Formé en 2014 sur une idée de Mark Menghi, Metal Allegiance regroupe Mike Portnoy (ex-Dream Theater, The Winery Dogs, Flying Colors), Alex Skolnick (Testament) et David Ellefson (Megadeth) pour former un trio de rêve. Avec le renfort de grands noms de la scène Thrash et Heavy, le super projet Metal Allegiance a la grande ambition de revisiter le genre avec les plus grands techniciens que l'on y trouve.
Citer tous les intervenants, que ce soit dans la composition ou le chant, serait beaucoup trop long, mais on peut noter le passage de membres (ou ex-membres) de Lamb Of God, Trivium, Exodus, Arch Enemy, Mastodon, King’s X, Sepultura, Machine Head, Hatebreed, Anthrax, Death Angel, Lacuna Coil, The Dillinger Escape Plan, Pantera, Periphery et enfin Judas Priest.
Après un tel teasing, on avait de grosses attentes et les premières écoutes ne déçoivent pas. Le trio nous propose un ouvrage d'une grande qualité que ce soit en terme de compositions, de production et des invités.
L'album démarre sur une piste très lourde, "Gift of Pain" avec Randy Blythe (Lamb of God) au chant. Une vraie claque avec la voix très atypique de Blythe qui offre un imposant flot de testostérone. Nos trois musiciens n'ont pas prévu de faire dans la dentelle. Confirmation avec "Let Darkness Fall", un titre qui commence très fort avec une intro de batterie comme Mike Portnoy sait si bien les faire, suivie d'un riff de guitare bien groovy. A cela s'ajoute l'excellente voix de Troy Sanders (Mastodon) qui donne un aspect sombre et profond à la chanson. On peut aussi relever le beau break alimenté d'un très agréable solo de guitare mi-électrique mi-acoustique. On échappe pas à l'incontournable power ballad, « Dying Song », où la douce voix de Phil Anselmo (ex-Pantera) nous berce tout du long pour conclure sur un énorme solo d'Alex Skolnick.
Les morceaux s'enchaînent bien, c'est fluide et agréable. Place à "Can't Kill The Devil" sur laquelle Chuck Billy (Testament) donne de la voix. Une chanson qui aurait très bien pu se trouver sur Dark Roots of Earth de Testament tant on en ressent les influences de Skolnick et Billy qui produisent ici un gros travail. Les pistes suivantes sont exactement du même calibre, lourdes et précises. Musicalement c'est du très bon que nous propose le trio. La production fait que la batterie est assez en avant, mais quoi de plus normal lorsque c'est Monsieur Portnoy qui officie derrière les fûts ?
Chaque morceau possède une identité propre grâce à des styles de chants totalement différents. Mike Osegueda (Death Angel) et Cristina Scabbia (Lacuna Coil) se partagent le chant sur "Scars" alors que c’est Matt Heafy (Trivium) qui apporte sa mélodie lyrique sur "Destination Nowhere".
Metal Allegiance ce n'est pas qu'une concentration de talents ayant pour objectif d'accomplir des démonstrations techniques superflues, tout est calculé. Le titre "Triangulum (I. Creation II. Evolution III. Destruction)" est l'exemple parfait pour illustrer ces propos. Une composition technique et très progressive qui suit à la perfection les trois phases présentées dans le titre. L'intro à la basse d'Ellefson permet d'accrocher directement et la batterie de Portnoy suit parfaitement le mouvement. Alex Skolnick, Misha Mansoor (Periphery), Ben Weinman (The Dillinger Escape Plan), Charlie Benante (Anthrax) et Phil Demmel (Machine Head) se partagent les parties de guitares. Ils présentent donc plusieurs solos dans des styles bien différents, pour un résultat très convaincant.
"Pledge of Allegiance" est l'illustration même de ce qu'est Metal Allegiance. Un morceau typique de Heavy / Thrash qui pourrait même faire penser à certains moment au style Kill'em All de Metallica. Un bon riff et un refrain en choeurs qui affirme la volonté qu'a le groupe de rendre hommage au Metal. L'album se termine par un bonus, "We Rock" un cover de Dio où tous les invités participent au chant. Quoi de mieux qu'un morceau d'une des figures les plus emblématiques du mouvement pour clôturer cet album ?
C'est donc un pari réussi pour Metal Allegiance qui propose un recueil d'un peu tout ce qui se fait de mieux en heavy et thrash, dans la pure tradition américaine. Des riffs puissants et groovy, une basse musclée et mélodique, la batterie très percutante de Mike Portnoy. C'est du tout bon pour les fans de gros son. Sans aller chercher une grande originalité, on sent que c'est un album qui a été écrit avec beaucoup d'engouement et que chaque participant y a prit un réel plaisir. L'objectif de rendre hommage au metal est pleinement rempli.