DONG OPEN AIR 2011
14-16 juillet 2011 à Neukirchen-Vluyn, Allemagne
Têtes d'affiche annoncées :
OVERKILL
EVILE
DEW SCENTED
HATESPHERE
ICED EARTH
Plutôt que de rester tranquillement à la maison et regarder le défilé du 14 juillet à la télévision, j'ai préféré aller rendre une petite visite à nos voisins allemands pour le Dong Open Air, un microscopique festival metal qui se déroule en Allemagne, à Neukirchen-Vluyn, près de Essen, donc pas très loin de nos frontières.
Vous allez me demander ce que je suis allée fiche si loin de chez moi ? (J'ai quand même eu 8 heures de route à l'aller sans compter les pauses clope). Et bien je vais vous soumettre plusieurs arguments convaincants.
D'abord, j'aime les expériences nouvelles. Alors à ce propos, croyez moi, celle-ci en valait le coup et j'attends déjà la prochaine édition. Nouveaux groupes, et surtout nouvelles mentalités. (Les Allemands ont tendance à être très décontractés).
Aussi, j'ai vraiment souhaité me replonger dans un petit festival (le Dong Open Air ne comporte qu'une scène), comme à l'heure des premiers Hellfest, ou d'un festival comme l'excellent Motocultor, où vous devriez courir si vous voulez passer un des meilleurs week-ends de votre vie.
Enfin, une pinte de bonne bière allemande à 1,50 € ça ne se refuse sous aucun prétexte. Cuite garantie.
Sans plus attendre je voudrais vous présenter ce festival unique en son genre, son ambiance, ses dessous, et bien sûr tous les live reports qui vous feront peut être découvrir des groupes que moi j'ai trouvé géniaux.
Alors tout d'abord en termes de programme, le festival se présentait comme suit :
Jeudi:
18:00 - Crosshead (DE, Thrash)
19:05 - Shraphead (NOR, Heavy Rock)
20:10 - Bloodwork (DE, Melodic Death)
21:15 - Motorjesus (DE, Heavy Rock)
22:20 - Evile (UK, Thrash)
00:00 After-Show
Vendredi:
11:45 - Harasai (DE, Melodic Death)
12:45 - Past M.D. (DE, Hard Rock)
13:45 - Ichor (DE, Death)
14:50 - Contradiction (DE, Thrash)
15:55 - Vogelfrey (DE, Folk Metal)
17:00 - Virgin Snatch (PL, Thrash)
18:05 - Balfor (UKR, Black Metal)
19:10 - Artas (AUT, Thrash)
20:15 - Hackneyed (DE, Death)
22:00 - Iced Earth (USA, Power Metal)
00:00 - Ranz Böllner (DE, Heavy Metal)
Samedi:
11:45 - Shellycoat (DE, Punkrock)
12:50 - Symbolic (DE, Melodic Death)
13:55 - Red Circuit (DE, Power Metal)
15:00 - Canopy (SWE, Melodic Death)
16:05 - Vulture Industries (NOR, Avant-Garde Black)
17:10 - The Rotted (UK, Death / Grind)
18:15 - Orden Ogan (DE, Power Metal)
19:20 - Dew Scented (DE, Thrash)
20:25 - Hatesphere (DK, Death/Thrash)
00:00 - Overkill (USA, Thrash)
02:00 - After-Show
Mais tout ça se mérite !!
Déjà à l'arrivée, je m'aperçois que le Dong Open Air n'est indiqué nulle part, donc il faut user de son cerveau pour se repérer sur la fin. Mais comme je savais que ça se passe sur une colline, je me suis dépatouillée et me voilà au parking. Alors arrivés à l'entrée, un conseil, NÉGOCIEZ pour remonter un peu avec la voiture sinon vous allez vous retrouver avec la tente sur les bras et tout le bazar à remonter le long de la colline sur à peu près 3 ou 4 km. Sous la pluie. Bref.
Alors quand vous êtes là haut autant vous dire que l'envie de se réchauffer est immédiate et l'on vous indique déjà la direction du bar.
Ce n'est donc pas sans raison que ce festival est sold-out 16 minutes après la mise en ligne des tickets, et ce dès le mois de mars ! Il faut donc bien surveiller le site internet du festival pour se tenir au courant. Sinon il vous reste l'option forum que j'ai personnellement utilisé pour me procurer deux places.
Pourquoi une telle frénésie ? Et bien parce que le festival est à taille humaine, une seule scène, à peu près 2000 personnes présentes. Certaines n'ont même pas de bracelets et passent la plupart de leur temps sur le camping.
Il est inavouable de vous dire pourquoi je n'ai pas assisté à tous les concerts... Voici un aperçu dong...
HARASAI
Le vendredi à 11h45 c'est à Harasai d'entrer en scène. Le soleil n'est pas encore tout à fait au rendez-vous, heureusement que les concerts se déroulent sous une tonnelle. Harasai est un groupe de Death Metal régional, de la Ruhr allemande, et comporte des individus très différents. Ils viennent faire la promotion de leur premier album, The I-conception dont ils jouent trois morceaux. Ils ont eu le plaisir de m'accorder une interview qui sera publiée bientôt donc je ne vais pas m'étendre sur le sujet. Et là je tombe des nues. La tonnelle est remplie à 11h45 pour ce petit groupe local, j'imagine que les rythmes mid-tempo de Harasai sont le meilleur moyen de se réveiller et secouer la tête...aille...pas trop vite...
CONTRADICTION
Un peu plus tard c'est à Contradiction de faire son entrée sur scène.
Et alors là c'est la claque la plus monumentale de ce week end ! Ce groupe est incroyable !
Communicatif sur scène, à fond dès le premier morceau, le Thrash de Contradiction vous prend aux tripes dès les premières notes. Contradiction existe depuis 1989, le groupe est bien connu à l'étranger, en Allemagne, Portugal, Grande-Bretagne, Russie, etc., et partout où ils vont ces quatre bêtes de scène ont laissé une empreinte conséquente. Très réputé pour ses prestations live, le groupe a été invité à jouer au Wacken en 2005. En tout cas l'histoire du groupe est longue et c'est dans une interview qu'ils vont vous expliquer pourquoi il n'a pas encore acquis une célébrité suffisante en France. La set list est très bien pensée, les morceaux très speed se mélangent aux titres plus mélodieux et la sauce prend tout de suite. Le chanteur guitariste a une énergie incroyable, une voix un peu cassée mais qui colle bien au genre. Le batteur est toujours en place, il sait parfaitement comment cadencer les riffs les plus lourds... D'ailleurs la moitié de la salle est à ras du sol !!!
Ensuite, le batteur se lève de derrière son instrument pour nous secouer encore un peu plus.
Des morceaux comme « Your God », « Demon », « For the light » me donnent une claque définitive.
Mais c'est surtout le bassiste qui est possédé. Regardez plutôt. Il ne tient pas en place et s'adresse à la foule régulièrement. Ses mimiques du visage n'en finissent plus, sans parler de sa manière très élégante de jouer de la basse et de se faire du bien en même temps...
Sur le dernier titre joué, « The voice of Hatred », hyper rapide, c'est en mode essorage que je finis ce concert, et le combo semble bien content de nous avoir donné autant de fun.
Depuis quelque temps le Thrash revient en force, cela va sans dire ; et le succès des Sonisphere, la présence des groupes comme Coroner et Kreator au Hellfest prouvent que le Thrash est loin d'avoir rendu les armes. Contradiction l'a prouvé une fois de plus, ici, au Dong.
http://www.contradiction.de/
http://www.myspace.com/contradictionmetal
VOGELFREY
Bon, que dire de plus sinon que Vogelfrey, un autre groupe teutonique qui joue juste derrière ne me fait pas la même impression. Ce n'est pas tant le style pagan qui est un frein, mais plutôt le contenu musical un peu léger. La batterie est monotone et le groupe ne sonne pas très pro. De plus, il me semble reconnaître le riff de Smooth Criminal de Michael Jackson... ah oui c'es bien ce riff là que j'entends !
Néanmoins il y a quelques accélérations bien sympa, le violoncelle superbe de Johanna et les passages narrés en allemand donnent au combo un côté exotique.
Heureusement que Vogelfrey a déjà de nombreux fans, car dans la salle c'est la frénésie ! Je comprends alors tout le sens du mot « être immergé dans une autre culture ». Le groupe est tellement dedans et souriant, que du coup les allemands dansent, chantent en choeur, et font la chenille. Dans ces moments-là on hallucine et on arrête de réfléchir. Franchement, j'ai apprécié le côté très décontracté des allemands et l'accueil qu'ils ont donné au groupe a dépassé toutes mes espérances. Probablement aussi celles du groupe...
Vogelfrey a seulement un album à son actif, intitulé Wiegenfest. Du coup on a droit à « Feenfleisch », sur lequel il y a de superbes échanges entre le violoncelle et les guitares, mais aussi «Belsazar»...
Les fans de pagan ne peuvent pas passer à côté de ce groupe frais, à découvrir.
http://www.myspace.com/vogelfrey
VIRGIN SNATCH
17 heures. Virgin Snatch entre en scène. Les polonais originaires de Cracovie jouent un Thrash vitaminé, mélangeant riffs rapides et passages presque mélo aux voix claires bien maîtrisées.
Cela fait du bien de voir du sang frais, surtout que Zielony se rue dans la foule pour pogoter un petit coup, et Jacko aux percussions est tout simplement impressionnant. Une fois de plus, le public est conquis par les titres joués, notamment extraits de leur dernier album, Act of Grace.
Actuellement le combo travaille sur un nouveau projet, qui s'intitulera Let's play by the Rulez.
BALFOR
La barre a été franchement très haute avec Virgin Snatch, et dans tout ça Balfor se demande bien comment il pourra faire passer son Black Metal pris au sérieux aux joyeux allemands qui commencent déjà à être bien imbibés. Il faut dire que le Black Metal est sous représenté au Festival, et c'est vraiment le Thrash, le Pagan, et le Death qui en font les recettes. Mais Balfor jouit d'une excellente réputation et je m'attends à un show tout de même remarquable.
Et en effet, là où le son sur d'autres formations a été trop chargé d'éléments non indispensables comme la ribambelle de micros et des réglages mal pensés, nuisant ainsi fortement à la qualité du son, Balfor jouit d'un son exceptionnel. Le son des guitares est si bien réglé qu'il envoûte (presque un peu trop) la salle. Thorgeir est concentré et scrute la salle, un peu molle pour ce concert remarquable. Sa voix claire est absolument sublime et ses chants criés parfaitement maîtisés.
Du coup les Ukrainiens en remettent une couche et exécuteront le show froidement jusqu'au bout.
http://www.myspace.com/balforhorde
ARTAS
Dans ma naïveté je me laisse convaincre d'aller voir un groupe de Jeun's, appelé Artas, parce que les allemands me disent que c'est « génial ». Les petits gars apparaissent encapuchés, en baskets et masqués sur scène où l'on peut apercevoir des panneaux de murs défréchis en transparence. On se croirait dans le film « Esprits rebelles » avec la belle Michelle Pfeiffer et pour cause, pendant le concert Artas nous sert une reprise metal géniale de Coolio, « Gangsta's Paradise » sur laquelle, autant vous dire, j'ai rappé.
http://www.myspace.com/artasmetal
ICED EARTH
Haaaaaaa.... là on arrive au clou de la soirée !
Iced Earth a annoncé qu'ils allaient faire quelques apparitions à des festivals, comme le Graspop, le Dong et le Wacken, entre deux enregistrements studio de leur nouvel opus, Dystopia.
Sous une tonnelle bondée, Iced Earth va répandre de la chaleur à tous ceux qui sont présents. La surprise c'est Matt Barlow qui est là, alors qu'il avait annoncé son départ en mars 2011. Matt est en pleine forme, sa voix est au rendez vous, le show est sublime. Que l'on aime ou pas écouter Iced Earth sur les albums, il est clair que le groupe comporte des bêtes de scène, comme son fondateur, Jon Schaffer.
Bien que le concert rencontre des soucis de son, car une fois de plus il souffre d'une trop grande saturation, les musiciens rattrapent largement le coup et le public semble s'en foutre un peu en fait...
Les bras levés, on assiste à « My own saviour », « I died for you », « Watching over me », et bien sûr « Iced Earth ».
Un moment inoubliable que vous pourrez peut être revivre au Wacken !
CANOPY
Canopy commence les hostilités le lendemain, vers 15 heures. Moi je commence ma journée.
Et là j'ai ce sentiment presque orgasmique d'avoir trouvé une mine de diamants ! Ce groupe me sert un Death très technique, mélodieux, avec une voix gutturale très agréable, qui donne de la consistence et de la profondeur aux compositions.
A trois guitares le pari d'avoir un rendu son irréprochable n'était pas évident, mais croyez moi qu'avec tout le travail réalisé derrière, je me régale. Les guitares sonnent parfaitement bien ensemble et se complètent aussi à merveille.
Les riffs et mélodies des morceaux comme « Inward Burst » me mettent littéralement à genoux.
« Menhir », morceau très posé, qui est aussi le titre de leur nouvel album, démontre tout le professionalisme du groupe.
Le public accroche rapidement, devant les accélérations de certains autres titres que je connais encore très mal...
Je me rue en backstage pour les connaître davantage et résultat des courses, j'aurai le plaisir de les avoir en interview... et croyez moi ce n'est pas sans raison.
Sans exagérer, j'ai eu le sentiment aujourd'hui d'avoir vu jouer un des plus grands groupes. Un Opeth à ses heures les plus glorieuses, un Morbid Angel ... également.
Quoi qu'il en soit, il faut vraiment courir acheter leur disque car c'est un groupe au potentiel énorme.
Setlist :
Decipher
Firmament II
Menhir
The Entire City
Inward Burst
Common Walls
The Lie That You Once Told
VULTURE INDUSTRIES
En ce samedi je ne cesse de tarir d'éloges à propos des groupes présents. Vulture Industries n'échappera pas à la règle. Sans conteste le meilleur concert qu'il m'ait été donné de voir au Festival.
Le groupe donne une fois de plus le meilleur de lui même. A chacune de leurs apparitions, les vautours dévastent tout sur leur passage, ne laissant que des carcasses de fans sucées jusqu'à la moelle, et quelques survivants aux visages pantois, conquis par leur Metal Avant garde, leur prestation théatrale, et leur univers décalé.
Pour moi, c'est chaque fois une décharge d'émotions.
Les norvégiens de Bergen ont débarqué sur la colline du Dong et commencent les hostilités avec «Race for the Gallows», titre qui introduit leur dernier chef d'oeuvre The Malefactor's Bloody Register. Et là le public se met immédiatement dedans. Certains accompagnent le vocaliste, Bjørnar E. Nilsen dans la narration des exécutions, molestations, humiliations... qui composent si bien la nature humaine.
Dès le premier morceau, le décor est planté, les musiciens apparaissant en tenues de bagnards, pieds nus et communiquent visuellement avec le public.
Sur «Hangman 's Hatch», le chanteur s'attache à une corde et passe l'autre extrémité à un membre du public, libre de lui rompre la nuque.
Abstraction faite de la prestation visuelle, c'est le talent des musiciens qui est à mettre en avant. Les notes uniques de Vulture Industries se prêtent à des interprétations diverses sur scène et, à chaque fois, c'est une autre manière de jouer que je vois...
Les deux guitaristes influencés par le Black Metal ne lésinent pas sur les riffs, et contrastent avec le très serein bassiste Kyrre. Seul petit bémol, le son de la basse n'est pas très bien réglé et résonne dans le haut parleur.
Incrustations de sons électroniques vieillots, instruments classiques, tics-tacs d'horloges et grincements... font le charme de toutes leurs compositions.
Vulture Industries domine la scène et Bjørnar, qui mélange toujours à la perfection voix criées et voix claires, fait les cent pas, se gamelle, se relève avec le sourire et se contorsionne sur des titres comme « A Path of Infamy » et « The benevolent Pawn » qu'ils n'ont pas joué depuis des lustres.
L'effervescence est à son apogée sur le titre « Grim Apparitions ». Bjørnar se laisse complètement envahir par ses émotions, la sueur coule sur son front et il semble ne jamais ouvrir les yeux. Dans une torsion de douleur, il est maintenant tyrannisé par ses démons, et au final il ne reste que des miettes de son âme sur la place publique. Ses bourreaux ne peuvent que s'incliner devant la voix profonde et émue de Bjørnar.
Moi, je décide de me remettre de ce spectacle magnifique devant les Anglais de The Rotted.
http://www.myspace.com/vultureindustries
THE ROTTED
Il y a visiblement des gus qui n'attendaient que ce moment, car dès l'apparition de The Rotted vingt minutes plus tard, il se forme un pogo assez cru auquel j'hésite vraiment à me risquer. Ces bourrins Anglais de The Rotted exécutent leurs morceaux Death-Grind avec un sourire diabolique et nous font un lavage de cerveau en moins de deux avec des titres comme « Nothing but a nosebleed » ou encore « The Iron fist ». Une prestation qui me fera comprendre que j'ai franchement perdu la guerre face aux allemands déchaînés.
http://www.myspace.com/therotted
EPILOGUE :
Bref, un festival qu'il faut au moins avoir fait une fois dans sa vie, parce que le luxe, c'est l'espace et la bière. La tente discothèque restera toujours dans mes souvenirs, entre Michael Jackson et le titre « Ich bin Alkoholiker » qui m'a permis d'apprendre l'Allemand. Merci aux organisateurs qui m'ont permis de réaliser ce reportage, et aux barmens grâce à qui j'ai raté Overkill. Allez quelques photos d'ambiance pour vous en espérant vous y voir l'an prochain !
Katarz