"Ecoutez Def Leppard, mais n'essayez pas de le comparer à ce que nous avons pu faire avant"
Grande légende de la scène britannique, Def Leppard revient dans les bacs après sept ans d'absence. Assurant le poste de chanteur depuis plus de 35 ans maintenant, Joe Elliot s'avère être quelqu'un de plutôt franc. Ayant conscience que son groupe n'a pas connu que des périodes roses, il s'est prêté au jeu de l'interview et revient sur sa carrière, la musique, son public et, bien sûr, ce nouvel album.
Bonjour Joe, merci pour cette interview, Def Leppard est donc enfin de retour avec Def Leppard, quelles sont vos attentes avec ce nouvel album ?
Bonjour (en français) ! Nos attentes sont énormes, nous espérons que les gens vont vraiment aimer ce nouvel album. Nous sommes rassurés car nous avons eu des retours de personnes ayant pu l'écouter et de quelques critiques avancées, tout est positif. C'est l'un de nos enregistrements les plus massifs depuis ceux que nous avons composés dans les années 80. Ce n'est pas une question de business et d'en vendre des millions, c'est cet espoir d'avoir fait quelque chose d'une qualité supérieure à ce que nous avions fait avant. Ce que nous attendons c'est de savoir ce que vont en penser les gens.
Avant d'en parler, puis-je te demander des nouvelles de Vivian Campbell qui doit à nouveau se battre contre un lymphome ?
Oui, bien sûr. Il va très bien. Ils nous avait quittés lors d'une tournée au printemps dernier. Depuis, nous avons enchaîné 13 dates au Canada, 12 en Europe et 60 aux Etats-Unis. Il n'a pas raté une seule date ! Cela a été un grand soulagement pour nous. Il prend actuellement un nouveau traitement aux effets radicaux qui lui permettent d'être sur la route avec nous et ne fait plus du tout de chimio. Quand tu le vois jouer il y a un sourire sur son visage, il joue bien, il s'amuse bien. Il va actuellement bien, comme nous tous.
Nous devons donc remonter à 2008 pour écouter la dernière production studio de Def Leppard. Qu'est ce qui vous a poussé à faire ce nouvel album ?
Nous n'avons jamais pensé faire un album (rires), pas lorsque nous sommes rentrés en studio en fait. Tu sais, nous vivons notre vie sur la route à enchaîner les dates. Ce qui, année après année, est devenu le plus important pour nous, c'est de jouer en live, pas de faire un album. Dans le business tu entends des gens dire que « faire un album, c'est mort », « tu n'as plus besoin de faire de nouveaux albums », ça nous déçoit. Mais qu'importe ce qu'ils disent, peut-être ont-ils raison, peut-être ont-ils tort, nous ne savons pas. Mais à un moment, nous avons voulu faire ce que nous faisons depuis des années : se retrouver en studio. Nous nous sommes tous retrouvés dans mon studio à Dublin et nous avions l'idée de faire un ou deux morceaux. Rapidement nous en avons composé douze. Et lorsque ce passage en studio était presque fini, la grande question était bien sûr : « qu'est ce qu'on va faire de ces fichus morceaux ? », « Pourquoi ne pas faire un album après tout ? ». Et c'est ce qui s'est passé. En fait nous avons fait cet album par accident, nous ne pensions vraiment pas en faire un nouveau.
Etant donné la variété, la densité, la durée de cet album et ce que tu dis, on peut dire que vous vous êtes d'abord fait plaisir ?
Tu sais, l'approche que nous avons de la réalisation d'un album a toujours été très simple. Nous écrivons tous, individuellement ou collectivement, et parfois nous écrivons des choses sans savoir ce que nous allons en faire, des chansons sans « destin », et parfois nous écrivons des choses et nous savons que nous allons en faire quelque chose parce qu'elles nous correspondent. Avec Def Leppard, nous avons écrit des chansons en lesquelles nous croyons vraiment et qui peuvent vraiment toucher beaucoup de monde. Nous sommes allés au sein du rock comme des groupes tels que Queen ou les Beatles, avec de l’acoustique ou du piano. Nous avons juste choisi de prendre des morceaux que nous aimions, tous les cinq, simplement.
C'est par cette simplicité que l'album s'appelle Def Leppard ?
C'est plus parce que nous n'avions pas de nom qui nous venait à l'esprit. J'en avais peut-être un ou deux tête mais je m'en souviens plus (rires). Et puis, quand nous l'avons fait écouter à notre entourage, les gens disaient tous « ça sonne comme du Def Leppard », alors...(rires) je me suis dit « ça sonne Def Leppard , appelons le Def Leppard ». Nous n'avons jamais fait ça avant, notre carrière a commencé il y a 35 ans, c'est la première fois que nous mettons sept ans pour faire un nouvel album. Pourquoi ça ne serait pas une bonne idée après tout ?
On peut donc dire que Def Leppard est encore là pour un moment ?
J'aime penser cela. Nous avons réalisé quelque chose. Après une tournée très épuisante de plus de six mois, nous avons pris trois semaines de vacances, pas parce que nous le voulions, mais parce que nous en avions vraiment vraiment besoin. Avec la sortie de l'album nous ne pouvons simplement pas nous arrêter. Nous devons retourner sur la route, nous devons continuer. Prudemment, c'est vrai, après toutes ces années. Mais, comme je le te disais, cette année nous avons fait une tournée en Europe en mai et ça n'a jamais été aussi bon, beaucoup de festivals aussi avec plus de 50 000 personnes qui nous regardaient, nous avons joué devant des milliers de personnes dans le monde. Pour toutes ces personnes nous espérons juste pouvoir continuer à faire de la musique. Nous n'avons jamais été ce genre de groupe à annuler des concerts et décevoir 50 000 personnes. Nous pouvons être fiers de beaucoup d'énormes concerts que nous avons pu faire. Une fois que tu as gagné le succès, tu ne dois pas le laisser partir. Je veux dire, tu le vois avec les Rolling Stones, Paul McCartney, les Foo Fighters, U2, Muse, ils ont eu le succès et l'ont gardé. Nous avons été plus populaires que nous le sommes maintenant, mais nous avons été moins populaires que nous le sommes maintenant, les choses se passent bien à nouveau.
Beaucoup se souviennent de votre passage au Hellfest, tu en garde un bon souvenir ?
C'était il y a deux ans c'est ça ? Oui, complètement ! Y aller était très inattendu pour nous. Nous n'avions pas joué en France depuis longtemps et nous étions surpris d'être invité à cet événement. Je me souviens du nombre de spectateurs, c'était impressionnant.
Cette année est une date assez importante pour ton groupe : les 35 ans de On Throught The Night, votre premier album. Quelles choses retiens-tu de ces 35 années avec Def Leppard?
(long moment d'hésitation) En fait c'est une question très difficile. La chose la plus évidente, c'est que tu dois accepter de ne pas réussir à chaque fois que tu rentres en studio. C'est important que je m'en souvienne aujourd'hui, car je pense que nous avons vraiment créé quelque chose qui va durer dans le futur. Beaucoup de choses sont très importantes pour nous. MTV, par exemple, c'est quelque chose dont je me souviendrais toujours. Quand tu passais sur MTV c'est que ton groupe avait du succès. Duran Duran, Michael Jackson, ZZ Top, les plus grands noms de l'histoire de la musique ont vu leurs clips passer 10 000 fois sur cette chaîne entre 1983 et 1990. Tu vois, la télévision a été quelque chose de très important pour les groupes de notre période, tout comme la radio. Mais ça me rappelle que c'était plus dur qu'aujourd'hui, si tu n'avais pas quelque chose à délivrer, si tu n'avais pas un son qui sonnait bien, alors tu n'avais pas accès à ces outils que sont la radio et la télévision, et c'était la mort.
C'est une assez belle année pour les groupes de hard rock et de metal britanniques : Judas Priest, Motörhead, Maiden. Que penses-tu de cette scène ?
Eh bien comme j'ai passé beaucoup de temps sur la route je n'ai pas pu écouter un seul de ces albums sauf le dernier Judas Priest, c'était lors d'un concert avec eux en Suède. Ce que je retiens aujourd'hui, c'est le rythme de sortie de ces groupes qui sont toujours là. Aujourd'hui, il manque un mec qui s'appelle Freddie Mercury, et tout ce que lui et Queen ont apporté. Je suis vraiment fier d'avoir pu connaître un homme pareil. Pour Motörhead, je souhaite juste que la santé de Lemmy s'améliore car il ne va pas bien.
Merci pour cette interview Joe, je te laisse le mot de la fin, pour les fans français peut-être ?
Nous espérons vraiment venir en France pour promouvoir ce nouvel album, nous venons vois voir trop peu souvent. Ecoutez Def Leppard, mais s'il vous plaît, n'essayez pas de le comparer à ce que nous avons pu faire avant, ne le comparez pas à Pyromania ou Hysteria, ne vous demandez pas s'il est valable, écoutez-le simplement. Je le redis, j'espère sincèrement que nous pourrons venir le jouer en live en France.
Photos : © 2015 Nidhal Marzouk / Yog Photography
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