Sinister Realm – The Crystal Eye

Vous qui aimez le heavy, connaissez-vous Sinister Realm ? Il s'agit d'un groupe venant de Pennsylvanie, et semblant plongés dans un espace où le temps s'est arrêté. Car la musique du quintet, elle, laisse planer un véritable esprit 80s, c'est du moins ce que laissait transparaître le premier album, éponyme. Deux ans plus tard, les revoici avec The Crystal Eye, une sortie sur le label Shadow Kingdom Records. Et ils sont bien décidés à ne pas tomber dans l'anonymat.

Fans de heavy à l'ancienne, réjouissez-vous, car il semblerait bien que nos amis américains soient déterminés à jouer l'effet madeleine de Proust, un sujet que Sinister Realm maîtrise avec un brio certain, chose que le combo va démontrer au fur et à mesure que l'on avance tout au long des 8 compositions qui parsèment ce The Crystal Eye. Pour faire simple, replongez-vous une vingtaine d'année en arrière, lors de l'âge d'or du heavy metal, et imaginez-vous un peu les titres de ces années là. Le combo est en plein dedans, et, sans la jouer entièrement revival, possède un goût de nostalgie qui rend leur musique bien plus agréable à l'oreille, faisant même grimper l'affection que l'on peut porter à ce quintet de qualité. Et qu'on se le dise tout de suite, vous ne trouverez absolument pas une once d'originalité dans ce nouvel opus du groupe d'outre-Atlantique, mais bel et bien des titres savamment ficelés, encrés dans une époque déjà révolue mais dans laquelle on aime quand même se plonger, du moins musicalement parlant. Sinister Realm reprend les ficelles de ces temps-là, et, contrairement à certaines formations, n'y ajoute pas une once de modernité, même dans la production imparfaite mais tout à fait acceptable. De ce fait, l'esprit 80s est conservé à merveille, ce qui suscitera sans problème de bons souvenirs à des fans nostalgiques des opus heavy de cette période.

Mais là où le groupe peut surprendre pour ceux qui ne les connaissent pas, c'est qu'à cette formule déjà bien connue, ils y ajoutent une bonne dose de doom. Ainsi, on alterne entre des pistes résolument inspirées par Iron Maiden ou Rainbow (c'est le cas de « Winds of Vengeance », qui ouvre superbement l'opus, ainsi que de « With Swords Held High », etc.), tandis que parfois, on se voit basculer vers des registres que ne renieraient pas Black Sabbath, Candlemass ou même Grand Magus (« Tormentor (Deliver Us) » qui pourrait bien être un titre de l'un des deux groupes suédois sus-nommés, « The Shroud of Misery » ou encore la piste de fin « The Tower is Burning », petite perle). Ainsi, avec une alternance assez régulière entre ces deux registres, les cinq hommes parviennent à briser la monotonie avec dextérité. Et force est de constater que dans un registre comme dans l'autre, nous avons à faire à des musiciens expérimentés, qui, n'étant pas des manchots, créent des morceaux captivants, qui n'ennuient pas une seconde. Et ce n'est pas la superbe voix d'Alex Kristof qui montrerait une faille, car sa voix, cantonnée dans des registres plutôt graves, évitant donc un certain nombre de clichés, est maîtrisée à souhait, variée, et n'éprouve aucune difficulté. Le frontman est un point fort que Sinister Realm sait utiliser à son avantage. L'osmose voix/titre, proprement respectée, n'est pas là pour masquer une quelconque faiblesse en arrière-plan, tant l'édifice est solide et les éléments bien imbriqués les uns dans les autres.

Alors, il est où le problème ? Ça joue (très) bien, ça chante (très) bien aussi, ça sent bon la nostalgie et les bonnes vieilleries qu'on aime écouter parce que ça fait du bien de temps à autre, mais il manque à Sinister Realm une véritable personnalité pour s'affirmer pleinement et montrer l'intégralité de son talent. Car à chaque fois, nous avons droit à des évocations d'un tel ou d'un tel autre combo sans que vraiment, on se dise que ça, c'est du Sinister Realm pur jus, qui ne se contenterai pas  de reproduire le modèle d'un de ses idoles. Alors autant ces petites idées d'un autre temps sont excellentes, autant cette idée est déjà reprise par tant de groupes qu'on se demande en quoi les américains peuvent se démarquer face à une concurrence assez rude. Malgré ce manque certain d'identité propre, le combo a au moins ce bon avantage de posséder dans sa manche une bonne paire d'as, qui accouchent de pistes gagnantes. Les refrains sont taillés pour être des tubes, qui restent en tête et marquent. Et ça marche, et ce agréablement. C'est bien simple, il n'y a ni titre de remplissage, ni mauvais morceau, ni même de longueurs superficielles. Les membres du groupe savent y faire dans leur genre, et c'est pour cela qu'on ne résistera pas longtemps à l'entrain presque power metal de la superbe « With Swords Held High », à la typiquement heavy « Signal the Earth », qui plonge dans le passé, ou à la longue mais intense « The Tower is Burning », un doom traditionnel riche. N'oublions pas « Battle for the Sinister Realm », instrumentale, et « Winds of Vengeance », qui font passer un très bon moment, tout comme l'album en général.

Bref, Sinister Realm n'est pas un modèle d'originalité pour un sou, tant la formation a compris que c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures confitures. De ce fait, si vous cherchez un bon vieux heavy à vous mettre sous la dent, alors l'écoute de The Crystal Eye est tout à fait conseillée, de quoi raviver une certaine flamme pour les plus nostalgiques, mais aussi pour ceux qui aimeraient faire connaissance avec un univers heavy/doom que des représentants comme Candlemass défendent fièrement. Et avec les années, il est fort à parier que Sinister Realm sera l'un d'entre eux. Et c'est vraiment ce que l'on peut souhaiter, car cette nouvelle galette est vraiment de grande qualité. Avis aux amateurs, cet album est fait pour vous !

Sinister Realm 2011

Note finale : 8,5/10

Myspace de Sinister Realm

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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