"Satani! Satani! In amus dignita!"
Pas de doute, les pamphlétaires loups-garous vampires (tout ça ?) allemands (et son soit disant chanteur roumain, nous y reviendrons) sont de retour ! Tous crocs dehors, Powerwolf nous propose, deux ans après Bible of the Beast, un nouveau brûlot 100% metal mélodique et puissant. Ce Blood of the Saints, toujours aussi coloré et blasphématoire dans son contenu, nous est paru le 1er août 2011 chez Metal Blade Records.
Une nouvelle fois, soyons clairs et précis, les metalleux cherchant nouveauté et originalité peuvent passer leur chemin : voici un nouvel opus qui s'écoute sans réfléchir et où chaque chanson peut se voir anticipée aussi bien au niveau mélodique que rhymtique voire riffique tant les poncifs du genre sont ici usés jusqu'à la corde. Exactement le style de groupe qui sera honni par les proggeux ou autres "extrêmeux", mais qui risque d'être chéri jusqu'à la fin des temps par les nostalgiques du gros heavy power.
Accept, Running Wild, Iron Maiden, Judas Priest... Ces groupes vous disent forcément quelque chose, et pour cause ! Mélangez-les, ajoutez une pincée de Helloween, Edguy, Gamma Ray, Grave Digger voire même Stratovarius, touillez le tout en une bouillie bien visqueuse mais si délicieuse, garnissez le résultat final de quelques colorants cryptico-symphoniques, et vous obtenez Powerwolf. Non, n'ayez pas peur de vous en mettre plein les mains, ici aucune concession ne doit être faite et il ne faut point avoir peur de ressortir "sali" d'une telle écoute. Pour le plaisir de nos oreilles, transformées ici en papilles musicales.
La musique de cette 4ème offrande studio n'évolue donc point, si ce n'est en une production encore plus léchée et, bien sûr, une expérience plus poussée qui fait de chaque compo un hymne potentiel. Tiens, un peu comme sur Bible of the Beast ! Et dire qu'on pensait que le groupe ne pourrait pas faire mieux et allait s'écrouler sur lui-même après un album proche d'une certaine perfection... Eh bien ici les allemands nous feraient presque mentir, même s'il faut avouer qu'on ne peut clairement dire que ce nouveau disque est potentiellement meilleur que le précédent. Il se situerait plutôt dans la lignée, aux qualités égales, un frère jumeau en quelque sorte même si le chanteur Attila Dorn semble ici encore en meilleure forme.
Parlons-en, du chant, et de ses choeurs d'église l'accompagnant plus d'une fois. On tient là LE gros point fort d'un album qui pourra toujours être critiqué par certains pour une inspiration musicale propre un peu moindre (le débat est ouvert, disons que vu le style proposé ce n'est pas le plus important). Ce "prêtre roumain" (ne vous-y trompez pas, c'est pour le folklore, l'ami vocaliste est bel et bien allemand comme ses compères), d'une voix à la fois puissante, coffrée, épique et lyrique, étonne à chaque ligne et prouve un talent désormais indéniable. Certains moments relèvent du génie mélodique, ne serait-ce que le refrain du grandiloquent final "Ira Sancti (When the Saints Are Going Wild)" ou pratiquement tous les autres (de "Dead Boys Don't Cry" à "All We Need Is Blood" en passant par "Die, Die, Crucified" : autant de moments à chanter à pleins poumons).
Alors évidemment, pour le reste, quelques doutes subsistent. En ce qui concerne certains plagiats (ou hommages ?) trop évidents, le groupe en a-t-il conscience ou s'est-il "laisser aller" sans trop se prendre la tête ? Au final cela ne dérange pas trop, mais quelques emprunts restent troublants. Le "Son of a Wolf" est-il une référence au "Son of a Bitch" d'Accept ? Les "stand up and fight" poussés après le refrain de "Die, Die, Crucified" sont-ils un écho au "Stand Tight" de cette même légende teutonne ? Pire, l'introduction (et la mélodie principale) de "Night of the Werewolf" est-il un copié-collé du "Rebellion (The Clans Are Marching)" de Grave Digger ? Sans oublier les riffs à la Maiden ici et là, presque partout même, ajoutés aux rythmiques-solo potentiellement Running Wildiens, et on pourrait certainement encore creuser plus loin... Bon, et si je vous dis que j'ai cru reconnaître "King of Fools" d'Edguy en intro de la sus-nommée "Son of a Wolf" (la moins bonne chanson de l'album au final) ou encore une approximation du refrain de "We Are the Future" de Stratovarius sur le refrain de "Phantom of the Funeral", vous allez penser que le chroniqueur que je suis est devenu fou. Mais ceux qui me connaissent savent que je suis capable de me torturer l'esprit sur quelques embryons de ressemblances, alors...
Whatever comme disent nos cousins américains, l'album est bien là ficelé sous nos yeux pour faire un carton et ne cesser de tourner dans notre tête. Pour les thèmes abordés dans les paroles, rien ne change : satanisme cliché, histoires de vampires ou autres loups-garous, rituels et spiritismes occultes, bref la routine. En ce qui concerne les chansons à retenir... Toutes, ou presque, selon l'humeur. Certaines peuvent il est vrai saouler plus vite que d'autres, comme "Murder at Midnight" ou "Son of a Wolf", d'autres repompent peut-être un poil trop certains hymnes de Bible of the Beast ("All We Need Is Blood" = "Werewolves of Armenia" ? A croire qu'il s'agit d'une suite), mais tout ceci reste diablement ancré dans notre subconscient.
C'est officiel : les loups germaniques, tels des lions enragés, ont une nouvelle fois rugi pour notre plaisir et sorti leurs griffes de metal trempées dans l'acier. Alors oui, les clichés sont de mises, les hommages-pompages sont légion, mais on vous met au défi de trouver mieux sur la scène "moderne" heavy-power metal. Powerwolf est bien parti pour devenir l'un des groupes du genre les plus influents de ce troisième millénaire, aux-côtés d'un Sabaton déjà bien implanté et jouissant de premières parties avec Iron Maiden et Judas Priest. Après tout, il faudra bien une relève à ces légendes, et les allemands pourraient bien être ceux-là aux côtés de leurs compères suédois...
Note : 8.5/10
Video Clip du morceau "We Drink Your Blood"