Rasé de près !
Deux ans après un Thank You for the Demon en demi-teinte et laissant un Mustasch sur une tonalité moins rentre-dedans que par le passé, le quatuor suédois est de retour en ce mois de septembre avec un nouvel opus Testosterone chez Gain Music. Assumant ainsi leur évolution, les scandinaves nous proposent un album plus abouti qui justifie leur choix artistiques.
Si votre serviteur a été déçu par le précédent disque, c'est avant tout par sa proportion à rester le cul entre deux chaises sans aller au bout des choses et sans véritablement lâcher les chevaux. C'est avec une certaine crainte cependant que la première écoute de ce nouvel effort se fait, l'ambiance générale aperçue dans Thank You for the Demon se confirmant ici en laissant donc place à quelques questionnements. Mais ce n'est qu'en y revenant, encore et encore, dans différentes conditions d'écoutes, que ce Testosterone prend tout son sens.
Oui, Mustasch lorgne une nouvelle fois vers ce côté plus rock mainstream, mais les ambiances vont plus loin et les émotions prennent grandement. Dès ce "Yara's Song" introductif au texte grave (certes un peu cliché mais passons), on sent une montée en maturité qui se confirmera plus loin avec "The Rider" qu'un Solstafir n'aurait pas renié même si on reste assez loin de la touche post-rock habituelle des islandais. Mais que dire alors de ce "Dreamers" profondément éthéré qui, même s'il abuse un peu de ce côté pop 80s légèrement suranné, brille de mille feux ? On pardonnera ainsi aisément le petit "Someone" situé vers la fin du disque, assez dispensable si ce n'est pour les amateurs de singles radio, mais il en faut des morceaux comme cela de temps en temps... d'autant plus que celui-ci se veut composé de façon intelligente et avec un texte très travaillé. Mustasch gagne donc ici en profondeur sur ses moments posés, aux arrangements plus fins, aux choeurs souvent majestueux (l'ajout d'un chant féminin sur "The Rider" faisant par exemple son effet sur les nappes d'instruments à cordes).
Pour autant, nos suédois ne délaissent pas les burnes, titre de l'album oblige même si celui-ci peut s'avérer trompeur et parfois ironique. Si "Be Like a Man" reste malgré tout soft dans le genre, elle sort quand même ses bonnes joutes de gratte et jouit d'une construction parfaite justifiant son choix de single. Si l'influence Muse se ressent ici un peu, ce n'est certainement pas un hasard, même si le passage pseudo dubstep aurait pu être dispensé (mais se fait vite oublier au final). Au niveau des riffs, "Bringing Up with Disaster" s'avère diablement efficace et presque dansante malgré elle, alors que "Down to Earth" se pare de magnifiques arpèges guitares (qui se confirmeront plus tard sur le lead de "Dreamers") qui accompagnent le tout avec grande saveur. "The Hunter" quant à elle se pose en gros morceau de bravoure bien couillu qu'un Gene Simmons aurait pu composer lors de ses joutes viriles dans Kiss, de quoi y mordre à pleine dents. Il n'y a guère qu' "Under the Radar" qui semble plus faible, laissant vite place à un "Testosterone" final bien huilé mélangeant parfaitement les différentes sauces habillant ce disque pour un mets des plus excquis bien que ce titre aurait pu être plus étiré notamment dans son solo.
Pas grand chose à redire donc sur les deux facettes du groupe bien imbriquées tout au long de la galette, même si certains moments paraissent parfois peu inspirés et que l'on sent quelques emprunts musicaux ici et là respirant une certaine facilité. Peu importe au final, Mustasch étant toujours porté à bout de bras par son leader Ralf Gyllenhammar au chant plus que jamais spectaculaire, lui qui semble être aujourd'hui au summum de son talent vocal.
Mustasch réussit donc là où il avait plutôt échoué sur le précédent effort. Désormais, la touche plus pop rock voire aérienne se veut plus affirmée et totalement maîtrisée, mais le côté plus rude qu'on leur connaissait se voit affublé de quelques pépites supplémentaires. Si tout n'est pas encore parfait et que certains passages pourraient être taxés de simplistes voire d'opportunistes par les plus sévères, la bande à Ralf continue son petit bonhomme de chemin en étant de plus en plus incontournable dans le monde européen du rock burné.