éraillé pour les passages en chant clair, restitue bien l'énergie et l'atmosphère générale accompagnée d'un choeur adéquat. Un côté black se pare de certains passages et annoncent parfois un Dimmu Borgir grande époque, "Burning Within" exprimant bien ce côté plus malsain mais toujours grandiloquent, Emperor semblant également passer par-là au niveau de la signature.
Le titre dernier nommé est donc probablement la piste la plus réussie (mélanger Ensiferum/Wintersun et ce côté Emperor/Dimmu : encore fallait-il oser le faire et bien le faire !) d'un opus globalement assez constant dans sa qualité, pas loin de certaines transcendances par instants (un "Withering Past" totalement improbable et parfois un poil "too much") mais qui manque encore de certaines références palpables et directement imprimables en tête (certains refrains, comme sur "Cycle of Flame" ou le grand final éponyme par exemple, auraient mérité un travail mélodique plus poussé).
En conclusion, Brymir semble un peu reprendre là où Turisas s'était arrêté avec The Varangian Way (avant un Stand Up and Fight proposé cette année plus typé "stadium rock/comédie musicale"). On ne peut donc pas se plaindre et se réjouir d'un résultat aussi racé, à la fois humble et peaufiné, certes manquant encore de maturité et de personnalité mais déjà fort prometteur.
Note réelle : 7.5/10
