Riverside (+ The Sixxis + Lion Shepherd) au Divan du Monde (27.10.2015)

Alors que Riverside délaisse petit à petit ses influences metal progressif pour s'orienter vers un rock atmosphérique plus lumineux, il nous tardait de voir comment les évolutions successives du combo polonais allaient s'exprimer sur scène. En effet, la musique de Riverside étant particulièrement tournée vers l'introspection et la contemplation sur Love, Fear and The Time Machine, au détriment des sonorités plus métalliques de la trilogie Reality Dream, les Polonais prennent un risque discographique qu'il est important de transformer en live. Mais avant cela, place à deux jeunes groupes, Lion Shepherd et The Sixxis, officiant dans des contrées sensiblement différentes de celles de la tête d'affiche du jour.

Lion Shepherd

De la même nationalité que Riverside, Lion Shepherd est un groupe encore inconnu, qui vient de sortir son premier album, Hiaeth. Les musiciens entrent en scène alors que le Divan du Monde est encore à moitié vide. Mais avec un rock progressif à mi-chemin entre Orphaned Land et Steven Wilson, Kamil Haidar (chant) et ses comparses vont rapidement envoûter l'audience. Les influences orientales du chanteur se fondent naturellement dans des compositions assez planantes. Par moments, le fantôme des premiers albums de Riverside vient s'immiscer dans les morceaux du combo. Le point d'orgue de la prestation est atteint lorsque le groupe interprète son "single", "Lights Out", qui prend une tout autre dimension en live.

Le public est curieux et applaudit tout de même de façon nourrie entre les titres, le tout sous le regard bienveillant des membres de Riverside présents dans le public et qui semblent satisfaits de donner de la visibilité à leurs poulains.

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Mateusz Owczarek (guitare) oscille entre plans de guitare proches d'un Steve Rothery (Marillion) tout en sachant muscler son jeu lorsque les compositions le demandent. La complémentarité du guitariste avec la voix du leader rend le prog de Lion Shepherd assez facile d'accès, mais l'émotion est toujours présente, renforcée par un son global bien équilibré.

Musicalement inspiré, Lion Shepherd est une formation à suivre de près tant elle a démontré de beaux passages instrumentaux et des influences bien digérées.

The Sixxis

Changement de registre avec The Sixxis, qui va profiter de trois-quarts d'heure pour tenter de séduire le public, avec un rock beaucoup plus musclé que le groupe précédent. Si en studio The Sixxis s'apparente à un groupe orienté hard rock, le concert de ce soir dévoile quelques subtilités supplémentaires, notamment par l'ajout de touches de claviers que Vladdy Iskhakov (chant, claviers) distille avec parcimonie.

Néanmoins, la musique du combo américain sonne très formatée FM, malgré de bons passages dilués dans des compositions bancales. Il est vrai que le public hoche de la tête sur les rythmiques entrainantes des extraits de Hollow Shrine, le dernier album du groupe. Mais le trop grand décalage avec les deux autres artistes du jour joue en la défaveur des américains. De plus, il est étonnant que sur un temps de jeu restreint (première partie oblige), The Sixxis case un solo de batterie peu aguicheur et surtout déjà vu.

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Les musiciens font pourtant leur possible pour assurer leur place, mais la communication avec l'audience est loin d'être exemplaire et le groupe semble très à l'étroit sur scène, en raison du matériel de Riverside déjà en place. Si la musique du groupe sonne beaucoup mieux sur scène qu'en studio, le concert de ce soir n'aura pas permis de changer d'avis sur le hard FM à tendance prog des américains, qui se démarque difficilement. Dommage, d'autant plus que les conditions sonores exemplaires du Divan du Monde auraient permis de découvrir cette formation de façon optimale.


Riverside

Une longue introduction de claviers retentit avant l'arrivée sur scène de Riverside, qui s'apprête à défendre Love, Fear and the Time Machine. C'est "Lost" qui a été choisi comme premier représentant du dernier opus et pour débuter ce concert. Comme d'habitude avec Riverside, c'est un prog planant et carré qui nous fait face, où le sens du détail est poussé à son paroxysme, même en live. Mariusz Duda est un leader incontestable et c'est tout naturellement vers lui que les regards se portent.

Le son est une fois de plus excellent, tout comme pour les deux groupes de première partie et permet de se délecter du son de guitare crystallin de Piotr Grudzinski enveloppé par les nappes de clavier de Michal Lapaj. La basse du leader se veut claquante et donne aux compositions cette rythmique si particulière et typique du son Riverside (« Feel like Falling », « Discard your Fear »). Si le groupe semble s’être assagit en studio, Riverside reste un bel exemple de groupe oscillant entre rock et metal progressif, tantôt agressif (« Hyperactive »), tantôt à fleur de peau (« Conceiving You »).

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Les titres de la trilogie Reality Dream sont peu nombreux ce soir, mais récoltent un accueil exemplaire de la part du public (« Panic Room » est toujours un classique des setlists). Et si Mariusz Duda compare ces derniers à un vulgaire Beaujolais, préférant les titres des derniers opus, qu’il considère meilleurs (« comme un bon Bordeaux » dixit le frontman), nous apprécions les deux, toujours de qualité.

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Question communication d’ailleurs, Duda se permet de plaisanter beaucoup plus qu’à l’accoutumée avec le public, bien qu’il garde en permanence un air sérieux et pince-sans-rire, à la manière d’un Mikael Akerfeldt (Opeth). Selon le leader, la formation a enfin trouvé son propre son, après avoir été le « Deep Purple polonais », « le Pink Floyd polonais » ou « le Dream Theater polonais ». Et l’on ne saurait être plus d’accord tant « Discard your Fear » par exemple semble être une belle œuvre personnelle. Transcendées par la voix du leader, les compositions du quartet font mouche auprès du public qui applaudit durant tout le set.

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Certes les fans de la première heure regretteront le manque de titres de la Reality Dream Trilogy, tels que « Second Life Syndrome » ou « The Curtain falls », depuis élevés au rang de classiques. Mais Riverside choisit d’avancer, ne jetant que brièvement un coup d’œil dans le rétroviseur. Le très progressif « Escalator Shrine » en est un bon exemple. Les claviers de Michal Lapaj rappellent d’ailleurs les grandes envolées à l’orgue hammond d’un Jon Lord, tandis que les soli de Piotr Grundzinski évoquent David Gilmour ou Steve Rothery. Ce titre, l’un des plus réussi du Riverside récent conclue le show des Polonais.

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Mais ces derniers n’ont pas dit leur dernier mot et c’est « The Same River » et son introduction sur fond de grésillements de radio qui est joué en guise de rappel. Ce titre nous ramène en 2001, au moment de la sortie de Out of Myself et prouve que les musiciens (dont seul le claviériste n’a pas participé à l’album) possédaient déjà une maturité impressionnante en guise de composition.
Comme pour boucler la boucle, Riverside termine avec « Found », dernier extrait du dernier opus. C’est un set à la fois puissant et envoutant que les Polonais ont su nous proposer. Et même si leur début de carrière n’a été que partiellement survolé, le public ressort sous le charme de cette nouvelle prestation parisienne du groupe, qui décidemment a désormais tout d’un grand du prog.

Setlist Riverside

Lost (Why Should I Be Frightened by a Hat)
Feel Like Falling
Hyperactive
Conceiving You
02 Panic Room
The Depth of Self-Delusion
Saturate Me
We got Used to Us
Discard Your Fear
Escalator Shrine

The Same River
Found (The Unexpected Flaw of Searching)

Merci à Fred Chouesne et Garmonbozia
Photographies : © Nidhal Marzouk
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe



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