Avant de commencer cette chronique, je vais faire quelque chose dont je n'ai pas l'habitude, mais qui semble être approprié ici : un petit coup de gueule personnel. Celui-ci s'adresse au label d'Echoterra, qu'au passage je remercie pour m'avoir envoyé le CD promo du second opus de ces charmants américains et de leur magnifique chanteuse très photogénique. Mais la prochaine fois, il faudra vous mettre en tête que les « voice over » en plein milieu des morceaux, ça vous plombe l'écoute, surtout au moment des refrains, où c'est même carrément frustrant. Mais n'étant pas du genre à me laisser distraite par de telles âneries, je n'en tiendrais pas compte dans le rendu final car, pour ceux qui vont acheter le deuxième album de nos compères d'outre-Atlantique, ceux-ci auront le bonheur de ne pas entendre à chaque piste : « You are listening to Echoterra : land of the midnight sun ». Maintenant place à la chronique !
Déjà, vous devez vraiment vous demander qui sont ces américains d'Echoterra ? Peut-être que vous n'avez auparavant jamais entendu parler d'eux, de nos amis du Minnesota. Et pourtant ils ont quelques membres qui ont un beau CV, ces gens-là, d'un claviériste officiant chez Pyramaze en passent par un guitariste chez Avian , ou encore une chanteuse, bien connue des fans du monde entier, qui fut d'abord chez Aesma Daeva, puis officia sur le brûlot nommé Trinity des autrichiens de Visions of Atlantis, avant de quitter la formation et de revenir dans un groupe de ses terres natales, j'ai nommé Melissa Ferlaak (la première chanteuse n'étant autre que Suvi Virtanen, ayant officié chez Therion. Décidément, on est presque dans le line-up de stars, là). Alors avec de telles expériences, que donne cette nouvelle galette Land of the Midnight Sun, à paraître en Octobre 2011 sur le label Blinding Force Recordings ?
Le premier constat qui s'impose, c'est qu'au niveau musical, Echoterra ne révolutionnera absolument rien dans le metal symphonique, même si l'originalité n'est pas forcément le point le plus attendu dans ce domaine. Seulement, là, malgré le talent de chaque musicien et leur carrière qui semble être plutôt bien remplie, on peut regretter d'observer que malgré tout cela, le groupe américain n'a pas forcément tout pour se démarquer d'une scène déjà bien remplie et qui ne cesse de croître avec la création d'une multitude de nouvelles formations. Et dès les premières notes surgit un défaut de taille, qui enfonce encore un peu plus le groupe : la production de cet album. Un son compressé, étouffé, avec des instruments distants, créant un gloubi-boulga plutôt désagréable (même Casimir ne l'apprécierait pas, c'est dire). Et ce côté va devoir par la suite être vraiment amélioré si le combo veut pouvoir se démarquer, car beaucoup d'autres s'en tirent avec un son bien plus agréable. Là, non, c'est encore insuffisant, mention particulière à la batterie. Et sur le plan composition, on reste plutôt sceptique là encore devant l'effort, avec des passages frôlant la vraie jouissance, intéressants, donnant une réelle profondeur à la musique, qui côtoient malheureusement des moments de platitude déconcertants. C'est bien simple, parfois, on ne sait pas trop sur quel pied danser, on apprécie l'écoute et puis soudain tout retombe, un manque d'accroche assez évident se détecte.
Quel dommage que ce second album soit si bancal, ne réussit pas à captiver comme il aurait pu, car la seconde partie est bien plus profitable que la première, qui manque de pêche, peine à faire rentrer l'auditeur dans l'univers du groupe. Les premières pistes s'enchainent mais les refrains ne font pas mouche, manquant d'une vraie consistance malgré leur rythme soutenu, le côté froid l'emportant alors que « Midnight Sun », à titre d'exemple, aurait pu être une vraie réussite avec une production plus adéquate et une émotion palpable. Pourtant, on tombe dans le cliché, tout sonne mécanique, désespérément fade et sans émotions. Le single « All the Lies » devrait avoir malgré tout des atouts à faire valoir, mais ceux-ci sont irrémédiablement rattrapés par cet aspect dérangeant, et même le solo n'y change rien. La piste est accrocheuse, mais, prise dans l'ensemble, et c'est le cas d'une bonne partie, n'a rien pour se démarquer, tant les structures des titres sont similaires. On sent l'effort de la part d'Echoterra de vouloir bien faire, mais il manque encore ce quelque chose qui va faire toute la différence, et ce n'est pas une vocaliste de renom qui va pouvoir l'apporter entièrement, car si la voix est bien en place, on regrettera que derrière, le niveau ne soit pas forcément le même. Il faut attendre « The Ghost Within My Heart » pour détenir quelque chose d'intéressant, une petite pause, avec un piano qui n'a rien de novateur mais qui brise un peu le tempo, dans le bon sens du terme, évitant un peu de monotonie, et, de plus, le refrain se fait tout en émotion. Et des pistes comme « Unleash the Flood » et son rythme plus martial ou la plus longue « Genes of Isis » se voient revalorisées.
C'est là où intervient la chanteuse Melissa Ferlaak, déjà bien connue et ayant gagnée de nombreux fans et admirateurs durant les quelques années qu'elle a passé dans le groupe Visions of Atlantis. Désormais, moult personnes attendaient la belle au tournant, et elle réussit plutôt bien son épreuve, même si parfois, on reste légèrement pantois. Le registre lyrique sied à merveille à l'américaine qui, dans cette branche, est un ravissement pour les oreilles, même si n'évitant pas les quelques vocalismes inutiles de temps à autre, ce qui n'est pas un problème outre-mesure. Elle s'en tire avec une grande aisance, que de nombreuses autres chanteuses pourraient lui envier. Mais voilà, lorsqu'il s'agit de tirer vers un chant clair, là, le constat n'est plus vraiment le même. Si elle maitrise techniquement ce qu'elle fait, il est difficile d'être enchantés par la belle lorsqu'elle descend dans de telles notes, le résultat étant assez étrange. La jeune femme devrait, sur ce plan-là, affiné le côté émotion dans sa voix, l'avantage de ces modulations étant de briser la linéarité, dissipée désormais, un point que l'on pouvait reprocher à la frontwoman par le passé.
Alors comme ça, le constat peut sembler vraiment négatif et le tableau sombre, mâtiné d'une aura de médiocrité ambiante. Il n'en est rien, et même si Echoterra ne se démarquera pas avec cet essai, quelques points peuvent nous faire espérer le meilleur par la suite, et ce à commencer par le professionnalisme des musiciens, qui manient leurs armes avec dextérité et adresse, et la guitare nous fait d'ailleurs quelques agréables démonstration des capacités de son maître. L'inventivité n'est pas mise aux oubliettes et les éclairs de génie non plus, ce qui fait de « Genes of Isis » un morceau vraiment excellent, adroit, original, bien pensé et trouvé et qui fonctionne dès la première écoute, évitant la linéarité par des variations et une influence progressive plus que flagrante, utilisée à très bon escient. Et puis avec une vocaliste de renom, il fallait se douter que les chances d'obtenir une demoiselle loin d'être une sous-clone de Tarja Turunen étaient éloignées, et s'avèrent donc une fois le disque lancé, les performances de Melissa étant toujours très belles. De plus, les orchestrations, si elles ne sont pas toujours parfaitement audibles dû au son, restent savamment usées. Le clavier ne prend pas une place trop dominante, même en restant très présent.
Au final, c'est un constat mi-figue, mi-raisin. On ne peut dire si ce brûlot est bon, ou s'il ne l'est pas, tout ce que l'on sait, c'est que la navigation, bien que lorgnant sur des côtes connues, rassurantes, est en eau trouble, entre la déception et les bonnes surprises. On plafonne au mieux dans le bon, et l'écoute de ce Land of the Midnight Sun peut se révéler pénible par instants. Même si de bonnes choses subsistent, il va falloir encore de la persévérance à Echoterra pour véritablement se hisser parmi les meilleures formations existantes dans le genre. La route est longue et pleine d'obstacles, mais le talent réuni de chaque musicien devrait aider à les déjouer. Croisons les doigts pour eux, car qui sait, peut-être que le troisième album nous en mettra plein la vue. Et c'est réellement tout ce que l'on peut souhaiter.