W.A.S.P. – Golgotha

Plus de six ans se sont écoulés depuis l’effort studio précédent de W.A.S.P., en 2009. Ce dernier avait peiné à convaincre, et sans être foncièrement mauvais, n'avait rien révolutionné. Après cette longue attente, les Américains reviennent (enfin !) avec cette nouvelle mouture intitulée Golgotha. Alors retour sur le devant de la scène, ou opus sans grande envergure ? La première option semble bien être la bonne…

Dans un premier temps, le groupe de Backie Lawless avait révélé un premier titre, l’opener “Scream”, morceau catchy et direct. Dès les premières écoutes, “Scream” paraissait familier, en cela qu’il est très proche du titre d’ouverture du précédent album du combo, “Crazy”. Seulement, la production est cette fois un net cran au dessus, et la composition est bien mieux ficelée. On pourrait presque penser que “Crazy” était une ébauche grossière de ce qu’allait devenir “Scream”. Etrange sensation, mais un résultat qui fait taper du pied, et met du baume au cœur.

La production, puisqu’on l’a déjà évoquée, et un énorme point fort de Golgotha. Le rendu est précis, très étendu spatialement parlant, et chaque élément trouve sans peine sa place dans un mix clair et pointilleux. Seule la grosse caisse est parfois un chouilla en retrait - sur les roulements de “Last Runaway” par exemple -, mais la partie basse du spectre fait que l’on sent quand même les coups de pédale de Mike Dupke. Quelques discrets claviers font leur apparition ici ou là, mais ils ont plus vocation à densifier le son, et adoucir certains intervalles, plutôt qu’à être mis en avant.
Globalement, on retrouve les sonorités typées années 80 qui ont fait le succès de W.A.S.P. dans sa période de gloire, la clarté extrême facilitée par les équipements modernes en plus. En somme, un vrai régal pour les oreilles.

Cette production redoutable permet de bien mettre en valeur des compositions plus épiques que jamais. Cela se voit au niveau de la tracklist en particulier, ou un tiers des morceaux frise les huit minutes, tandis que le reste avoisine les cinq ou six minutes. Et malgré ce que l’on pourrait craindre, il y a peu, voire pas de redites dans ces titre relativement longs.

L’exemple parfait en est “Miss You”, ballade mielleuse sur le papier, mais titre puissant et jouissif en pratique. Le groupe sait prendre son temps pour installer l’ambiance, faisant progresser peu à peu l’intensité de son jeu au fil des premières minutes, avant de nous asséner tour à tour un refrain imparable et des solos renversants. En étant tâtillon, on pourrait malicieusement pointer du doigt la ressemblance de la progression d’accords finale avec celle du “Comfortably Numb” de Pink Floyd, mais cela nous ferait dire que Doug Blair se prend pour David Gilmour… ce qui n’est au final pas faux, et surtout pas regrettable du tout !

L’énorme baffe de “Miss You” passée, on peut s’attarder sur les autres titres qui ne manquent pas non plus d’intérêt. Le chant de Blackie est particulièrement saisissant sur la majorité du disque, avec des nuances très maîtrisées, et des notes poussées à la limite qui sonnent du feu de dieu. L’excellent “Shotgun” est par exemple l’occasion pour lui d’adopter un chant plus agressif et direct lors des refrains. Les plus épiques “Fallen Under” et “Slaves Of The New World Order”, eux, sont là pour aligner des refrains soutenus qui pourraient faire un malheur sur scène.

Seul le titre éponyme, “Golgotha”, qui clôt la galette, est un peu décevant : il reprend en effet en partie l’esprit de “Miss You”, notamment dans le solo final, qui repose encore sur la même série d’accords, et les mêmes gimmicks. Mais soyons honnète, c’est bien le seul morceau qui pêche un peu, et les dernières mesures constituent quand même une belle envolée guitaristique riche en notes hurlantes et jouissives.

Alors que dire de W.A.S.P. au sortir de ce nouveau disque ? Riffs et lignes de basses dignes du heavy metal anglais de la bonne époque, production et sonorités typiquement américaines délicieusement rétro : le groupe arrive avec ce Golgotha à faire cohabiter avec brio le meilleur des deux mondes, pour un résultat qui fera probablement date. Gros retour des Américains que certains disaient morts donc, avec, on l’espère, un essai transformé sur scène dès que possible.

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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