Worship Music, vénère mais pas assez
Après de nombreux errements et changements de line-up, nos thrashers new-yorkais d’Anthrax nous servent enfin leur dernier album, Worship Music. Si la qualité est là, elle n’est pas aussi présente que sur leurs précédentes productions.
On en était à se demander si cet album sortirait un jour. Annoncé depuis 2009, cet album devait d’abord sortir avec Dan Nelson derrière le micro, puis John Bush, qui a été remplacé au pied levé par Joey Belladonna, chanteur légendaire du Anthrax Old School. Il a notamment chanté sur les excellentes compos de Spreading The Disease et Among The Living. Le groupe ayant eu plusieurs périodes musicales, quel type de thrash allait-il choisir pour Worship Music ?
C’est simple, cet album est, dans le style, dans la droite lignée de son illustre prédécesseur, We’ve Come For You All. A savoir du thrash à l’image jeune, et assez groovy. Cela se ressent également au niveau de la production, qui donne un album qui sonne presque pareil. Du Anthrax période Bush sans Bush. Si Joey Belladona n’arrive pas à son niveau, il se révèle assez crédible, malgré un style bien moins "fun" que dans les albums qui ont fait ses heures de gloire.
Côté chansons, on tient un tube : "Fight’em Till You Can’t". Avec sa rythmique entrainante, ses riffs accrocheurs et son refrain à chanter sous la douche, ce titre promet de faire headbanguer de nombreux thrashers. C’était déjà le cas, puisque le groupe le présentait déjà en live en 2009, quand l’illustre inconnu Dan Nelson tenait le micro. Et le reste ? On a en fait une première moitié de l’album correcte, surtout le mid-tempo "I’m Alive" et son refrain à tout casser. Ca se gâte à partir de la moyenne « The Giant », pour ensuite tomber dans l’ennui profond sur "Crawl", compo pataude qui ne va nulle part. Heureusement que le groupe relève un peu le niveau à la fin avec "Revolution Screams", qui s’énerve juste comme il faut. Si on passe un agréable moment à l'écoute de l'album, on n'en retient pas assez.
Malgré leur regain d’actualité, fortement aidé par la tournée du Big 4, Anthrax avait toutes les cartes en main pour nous servir un album de qualité, et de réussir là où leurs acolytes du thrash ont plus ou moins échoué, à savoir en sortant un album de thrash qui cassait tout. Si, en s’arrêtant à We’ve Come For You All, le groupe n’a pas subi le déclin que subissaient déjà leurs amis californiens, qui ont sortis des albums soit très moyen (Megadeth – Endgame), soit en atteignant les abysses de la nullité (Slayer – World Painted Blood), le bilan d’Anthrax n’est pas des plus réjouissants. La faute à un manque de spontanéité et de folie, qui laisse à cet album un goût de formaté. Le fan-service n’est pas ce dont le Thrash Metal a besoin pour avancer, Metallica l’a bien montré avec son Death Magnetic trop consensuel et mal exécuté.
Au final, Anthrax ne s’en sort pas si mal, même mieux que ses collègues du Big 4, mais un sentiment de frustration persiste. Frustration parce que cet album vient d’un groupe qui a toujours su se remettre en question pour maintenir la qualité de ses compos, même dans les périodes de disette et de manque de succès. Ici, le groupe a tenté de jouer la sécurité. Si l’édifice ne s’est pas effondré, des fissures commencent à apparaître.
En 2011, la crème du Thrash est ailleurs…