"Quand nous nous sommes reformés, nous savions que ça marcherait"
A l'occasion du passage de Satan au Fall of Summer, La Grosse Radio s'est entretenue avec les deux guitaristes du groupe, Steve Ramsey et Russ Tippins, pour parler de leur sentiment avant de donner leur deuxième concert en France, mais aussi de leur nouvel album, Atom by Atom (chroniqué par nos soins ici), avant de revenir sur l'ensemble de leur carrière.
Bonjour et merci de nous accorder cette interview. Comment vous sentez-vous avant votre concert au Fall of Summer ?
Russ Tippins : On se sent bien ! Ce festival a l'air bien et ce n'est que notre deuxième concert en France. Ce n'est pas assez, il faut qu'on y joue plus.
Steve Ramsey : Il se trouve que personne ne nous a bookés ici avant. Nous ne dépendons pas d'une agence ou d'un management, du coup, tous les concerts qu'on a fait depuis la sortie de Life Sentence ont été des propositions qu'on nous a faites. On en a fait aussi quelques uns en Amérique du Sud. On a quelques possibilités dans le cadre d'une éventuelle tournée européenne, on verra.
Votre nouvel album, Atom by Atom, est fini [il n'étais pas sorti au moment de l'interview, NDLR]. Comptez-vous jouer quelques chansons sur scène ?
Russ : On en a essayé quelques unes en répétition, mais il nous faut plus de temps, notamment pour les inclure dans notre set qui est maintenant très solide. D'autant que les gens ne les ont pas encore écoutées.
Steve : Nous avions trop de choses à faire pour bien répéter les chansons, nous avons notre travail et nos autres projets. Du coup, nous venons de trouver le temps de les répéter à nouveau après les avoir enregistrées. Nous allons en inclure quelques unes à notre prochain concert, qui aura lieu à Birmingham en novembre. L'album sera déjà sorti et nous aurons eu le temps de les répéter.
Parlons maintenant de l'album. Pourquoi avoir choisi le titre Atom by Atom ?
Russ : Il vient tout simplement de la chanson du même nom. Nous aimons ce titre, il est fort pour un album aussi.
Steve : En fait, nous ne l'avons pas choisi. C'est l'artiste qui a fait la pochette, Eliran Kantor, qui s'en est occupé. Nous lui avons donné le choix entre celui-ci et "In Contempt" et il a pris celui qui lui donnait les meilleures idées pour créer la pochette. Il a tout de suite eu une idée. Il a fait un excellent travail. Quand il a fait le premier album, il n'a pas seulement fait la pochette, mais nous a envoyé une explication détaillée sur ses références et les raisons pour lesquelles il avait placé tel ou tel élément. Nous avions tellement été étonnés par son travail qu'on a décidé de laisser libre-cours à son talent cette fois-ci. Beaucoup de groupes briment l'artiste en lui disant quoi faire pour une pochette, mais cela n'a pas été le cas pour nous.
Russ : Pour Life Sentence, on lui avait juste dit qu'on voulait le juge sur la pochette, pareil pour Atom by Atom. Quand tu emploies les bonnes personnes, tu sais que le travail sera bien fait. C'est pour cela qu'on a gardé la même équipe technique que Life Sentence, avec le même studio.
Parlez-nous de l'évolution musicale entre vos débuts et Life Sentence.
Steve : Dans les années 80, il était très difficile d'aller en studio et trouver un ingénieur qui ferait sonner le groupe comme il faut. Nous avons été déçus par certains de nos enregistrements de cette époque. En plus, certains producteurs essaient de coller à l'air du temps et retirent des éléments que tu voulais enregistrer. Pour Life Sentence, nous avions une idée claire de la manière dont on voulait sonner et le producteur l'a bien compris.
N'avez-vous pas ressenti un décalage entre les chansons de Life Sentence et les plus anciennes quand vous avez dû les jouer en live ?
Russ : C'est vrai qu'il y a 26 ans de décalage, mais ça ne se ressent pas dans la musique.
Steve : Tout s'est fait naturellement. Quand nous nous sommes remis ensemble, nous savions que ça marcherait. Il y a juste eu notre batteur Sean Taylor qui n'a pas pu participer au concert de reformation au Wacken parce qu'il avait eu un accident de voiture. Nous n'avions rien pu prévoir avant qu'il se rétablisse, mais dès qu'il s'est remis sur pied, nous savions que ça fonctionnerait.
On remarque que de nouveaux groupes inspirés par vous et d'autres groupes de la NWOBHM surgissent, notamment Enforcer. Qu'en pensez-vous ?
Russ : Enforcer est effectivement le plus évident, c'est celui qui marche le mieux dans cette nouvelle vague. Nous avons aussi été impressionnés par ce groupe américain, Danava, qui font des trucs impressionnants à deux guitares. Ça nous a rappelé Thin Lizzy et Judas Priest, qui font partie de nos inspirations. Il y en a énormément aux États-Unis, il nous arrivent que quatre groupes de ce style assurent notre première partie. La plupart ont 25 ans, voir moins, et on a l'impression d'être coincés dans les années 80. Ils font leurs propres compos, mais regardent vraiment vers cette époque, que ce soit dans le chant ou dans le jeu de guitare. J'ai du mal à le comprendre ! Ils adorent ça, de toute évidence, pour eux c'est un honneur d'ouvrir pour Satan… Tant mieux pour nous ! S'ils pensent que ça peut leur rapporter de l'argent, tant mieux ! [rires]
Steve : C'est ce qui est bien avec cette musique, c'est que les gens en jouent par passion avant tout, et non pour la richesse. Ils jouent avec le coeur, comme on faisait à l'époque.
Quelle est la chose la plus importante que vous avez appris dans votre carrière ?
Steve : Le mot perpépuité ! Ne laisse jamais ce mot apparaître dans aucun contrat ! [rires]
Russ : Bien dit ! Nous aimerions sortir une réédition de Court in the Act. Notre label, Listenable Records, veut le ressortir, mais les droits appartiennent toujours à Warner, qui détient les droits de Roadrunner, notre label à l'époque. Et à l'époque, on a signé à perpétuité. Du coup, nous avons appris ce que ça impliquait.
Steve : Ce n'est pas de notre ressort, mais on peut toujours acheter les droits. On va voir ce que ça donnera.
Photos : © 2015 Thomas Orlanth
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