Malgré une journée globalement ensoleillée, c’est la pluie et l’air frais qui accompagnent les fans massés devant la Laiterie en cette fin d’après-midi. L’hiver vient, comme dirait John Snow. Mais pas de quoi décourager grand monde, la date de ce soir affiche complet depuis la veille (comme la date de Paris), et la soirée s’avère prometteuse. L’affiche est alléchante, et la salle permet un show bien plus conséquent par rapport au Trabendo de Paris, on y reviendra.
Xandria
La grande salle de la Laiterie est déjà quasiment pleine (le concert était prévu dans la petite salle à la base) lorsque déboule Xandria. Les musiciens arrivent un par un, slalomant entre les éclairages et les amplis disposés en bordure de scène, prêts à envoyer leur power metal mélodique à chant lyrique. Le groupe nous présente donc "Nightfall" comme premier titre de la soirée, tiré de leur dernier EP en date Fire and Aches.
D’emblée et depuis les premiers rangs, le son est bon (et le sera toute la soirée), mais manque un peu d'attaque. La voix est très en avant, camouflant le reste du groupe mais l’ensemble reste agréable à l’écoute. Sur scène tout se passe bien, Dianne Van Giersbergen (nouvelle chanteuse du combo depuis 2013) semble très à l’aise avec son public. Les nombreux appels à participer sont bien placés, et les garçons, qui ne sont pas en reste, soutiennent leur front-woman avec beaucoup d'énergie.
Pour une première partie, l'environnement de jeu est agréable : beaucoup de place sur scène, deux grilles sur-élevées éclairées par le dessous, light show convaincant, backdrop orné du joli phoenix en feu de leur dernier album, on a connu bien pire. Et visuellement le show tient la route. Musicalement, c'est autre chose.
Les morceaux présentés ce soir tentent l'efficacité à tout prix, mais quelque chose ne prend pas. Entre autre, les rythmiques un peu plates, le manque de renouveau entre les titres, les choeurs d'opéra omniprésents ou le chant lyrique permanent dans le style Nightwish période Tarja de miss Van Giersbergen. Le public reste assez calme dans l'ensemble, réservant un accueil bruyant mais poli (par rapport à ce qui va suivre). Xandria quitte la scène sous des applaudissements nourris, mais aura manqué de convaincre totalement une audience plus tournée vers le heavy conventionnel.
Setlist:
Nightfall
Blood on my Hands
Unenbraced
Stardust
Voyage of the Fallen
Cursed
Valentine
Orden Ogan
Et le voilà le heavy "plus conventionnel" ! Car c’est un accueil triomphal qui est réservé aux Allemands ce soir là, presque à se demander pour qui le public s’est déplacé le plus (de très nombreux t-shirts à l’effigie du groupe sont visibles dans la fosse). Lorsque l’intro épique du dernier album Ravenhead nommée "Orden Ogan" démarre dans une lumière tamisée, les hurlements du public montent de plusieurs crans par rapport à Xandria. Le groupe s’installe tranquillement au milieu d’un backdrop représentant les marécages aux tons verts pâles de leur dernier opus.
Si sur leurs albums certains éprouvent de l’ennui, il faut reconnaître qu’Orden Ogan en live est une toute autre histoire. Les morceaux s’enchaînent et agitent une audience totalement conquise à la cause du quartet germanique, à tel point que les premiers pogos et slams de la soirée ne tardent pas à se former dès les premiers titres. La set-list s’y prête parfaitement, avec des titres heavy et très efficaces dont plus de la moitié tirés du dernier album.
Le leader Sebastian Levermann se montre placide derrière son micro, mais c’est le seul reproche que l’on peut lui faire. Magistral au chant et pendant ses solos, Seb sait se détacher des versions albums de ses compositions pour apporter ce petit quelque chose de plus en live. Les autres musiciens ne sont pas à blâmer non plus, headbanguer et s'approcher au plus près des premiers rangs n'étant pas un problème pour eux. Le son général perd légèrement en puissance par rapport à Xandria (avec des guitares encore un peu plus en arrière), mais reste d’une clarté appréciable pour les voix.
Dans le public, la chaleur commence à se faire sentir. Beaucoup de T-shirts sont tombés et les vigiles distribuent de l’eau aux premiers rangs. Malgré cela l’accueil ne faiblit pas, et c’est une ovation générale qui résonne après chaque morceau. Quelques-uns n’hésiteront pas à entonner un "Happy Birthday" à l’attention de Seb, visiblement surpris et touché par l’attention. Les 45 minutes passent très vite, jusqu'au tube "The Thing We Believe In" repris en chœur par toute la salle. Visiblement heureux et émus, Orden Ogan remercie chaleureusement l'audience, sans oublier la photo finale dos au public.
Setlist:
F.E.V.E.R.
Deaf Among the Blind
We Are Pirates
Ravenhead
The Lords of the Flies
Here At The End Of The World
Sorrow Is Your Tale
The Things We Believe In
Powerwolf
Un immense voile se tient maintenant entre le public et la scène, orné d'un logo aux faux airs d'ancienne croix chrétienne. Le public s’agglutine près des barrières dans une chaleur suffocante, et lorsque les lumières de la salle s'éteignent, la fosse explose. La lumière venant du fond de scène, nos cinq compères apparaissent en ombre chinoise sur la toile, qui tombera dès les premières notes de 'Blessed and Possessed', effet garanti.
Attila Dorn et sa meute nous accueillent fièrement dans leur chapelle hérétique pour une messe que nous ne sommes pas prêts d'oublier. Le groupe est en forme sur tous les plans, se dépense sans compter et sans aucune fausse note. Les jumeaux Greywolf et leur jeu de scène symétrique est énergique et Falk Maria Schlegel descendra plus d'une fois de ses claviers vers l'avant scène pour agiter le public.
L'avantage d'une grande scène (par rapport au Trabendo de Paris): toute la décoration prévue peut être installée, et cela vaut le coup. Le terrain de jeu de nos cinq loups préférés est très travaillé : grande toile décorée telle une église qui enveloppe tout le fond de scène, batterie et claviers sur-élevés, jets de fumée par le bas, lightshow énergique... Le public en prend plein les yeux du début à la fin.
Le son est excellent pour tous les instruments, puissant et clair. Les titres choisis balayent l'ensemble de la discographie du groupe en ne gardant que le meilleur. Peu de temps morts, hormis le sempiternel solo de batterie parfaitement inutile que beaucoup de groupes s'efforcent de conserver. Le nouvel album, représenté par quatre titres, reste très bien accueilli au milieu des classiques, repris en puissance par une salle conquise. "Amen and Attack" et son refrain propice aux hurlements, "Army of the Night" ou le rythme s'accélère, "Werewolves of Armenia" pour se briser la nuque et la voix... L'aspect répétitif qui peut apparaître sur album s'éloigne bien loin en live.
Pogos, slams, hurlements, le public de Strasbourg est en feu ! Difficile de tenir sa place dans une fosse animée comme jamais et relancée en permanence. Quelques pauses sont néanmoins bienvenues, soit lors des interventions d'Attila ou lors de titres au départ lent, et permettent au public de récupérer un peu d'énergie. La chaleur, provoquant quelques malaises dans la foule, se propage également sur scène, à tel point qu'il ne reste quasiment plus de maquillage sur les visages des musiciens à la fin du concert ! Falk Maria nage dans sa chemise, et on imagine à peine la souffrance que doit subir Attila dans son grand manteau... Show must go on !
"We Drink Your Blood" et son éternel jeu de scène (prière, un calice doré, du vin et sûrement un esprit maléfique qui passait par là...) est toujours sympathique à observer, mais annonce tristement la proche fin du set. Heureusement les rappels sont prévus, flammes sur scène et encens compris. Après avoir achevé les derniers indécis avec "Sanctified With Dynamite" ou "All We Need Is Blood", le groupe, visiblement sur les rotules, termine le show par d'infinis remerciements. Les guitaristes terminent de saluer directement devant les barrières pour un bain de foule très apprécié.
Superbe prestation qu'à pu présenter Powerwolf ce soir là. Leurs shows maintenant bien rodés promettent un véritable spectacle à part entière, à la hauteur de ce que peuvent montrer d'autres groupes beaucoup plus prestigieux. Un signe que Powerwolf rentre dans la cours des grands ? Sans aucun doute.
Setlist :
Blessed & Possessed
Coleus Sanctus
Amen & Attack
Cardinal Sin
Army of the Night
Resurrection by Erection
Armata Strigoi
Dead Boys Don't Cry
Werewolves of Armenia
Let There Be Night
In the Name of God (Deus Vult)
We Drink Your Blood
Lupus Dei
Rappel :
Sanctified With Dynamite
Kreuzfeuer
All We Need Is Blood