Alice Cooper et son délectable retour au cauchemar
Grande mode depuis quelques années, beaucoup d’artistes et de groupes sortent la suite d’un album qui a marché. Attrape-nigaud de la part de certains, album tout à fait digne de son prédécesseur pour d’autres, on en a vu passer de toute sorte. Cette fois-ci, c’est Alice Cooper qui s’y colle, en donnant une suite au légendaire Welcome To My Nightmare. Et on constate que notre papy rocker en a encore sous le capot.
Tiens, encore une suite ! Welcome 2 My Nightmare qu’elle s’appelle cette fois. Tout est là pour attirer le chaland : Pochette évocatrice, rappel du producteur émérite Bob Ezrin, et une pléthore d’invités, dont Rob Zombie et Ke$ha. Etant donné la carrière en dents de scie de Vincent Furnier et son très moyen album précédent (Along Came A Spider), qui était une suite à peine dissimulée du fameux album, on avait le droit d’être sceptique.
Et pourtant, Alice Cooper aura réussi une fois de plus à surprendre l’auditeur et à servir un album de qualité. L’auditeur a droit à un ensemble de titres très typés 70’s, mais pas que, puisque le Coop’ et sa fine équipe ont décidé de mélanger diverses influences plus ou mois modernes, pour donner un résultat des plus inattendus.
Nous avons donc au rayon Old School le single ouvertement inspiré par les Rolling Stones, "I’ll Bite Your Face Off", et aussi "Caffeine", qui rappelle l’esprit d’un "Under My Wheels", et l’entrainante "A Runaway Train". Mais, dans cet album, Alice Cooper mélange son Hard Rock classique avec des influences plus modernes. On retrouve des titres bien plus atypiques, comme "Disco Bloodbath Boogie Fever", qui mélange chœurs morbido-kitsch, couplets pop, rythme de boîte de nuit et guitare endiablée de John 5. Un titre qui vaut le détour ! On retrouve aussi la chanteuse pop Ke$ha sur "What Baby Wants", pour un dialogue étonnant entre une jeunette auto-tunée et un papy hardos qui gouaille comme personne.
Cet ensemble bénéficie d’une production aux petits oignons, qui fait ressortir chaque instrument de la meilleure manière. On notera le son majestueux de "Last Man On Earth", avec ses cuivres et son violon de toute beauté. Bob Ezrin n’a pas perdu de sa superbe en tant que producteur. On regrettera toutefois l’utilisation abusive de certains effets, comme l’auto-tune sur "I Am Made Of You", qui dénature la voix du maître de cérémonie et qui gâche l’intro de l’album.
On regrettera également quelque titres dispensables, comme la ballade réglementaire "Something To Remember Me By", assez guimauve et insipide. Ce n’est pas cette ballade qui détrônera "Only Women Bleed" ! On enlèverait aussi sans sourciller le lourdingue "When Hell Comes Home",assez plat et inutile.
Mais, hormis ces légers désagréments, Alice Cooper a opéré un coup de maître avec cet album. En 52 minutes, il prouve au monde qu’il est capable de se renouveler et de proposer un album varié, en sachant toujours aussi bien s’entourer. Si Welcome 2 My Nightmare ne marquera probablement pas l’histoire comme l’a fait le premier du nom, il montre qu’à 64 ans et 26 albums, on est toujours capable de se renouveler avec talent.
Alice Cooper n’a rien perdu de son génie, ni de son rock n’roll.
"I’m not a beggar, I’m a king !"