Pryde – Absence of Light

C'est fou, en y réfléchissant, le nombre de groupes de metal que l'on peut compter en France, et surtout, constater que dans ces formations, une partie d'entre elles ont vraiment le talent nécessaire pour s'imposer hors de notre contrée. Est-ce le cas de Pryde, groupe officiant dans le heavy progressif, et nous provenant de la ville de Marseille ? Pour ceux qui ne connaîtraient pas ce jeune groupe, les français ont livrés il y a peu une première galette nommée Absence of Light, une auto-production, ce qui permet un premier contact avec les musiciens, au travers de la musique ? Potentiel grand de la scène ou non ? C'est ce que nous allons découvrir.

La première constatation à l'écoute de ce premier jet, c'est qu'on se retrouve en terrain déjà bien connu. Pas de chamboulement du style, respect des règles et des codes établis, l'originalité n'est pas le point fort des marseillais (enfin, pour faire dans l'original en ce moment, c'est difficile, on ne sera donc pas regardant). Cependant, Pryde est consciencieux et reprend les choses bien. On retrouvera donc sans réelle surprise des riffs puissants, taillés pour le genre, qui démontrent la très bonne technique des musiciens, qui s'en servent pour renforcer un édifice qui, avouons-le, est loin d'être fragile. L'ensemble est vraiment cohérent, professionnel, et on est loin d'un quelconque amateurisme malgré qu'il s'agisse ici du premier effort des français. L'autre instrument qui se fera remarquer, c'est le clavier, dont l'utilisation est vraiment très intéressante, car sans être omniprésent ni agaçant, il garde une réelle place, et est souvent mis à contribution pour instaurer l'atmosphère qui se développe de bout en bout, là encore donnant encore ce sentiment d'uniformité et de ligne conductrice. On est dans des teintes très sombres, où la tristesse semble régner, dans un univers que ne renierait pas un combo comme Evergrey, qui semble être une influence dominante pour le combo. En effet, que ce soit dans le genre pratiqué, dans les incursions progressives ou par l'usage des différents composants, il est difficile pour le spectre des suédois d'aller hanter d'autres limbes. Est-ce dérangeant pour autant ? Pas du tout, et peut-être même détient-on notre futur Evergrey français, le tout étant encore de pouvoir gagner en personnalité et de s'en démarquer définitivement pour se tailler une vraie place.

Là où Pryde est moins excusable, c'est sur le manque d'énergie dont est affublé le brûlot. Les rythmiques sont parfois un peu mollassonnes, et même si l'ennui n'est pas toujours de propos, on peut néanmoins sentir une véritable lassitude. Peut-être l'album aurait gagné en puissance si les guitares étaient plus incisives et plus en avant, mais on peut heureusement toujours compter sur les superbes solos qui parsèment l'oeuvre de temps à autre, avec même l'un provenant de Tyler du groupe Alive Inc., présent en tant qu'invité, judicieusement utilisé. L'autre point noir pour les marseillais, c'est les ballades, qui sont présentes en trop grand nombre, et, qui plus est, n'apportent absolument rien, si ce n'est bâillements et envie de passer à la piste suivante. Et bien que le chanteur n'ai aucun problème pour donner dans l'émotion et tirer ces titres vers le haut, rien à faire, on peine à trouver le moindre intérêt à ces moments de creux, voir de vide. Quel dommage lorsqu'on sait ce que le combo est capable de faire et d'apporter en créativité avec son talent. Au moins, on peut compter sur quelques autres titres pour combler ces échecs et apprécier ce que le quintette (désormais à six membres) nous offre, avec des tubes en puissance qui, une fois joués sur scène, doivent produire un effet de boeuf. De plus, la production est loin d'être médiocre, le son est clair et colle parfaitement au brûlot. De ce côté, pas de doute, la formation semble avoir mis les petits plats dans les grands.

Quant au chanteur Val Caetano, il est sans aucun doute l'un des points forts du groupe, disposant d'un timbre très agréable et d'une versatilité agréable. Petite réserve en ce qui concerne les montées dans les plus hautes sphères vocales de ce dernier : elles ne semblent pas encore très à la hauteur et un peu de travail devra être accompli sur ce point, mais ce n'est qu'une légère ombre sur un tableau qui semble bien lumineux, car le frontman, outre sa belle voix, est aussi doué de la transmission d'émotions à l'auditeur. Même si les ballades semblent assoupissantes, elles sont ainsi partiellement sauvées, et ont l'avantage de pouvoir nous faire profiter de la qualité du chanteur dans ce domaine. Et même s'il ne se hisse pas (encore) au niveau d'un Tom Englund, nul doute que cela puisse arriver un jour ou l'autre, qui sait.

Il ne faut pas longtemps avant de remarquer les pistes qui sautent aux oreilles immédiatement, celles qui demandent un peu plus d'attention pour être appréciées et les dernières, qui ne présentent qu'un intérêt minime (voir aucun, pour les plus mauvaises langues). Et pointons du doigt les fameuses ballades, qui, la prochaine fois, auront sérieusement besoin d'un petit quelque chose qui puisse faire la différence au lieu de jouer sur le cliché qui vise à faire pleurer les minettes. La sauce ne prend pas une seule seconde, et leur nombre étant trop important (« What I Have Done », « Waiting For », « Forsaken Hope »), on aimerait qu'elles soient réduites. Et, qui plus est, l'une est placée à la fin de l'offrande, du coup, on repart sur sa … faim. Mais « Purgatory » est tout de suite là pour redorer le blason : la piste est excellente, tout simplement, douée d'une folle énergie communicative et d'un refrain à l'épreuve des chocs. Pas aussi efficaces mais prenantes, « Duality » est appréciable bien que classique, avec un beau refrain, et « I Want More » a de sérieux atouts. On prendra plus de temps à s'éprendre de l'éponyme ou de « The Other Side », moins évidentes, demandant plus d'efforts. En clair, un peu de concentration sera demandé pour pouvoir pleinement savourer chaque détail de la galette du Sud.

Pryde ne réinvente pas la roue et manque encore d'identité. Mais le groupe est bon élève et connaît les bases du genre, qu'il applique avec un brio certain, bien que l'on demanderait volontiers plus de fougue et un peu moins de ballades, alignant les clichés et les tics frustrants. Laissons donc aux marseillais le temps de grandir et de gagner un peu d'expérience et de personnalité, et nul doute que le heavy/prog français risque de retenir le nom de Pryde, et qui sait, peut-être même qu'ils réussiront à dépasser les frontières de l'hexagone et à se produire un peu partout en Europe ? C'est vraiment ce que l'on souhaite à ces musiciens ! Absence of Light est donc un essai prometteur, qui pose des bases solides et qui devront encore être consolidées. Ne reste à l'avenir qu'à prendre un peu plus de risques, ajouter un grain de folie et d'inventivité, et le résultat sera là. Allez, on va attendre le prochain au tournant !


 


Site officiel de Pryde

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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