Après avoir sorti il y a deux ans un excellent album de doom profond, mélancolique et atmosphérique, les finlandais de Hanging Garden reviennent en cet automne 2015 avec Blackout Whiteout, nouvelle sortie aux contours plus formatés. Une petite déception que ce nouveau disque plus direct dans son propos malgré parfois une volonté d'expérimenter, mais pas un désastre pour autant.
Le tourbillon, troisième partie.
Cette fois-ci c'est sûr, rien n'est acquis et tout est perdu. Il faut se résigner, se réfugier même dans cette profonde mélancolie qui vous a assailli début 2013 avec At Every Door, album qui avait si bien souligné votre mal-être d'alors, malaise qui était revenu, et fut exorcisé, en novembre de cette même année avec la sortir du EP I Was A Soldier. Le jour se fait encore rare depuis la fin de l'été et vous êtes de nouveau happé par ce tourbillon fatal. Mais contrairement aux fois précédentes, il n'y a pas de quoi boire la grosse vague asthénique.
Les finlandais de Hanging Garden proposent donc avec Blackout Whiteout ,disponible depuis le 25 septembre 2015 sur Lifeforce Records, leur quatrième offrande à la déesse tristesse.
At Every Door, leur précédent effort imposait un superbe doom gothique, aux contours atmosphériques parfois, et montrait de belles choses pour l'avenir de la formation. Les trois titres de I Was A Soldier, l'EP sorti quelques mois ensuite, confirmaient même tous les espoirs placés en Hanging Garden, se montrant un peu plus expérimentaux tout en conservant cette noirceur si nordique. Qu'en-est-il de Blackout Whiteout dont les fans ont pu suivre la conception et l'enregistrement sur la page Facebook du groupe ? Il promettait mais il déçoit un peu finalement.
Les premières écoutes sont déroutantes, tout semble formaté, il manque la « folie » de At Every Door et I Was A Soldier et on pense fortement à un célèbre groupe anglais sur les premiers titres : Paradise Lost, plus exactement celui de One Second et des quelques disques qui ont suivi. Lorsque le combo à Nick Holmes et Greg Mackintosh cherchait à se rendre plus accessible tout en maintenant un songwriting de qualité.
Cette influence se fait ressentir dès « Borrowed Eyes » qui ouvre l'album où l'on peut aussi s'apercevoir que Hanging Garden s'est donné les moyens au niveau de la production car le son est puissant et clair. La voix sur ce morceau rappelle donc Nick Holmes et des boucles electro se font entendre en fond, il y a d'ailleurs quelques arrangements électroniques plutôt bien répartis sur Blackout Whiteout, encore un signe que le groupe cherche à évoluer et à sortir du doom des origines. Le chant death (plus discret sur l'ensemble de l'album) intervenant à la fin renvoie quant à lui au passé du groupe.
Ce côté plus policé nous donne cependant des titres bien agréables à écouter comme « Whiteout » qui comporte un refrain très prenant, et qui enchaîne avec « Embers », le single tiré de ce nouvel album, un très bon morceau aussi. Le riff entraînant et le chant langoureux et rempli de feeling faisant mouche sur ce morceau.
Mais voilà, on a parfois l'impression qu'Hanging Garden a du mal à choisir en devenant soit plus simple, soit en expérimentant un peu. Cette dernière facette se montrant un peu moins convaincante comme le démontre« Eclipse » qui malgré ses boucles electro encore, ses nappes de clavier, sa structure un peu progressive, son atmosphère planante et la voix death qui intervient à la fin du titre traîne un peu en longueur.
De même « Words That Bear No Meaning » avec ses sonorités electro atmosphériques, ses samples plutôt bien dosés et qui comporte un refrain réussi donne l'impression d'être inachevé. « Aoede » lui est basé sur des arpèges, encore des boucles électroniques, des choeurs lointains et est un titre planant et plutôt lumineux mais, sans être mauvais, n'est pas non plus exceptionnel.
« Unearth » aurait pu lui figurer sur At Every Door avec son gros riff doom et l'alternance chant clair et voix death mais est un morceau sans génie. Quant à « Blackout » qui clôture l'album, il est aussi bâti sur un riff costaud et la dualité agressivité/douceur, ce qui donne un titre correct mais trop long, une fois de plus.
L'autre réussite de Blackout Whiteout est « My Rise Is Your Fall », sorte de power ballad qui dégage un énorme feeling. Le chant y est poignant, on y entend des arrangements de cordes (synthétiques ?) et la lourdeur doom sur laquelle est basé ce morceau nous ramène aux meilleurs souvenirs de l'album précédent des finlandais.
Ce nouvel opus de Hanging Garden, sans être mauvais, est donc en demi-teintes. Le groupe est peut-être arrivé à un carrefour de sa carrière et semble hésiter sur la direction à prendre : se formaliser ou creuser l'expérimentation.
Espérons qu'à l'avenir leur inspiration ne connaisse pas de blackout justement...
Note : 7,5/10
Liste des titres :
1. « Borrowed Eyes »
2. « Whiteout »
3. « Embers »
4. « Eclipse »
5. « Aoede »
6. « Unearth »
7. « Words That Bear No Meaning »
8. « My Rise Is Your Fall »
9. « Blackout »