Minushuman – Bloodthrone

Qui a dit que la France n'était pas un pays de metal ? Bon, certes, ce n'est pas forcément ici que les groupes étrangers s'attardent le plus en tournée, certes nous manquons de grosses pointures internationales même si un Gojira n'a déjà plus rien à prouver... Mais, bigre de fichtre, la relève est là ! Et pas qu'un peu. Alors on avait déjà pu apprécier en ce début d'année 2011 la confirmation d'un jeune groupe comme Bukowski et le retour en grâce de Loudblast, on avait pu souligner l'an passé un certain succès pour les nouveaux Dagoba et Mass Hysteria, il est désormais temps de s'intéresser à Minushuman. Non content d'un premier album (Watch the World Die) fort bien réussi sorti en 2008, le quintet bergeracois a depuis été signé chez Season of Mist et vient de faire paraître (ce vendredi 19 août) son second album intitulé Bloodthrone. Avec beaucoup d'espoirs à ne point décevoir.

Dès l'écoute du premier morceau, il ne fait aucun doute que le combo n'a rien perdu de son thrash atmosphérique groovy dark tant remarqué sur le premier effort, il semble ici-même sublimé en une production léchée et surtout via une maîtrise encore plus forte et personnelle des structures. "The Architect" a tout du tube tranquille, se référançant à plein de bons groupes du genre sans jamais oser la copie, réussissant même là où Ghost Brigade semble avoir un poil échoué sur le nouvel album. Car oui, cette comparaison peut parfois ressortir, faisant peut-être de Minushuman le groupe le plus fin et racé de la nouvelle génération française.

La formule ainsi lancée semble précipitée après l'écoute du seul premier morceau, mais la suite ne fait que donner raison et même renforcer cette idée. Fluidissime, l'enchaînement de chaque piste se fait tout en saveur, aussi bien que nous ne pouvons décrocher d'une écoute complète - même dérangé ou pressé par quelques évènements extérieurs. Un excellent point qui prouve la grande cohérence d'un brûlot qui aurait pu être conceptuel tant chacun de ses composants semble se rejoindre en une atmosphère à la fois profonde et lissée (qualificatif ici utilisé dans un contexte positif), à l'image de sa double conclusion "Bloodthrone"/"Kill Me".

Minushuman 2011

Cependant, vous voici prévenus, "The Architect" sera peut-être bien le seul "tube direct" de l'album, le reste jouant avant tout sur les ambiances et les émotions. Mais un titre comme "The Size of an Ocean", proposé juste derrière, ne peut clairement pas laisser indifférent. Qui a dit chef d'oeuvre ? Testez et vous verrez, voici probablement le meilleur morceau composé cette année par un groupe français, potentiellement candidat à une compil "Best of Metal Songs 2011". Le rythme syncopé de cette friandise s'intègre parfaitement au chant habité et "thrash aérien" d'un Cédric Moïse au sommet de son art, tout en retenu. Un petit bijou que Gojira et Devin Townsend devraient bien apprécier, voire même jalouser.

En parlant de Gojira, s'il s'avère que ce groupe pionnier (pour beaucoup de nos jeunes compatriotes metalleux) aura très certainement joué un rôle important dans le début de carrière de Minushuman, les petites influences piochées à From Mars to Sirius sont ici digérées et regurgitées à point dans une touche personnelle et variée : plus sombre, presque plus gothique, épousant quelques contours Paradise Lost-iens sur certaines fééries mélodiques. A ce niveau-là, on pourrait tout pardonner, même quelques éventuels "plagiats", or ici sur cette offrande il n'y en a même pas.

Du tout au reste, Minushuman surprend donc par une écriture totalement inspirée et fluidifiée par une motivation ressentie sur chacune des notes. L'énergie n'est pas absente de ce disque pour autant plus "fin" que "brutal", un "Evolve" (et son intro explosive) vous fera headbanguer sans peine alors que "The Way We Died" et son rythme "vas y que je te groove avec des touches stoner hardcore" fera vibrer le plus insensible d'entre vous. Ou quand un certain excès de violence contenu joue le rôle de tranquilisateur d'âme, tant est si bien qu'on se laisse bercer par le rythme souvent binaire de chansons au toucher machiavéliquement indomptable.

Laissez donc faire l'atmosphère et plongez-vous dans cet opus quasiment irréprochable... Laissez-vous surprendre par certaines magies inattendues, ce "Forgotten Fields" lancinant à faire pleurer la ménagère de moins de 50 ans (si tant est que vous arriviez à lui faire écouter du metal) ou l'instru finale "Kill Me" (au démarrage doom, au final blackisant) que n'aurait pas renié Swallow the Sun dans une noirceur implacable. Laissez-vous prendre aux tripes par les montées en puissance ("Three Mile Island"), les quelques rapidités exquises ("Another All"), les belles envolées mélancoliques-épiques ("Bloodthrone", poignant avec son petit synthé en filigrane) ou l'intensité martiale ("Godspeed") d'une livrée à la fois coriace et intimiste.

Il ne manquera donc plus qu'à Minushuman de transformer l'essai, avec une tournée convaincante et un 3ème album encore plus riche et peut-être un poil moins linéaire (voici le seul et unique défaut à relever ici). Nous ne sommes pas loin ici du bonheur parfait et d'une maîtrise complète, alors oui : Laissez-vous aller et donnez une chance à ce nouveau (futur) fleuron du metal français. Sans hésitation aucune.

Note : 8.5/10

Video Clip de la chanson "The Way We Died" :


Site officiel de Minushuman

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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