Alive and kicking
Queensrÿche avait traversé de nombreux tumultes liés à l'éviction du chanteur Geoff Tate. Remis sur pied avec un album prometteur en 2013, les Américains confirment leur retour avec Condition Hüman, un disque varié, plus développé et fouillé que son prédécesseur, qui rappelle la grande époque sans faire oublier les classiques.
Queensrÿche revient de loin. Après avoir bataillé devant les tribunaux face à l'ancien chanteur Geoff Tate, le groupe a réussi à garder les droits sur son nom et à reprendre la main sur son répertoire. Sans son ancien chanteur, le groupe a aussi réussi à reprendre le contrôle artistique et ainsi revenir à un heavy metal traditionnel qui avait donné toute sa saveur au groupe dans les années 80.
Le revirement artistique s'était déjà dessiné en 2013, avec Queensrÿche, qui montrait à la fois un groupe décidé à renouer avec les fans de la première heure et un nouveau chanteur, Todd La Torre, très à l'aise dans sa tâche de succéder au légendaire Geoff Tate, au timbre si reconnaissable, qui faisait partie intégrante de la personnalité du groupe.
Après avoir tourné en mettant en avant les compos old school et les soucis juridiques definitivement derrière lui, le groupe a pu s'atteler au chantier que deviendrait Condition Hüman. A l'écoute du disque, force est de constater que le groupe a sorti l'artillerie lourde et s'est donné plus de temps pour sortir un album plus ambitieux que le précédent.
Le pari est gagné, Condition Hüman va plus loin que Queensrÿche, à tout les niveaux. Le groupe arrive à mieux maîtriser sa facette heavy avec des titres comme "Arrow of Time" ou "Hellfire" plus travaillés, et n'oublie pas qu'il est capable d'émouvoir son auditeur avec des titres plus nuancés comme "Selfish Lives" ou "Bulletproof".
La nuance. C'est exactement ce qu'il manquait à l'album précédent. Ici, le groupe montre qu'il est capable de passer d'un extrême à l'autre, en enchaînant l'agressif "Hourglass" avec la ballade "Just Us", mais aussi qu'il peut passer par tous les intermédiaires, donnant une couleur différente à chaque morceau, variant les atmosphères, allant de l'inquiétant ("Eye9") à l'épique ("Guardians") sans oublier quelques éléments progressifs qui font le sel de sa musique ("Condition Hüman").
Le line-up, toujours aussi solide depuis Queensrÿche, est ici renforcé et continue de faire des merveilles. Les guitaristes Michael Wilton et Parker Lundgren qui continuent de se renvoyer la balle avec des riffs bien trouvés et des mélodies soignées, Eddie Jackson et Scott Rockenfield qui assurent la rythmique en alliant force et finesse et Todd La Torre se montre toujours aussi pertinent au chant.
Condition Hüman n'est pas un album fait pour accrocher dès la première écoute, ni un album à tube. C'est un ensemble, solide et cohérent, qui se déguste et qui révèle ses arômes au fur et à mesure. Le soin et le talent sont les ingrédients principaux, liés par une inspiration venant d'un groupe remis sur pied, qui s'est retrouvé une seconde jeunesse après des années d'égarements.
Queensrÿche, welcome back !