C’était après plus de 15 ans d’absence qu’Ugly Kid Joe, groupe mythique des années 90 était revenu en 2013 avec un EP, Stairway To Hell. Aujourd’hui, le groupe sort un tout nouvel album Uglier Than They Used Ta Be. Whitfiel Crane nous parle ici plus en détail de ce dernier opus.
Bonjour Whitfield ! Merci de nous accorder cette interview. Comment vas-tu et comment te sens-tu maintenant que votre nouvel album, Uglier Than They Used Ta Be, est sorti ?
Bonjour ! Aujourd’hui je suis fatigué. Mais sinon, ça va très bien !
Le titre de ce nouvel album est une référence à votre premier EP, Ugly As They Wanna Be. Uglier Than They Used Ta Be signe-t-il un retour à vos racines ?
Le titre, c'est essentiellement pour se moquer de nous-mêmes, parce qu'on aime se moquer de tout, tout le temps. Notre humour devient plus noir avec le temps. Je ne sais pas si c'est un retour à nos racines mais c'est un retour à nous-même. Dans le sens où on nous avons été séparés durant 15 ans et maintenant nous nous retrouvons à nouveau pour jouer ensemble. C'est notre retour à la création tous ensemble. Ce ne sont pas forcément nos racines qui ressortent, car nous avons évolué. Nous sommes plus matures sur beaucoup de plans. Je dirais que nos racines sont toujours les mêmes, mais que l'arbre est bien plus fort qu'avant... Ou quelque chose comme ça (rires).
Tu peux nous parler de l'artwork ?
Oui, la pochette est également une référence à notre tout premier EP. Ugly Kid Joe revient d'entre les morts et au lieu de ne lever qu'un doigt, il en lève deux. En gros, il véhicule toujours le même message qu'en 1991.
Comment s'est passé l'enregistrement ?
C'était cool. Nous sommes allés enregistrer en Louisiane, dans le studio de notre guitariste Dave Fortman et nous avons tout enregistré d'un coup. Ça nous a pris 21 jours. On bossait entre 13 et 14 heures par jour, on avait vraiment beaucoup de boulot. Dave est un producteur à plein temps maintenant, il nous a dit que tout le boulot qu'on avait abattu là aurait dû prendre 3 mois, mais on l'a fait en 21 jours. On avait pas le temps de se poser trop de questions, si c'était bon on prenait, si c'était mauvais, on ne s’embarrassait pas avec. C'était un travail assez intensif à vrai dire.
Comment ça se passe dans le groupe, tu écris tout ?
Pour cet album, c'était principalement moi et Dave Fortman.
Y a-t-il des éléments biographiques dans cet album ? Par exemple « My Old Man » et « Papa Was a Rolling Stones » parlent de la mort d'un père.
Absolument. Ces morceaux sont à propos de mon père. Il est parti quand j'avais 8 ans et en fait, il n'a jamais vraiment existé pour moi. Il faisait quelques apparitions, mais je ne l'ai jamais considéré comme un père. Ni même comme une personne à part entière. Je n’ai jamais eu de problème avec ça, ni été en colère contre lui, il est simplement devenu insignifiant pour moi, mais pour mon entourage aussi. Il ne faisait pas partie de nos vies. Bref, un jour, sa nouvelle femme nous a appelés, ma sœur et moi, pour nous dire qu'il allait mourir. On a décidé d'aller le voir sur son lit de mort, pour être à ses côtés. Il n'a jamais été là pour nous, mais on voulait être auprès de lui pour son départ. Mais il nous a quittés alors qu'on n'était pas encore sur les lieux... Et c'est toute cette histoire qui m'a inspiré ces paroles, ces riffs, pour ces deux morceaux. Klaus m'a aidé pour les refrains. En gros ce que je voulais dire c’était: « Eh mon vieux, tu n’as jamais été là pour nous, c’est pas grave, bonne chance où que tu ailles, on se retrouvera un jour de l'autre côté. »
En parlant de « My Old Man », Phil Campbel est à la guitare sur trois morceaux dont celui-ci. Tu peux nous parler de cette collaboration ?
Oui, il joue le premier lead sur « My Old Man », puis Klaus reprend la suite, pareil sur « Under The Bottom ». Il joue aussi sur « Ace of Spades », évidemment ! On est très proche de Motorhead depuis quelques années, on se retrouve souvent à jouer ensemble que ce soit sur scène ou sur des albums. Quand on a commencé à faire cet album, on a invité Phil Campbel et il a tout de suite été d'accord. On lui a envoyé 3 morceaux, il a profité de ses journées off sur la tournée de Motorhead pour travailler dessus, et voilà ce que ça a donné !
Vous avez repris un morceau de Motorhead parce que vous jouiez avec Phil Campbel, ou c'était déjà planifié ?
Rien n'était prévu pour cet album, rien-du-tout ! On a été en studio et on a fait de la musique. J'aime les reprises plus que tout, je pourrais faire des albums entiers de reprises si on me laissait faire ! Mais on joue ce morceau sur scène depuis 2 ans, on a juste décidé de l'enregistrer pour voir ce que ça donnait. Notre batteur a enregistré ses parties et ça rendait vraiment super bien, il a enregistré ça sans le groupe, tout seul et ça sonnait. Il est vraiment doué. Enregistrer ce morceau, c'était déjà bien, le rendu était ce qu'il était, mais que Phil Campbel vienne jouer dessus, c'est carrément cool !
Il y a également un morceau avec Dallas Frasca sur cet album. Comment l’as-tu rencontrée et pourquoi avoir fait un morceau avec elle ?
J'ai rencontré Dallas Frasca et son guitariste à Melbourne en Australie il y a un an et demi. Je venais de finir une tournée et je suis resté à Melbourne environ 6 semaines. Je les ai rencontrés, on a échangé, puis on a passé un peu de temps en studio pour enregistrer ce morceau, sans raison particulière. Puis Dave Fortman a mixé le morceau, j'ai gardé ça dans un coin pendant un an. Et une fois l'album enregistré j'ai demandé aux autres si on pouvait inclure ce titre. C’est un groupe génial avec beaucoup de talent, Dallas Frasca doit être reconnue, et Jeff Curran aussi. D'ailleurs Jeff Curran est un grand fan d'Ugly Kid Joe depuis qu'il est jeune... Ça a quelque chose d'absurde ! Bref, je suis vraiment content de ce morceau.
Il y a beaucoup de morceaux acoustiques sur l'album. Qu'est-ce qui te plait dans là-dedans ?
C'est là qu'on peut vraiment entendre les voix. J'ai un autre projet, avec Lee Richards : Richards/Crane. On vient de faire un album, on a fait plusieurs premières parties avec Ugly Kid Joe en Angleterre. Sur l'album il y a de la basse, de la batterie, mais on a fait ces derniers concerts avec juste deux guitaristes et moi. Donc je suis avec Lee Richards (il désigne Lee Richards, en train de somnoler sur le canapé d'à côté durant l'interview), c'est un compositeur génial, il sait harmoniser les voix comme personne, c'est toujours très beau. Le truc maintenant ça va être de faire plein de festivals et plein de morceaux acoustiques durant nos journées off.
Stairway To Hell, votre dernier EP, était un peu plus agressif. On ne retrouve pas cela sur le nouvel album qui est quant à lui plus mélancolique. Ugly Kid Joe commence à s'assagir ?
Probablement, on évolue, nos vies influent sur la musique qu'on joue. C'est inévitable.
Quels sont tes morceaux préférés ?
« Under The Bottom » et « The Enemy », mais je ne sais pas réellement pourquoi, il n'y a pas de formule pour expliquer ça de façon rationnelle. Sinon de toute la carrière d’Ugly Kid Joe, je trouve que « No One Survives » est plutôt cool.
Après votre retour avec Stairway To Hell, vous n'étiez pas sûrs de continuer car chaque membre avait alors un emploi du temps très chargé. Peut-on dire qu’Ugly Kid Joe est réellement de retour maintenant ?
Eh bien oui, pourquoi est-ce que je serais là, à Paris, sinon ? Mais oui on est de retour, on va revenir et faire une tournée européenne.
Des concerts prévus en France ?
Oui peut-être. Je pense qu'on devrait faire le Hellfest et revenir à Paris jouer dans un club. C'est comme ça que les choses devraient se passer selon moi. En tout cas, on reviendra et on pourra manger de bonnes choses, traîner et visiter la France.
Tu as un dernier message pour nos lecteurs ?
On les remercie ! On est heureux de faire de la musique et que ça fonctionne. Donc merci pour votre soutien !