Sixx:A.M. ou le projet solo de Nikki Sixx. Qui ça ? Oh, amis incultes au fond de la salle, comment ne pas connaître le bassiste du mythique groupe heavy glam Mötley Crüe ? Ah, vous m'avez bien eu, c'était donc une blague... bien sûr que vous savez qui est le bonhomme. En attendant, ce side project fête cette année ses 4 ans et son deuxième album studio avec un This Is Gonna Hurt sorti en mai dernier chez Eleven Seven Music. Oui, il y a 3 mois déjà, mais il n'est jamais trop tard pour parler d'un bon album sorti dans l'année.
D'autant plus qu'il s'agit là d'un CD sur lequel votre serviteur émettait quelques doutes avant même de l'écouter. Bah ouais quoi, les préjugés ou autres clichés émanant des premiers commentaires ne donnaient pas forcément envie. Mais ceux-ci étant largement contrebalancés par des "this is a masterpiece" lancés à droite à gauche, il fallait bien se faire son avis.
Après une écoute, on reste un peu perplexe mais on se rend très vite compte de la qualité mélodique intrinsèque du brûlot. Certes tout est ici très direct, très simple, mais bougrement efficace. Probablement trop pour ce que cela soit vrai, se dit-on, et indéniablement nous voici amenés à le réécouter sur le tantôt. Evidemment, tout ceci sonne très américain, très calibré, parfois très FM disons-le sans peur. So what? L'émotion et la maîtrise sont au rendez-vous, alors à partir de là...
Ca y est, nous voici piégés par un disque qui a pris le dessus sur nos questionnements intérieurs. Ainsi on opine du chef sur les chansons rythmées et on se laisse bercer par les diverses (trop nombreuses parfois ?) ballades de l'opus, avant d'être achevé par le final "Skin" digne d'une pop song mièvre... la mièvreté en moins ! En cela, Nikki et sa bande réalisent un exploit certain.
Entouré du guitariste DJ Ashba (dans Guns n' Roses depuis 2 ans) et surtout du chanteur-producteur-musicien James Michael (très reconnu dans le métier et qui semble devenir peu à peu une sorte de Desmond Child Junior), le bassiste glamouse nous livre ici un album à la fois raffiné et dégoulinant de sincérité. Soft, très soft même, ultra mainstream sur plusieurs aspects, mais reflétant une volonté de musicalité totale. Sans concession, sans prise de tête.
Les adorateurs du premier opus The Heroin Diaries Soundtrack seront certainement déboussolés voire déçus par l'aspect plus "simpliste calme" de cette nouvelle offrande (si l'on excepte le morceau éponyme d'ouverture bien "in your face" ou le très péchu "Live Forever"), mais il faut dire que le contexte est aujourd'hui bien différent pour un CD au final moins "sombre". Les fans de Mötley Crüe seront très certainement eux aussi quelque peu décontenancés, or le but est ici tout autre et on ne peut pas en vouloir à Nikki de prendre ses distances avec son groupe principal. Sinon à quoi servirait Sixx:A.M. ?
Pour les références musicales et stylistiques, ce disque emprunte les grandes routes du rock/metal américain moderne tout en n'oubliant pas les cousins britanniques et irlandais. Ainsi U2 se voit quelque peu remis au goût du jour sur un "Oh My God" assez aérien, mais c'est surtout Muse que l'on reconnait ici et là - que ce soit dans le chant de James Michael très inspiré Matthew Bellamy ou bien plus encore sur le morceau "Goodbye My Friends" qui sonne clairement comme un Muse couillu que l'ont aurait accouplé avec Andrew W.K. ! Fallait oser n'est-ce pas ? Jusqu'à se risquer quelques rancoeurs éternelles.
Quoiqu'on en dise, les faits semblent bel et bien là, cette nouvelle sortie fera le bonheur de beaucoup. 2010 a eu AB III d'Alter Bridge, 2011 a son This Is Gonna Hurt de Sixx:A.M : ce genre d'album typé "hard rock mou mélodique US" qui tue bien sa race et que l'on aurait presque honte d'aimer. Mais avouons-le, cela ne fait pas de mal parfois de se laisser aller et de reconnaître une qualité artistique à ce genre de productions typées "commerciales", bien que ce mot veuille de moins en moins dire quelque chose...
Note : 8.5/10