Nouvelle sensation outre-Manche, les RavenEye tournent beaucoup, notamment avec les Blues Pills, ou bientôt Deep Purple, avec qui ils joueront deux dates en France, à Marseille et à Bordeaux. Mais plus encore, c’est Slash qui les a accueillis en tournée, et qui, grand fan de leur travail, les recommande chaudement ! Alors, ce Breaking Out est-il un vrai bon plan de notre chevelu chapeauté préféré ou déconvenue pour ses fans les plus fidèles qui suivent ses indications ?
D’entrée, on comprend un peu ce qui séduit Slash chez ces Anglais : la voix de Oli Brown rappelle souvent celle de Myles Kennedy, qu’affectionne tout particulièrement l’ancien des Guns’n’Roses. Intonations, voix pure et lisse au registre étendu, on retrouve toutes les qualités du frontman d’Alter Bridge, mais pas que. Le chanteur de RavenEye sait en effet aller plus loin, en cassant sa voix et en la poussant dans ses retranchements.
Il faut dire qu’Oli Brown, guitariste avant tout, n’en est pas à son coup d’essai. En effet, il a déjà produit trois albums studio et un album live dans le cadre de carrière solo, qui l’a amené à tourner avec Joe Satriani, ou encore Jeff Beck, rien que ça. Dans Breaking Out, on sent la maîtrise de l’instrument d’Oli, et sa technique n’a pas à rougir de la comparaison avec d’autres grands guitaristes.
En revanche, le gros reproche que l’on peut faire à cet EP, c’est celui de ne jamais vraiment décoller, et de trop glisser vers le pop rock par moments. On tourne trop souvent autour de thèmes déjà usés jusqu’à l’os par les dernières générations de musiciens, et cela se ressent à l’écoute, l’ennui pointant le bout de son nez à intervalles réguliers.
C’est d’autant plus dommage que quelques bonnes idées sont dispersées tout au long de cet EP, à l’image du titre d’ouverture éponyme de l’album, qui lance les hostilités de façon plus que convaincante. Les guitares s’y font lourdes et baveuses, et transpirent le vieux club londonien comme on l’aime. La voix y prend des intonations qui rappellent Jeff Buckley dans ses titres les plus heavy. Cette impression est renforcée par les notes les plus éprouvantes du second titre “Get It Started”.
Mais par la suite, les compositions prennent une direction plus pop, dans le mauvais sens du terme. C’est le cas du décevant “Run Away”, qui tourne tristement en rond, à tel point qu’il trouverait parfaitement sa place sur les radios FM les plus formatées. Seul le pont instrumental sauve le morceau, grâce à une énergie guitaristique et percussive bien sentie.
On retient d’ailleurs plusieurs passages du disque qui sont les témoins directs de l’énergie que renferme le groupe : sur “Get It Started” ou encore sur l’introduction de “You Got It”, on ne peut s’empêcher de penser à Rage Against The Machine, avec ces lignes soutenues et agressives.
Ce titre de clotûre justement, s’avère être l’un des bonnes surprises du disque, avec un esprit dans ce que pouvait offrir Alice In Chains avant la disparition du regretté Layne Stayley, l’harmonisation vocale en moins. Seule la fin du morceau, brusque au possible, surprend, et nous laisse sur notre faim.
Difficile de conclure sur cet EP certes prometteur, mais trop hétérogène. La moitié des titres semble faire figure de remplissage, mais les autres contiennent de réelles bonnes idées qui devraient faire un tabac sur scène. Le soutien sans faille de Slash au groupe se comprend sans peine d’un point de vue guitaristique - encore que… - mais il faut bien avouer que cette recommandation "divine" avait fait naître des espoirs bien plus fournis.
Cas à suivre donc, avec un premier album qui pourrait être plus convaincant si le groupe arrive à aller à l’essentiel.