"Machine Head est avant tout un groupe qui avance"
A l'occasion de la sortie du dernier album de Machine Head, le sympathique Dave McClain, batteur du groupe depuis 1995, a bien voulu nous accorder quelques minutes pour répondre à nos questions.
Vyuuse : Vous avez du tourner 4 ans pour The Blackening, vous sortez d’une tournée et vous allez bientôt en attaquer une autre. Vous adorez ça on dirait !
Dave McClain : Oui on a eu un break après la tournée de The Blackening, en février/mars 2010, on s’est posé chez nous un moment, Robb (Flynn, guitariste/chanteur du groupe) a pu rester avec ses enfants. On a pu commencer à écrire, aussi, on écrit tous chacun de notre côté. On a commencé à travailler sur une chanson, "This Is The End", qui est la première à être sortie, l’année dernière. On avait jusqu’à avril pour entrer au studio et enregistrer l’album. Après on a fait le Mayhem Festival en été (avec Megadeth et Disturbed, entre autres), et Unto The Locust est sorti.
En ce qui concerne l’écriture des chansons, tu as participé à "Darkness Within", qui se distingue par son côté mélancolique. Peux-tu nous en parler ?
C’est une chanson qui a évolué avec le temps. On s’est vu un jour avec Phil (Demmel, guitariste du groupe) et Robb pour échanger nos idées su la chanson, et elle était complètement différente au début. Quand Robb l’a jouée, c’était très intense au niveau de l’émotion, avec des paroles très personnelle. Il en avait les larmes aux yeux. C’était génial. Pour nous c’était une chanson un peu différente dans le répertoire de Machine Head, façon "Descend The Shades Of Night" ou "The Burning Red". C’est un peu plus poppy, un peu comme si Machine Head faisait une ballade à chanter au coin du feu. On a mis du temps à la finir, mais c’est une de mes préférées, je la trouve originale.
On va maintenant parler du titre de l’album, « Unto The Locust ». Il est assez mystérieux. Est-ce que c’est une référence à la bible, ou au film ?
Oui, c’est Phil qui a écrit les paroles, et il incorpore pas mal de références chrétiennes dans ses chansons. Pour la chanson "Locust", c’est une métaphore pour un type de personne qui se laisse porter par le vent, comme un essaim de sauterelles (« locust » en anglais) et qui sème la destruction partout où elle passe, comme les sauterelles qui détruisent les récoltes.
Dans cet album, c’est la première fois que vous avez inclus un ensemble de cordes. Comment ça s’est passé ?
Ca a commencé avec une autre chanson sur laquelle on travaillait, l’idée était qu’on entende juste Robb en chant clair avec un piano, un peu comme Black Sabbath a fait avec "Changes" (sur l'album Vol.4). On a pas réussi à aller au bout de cette chanson, mais on avait déjà l’idée d’y inclure un ensemble de cordes. Donc on a appelés les musiciens et on a enregistré leurs parties qui allaient sur chaque chanson. C’était cool, c’était la première fois qu’on tentait un truc comme ça. Ca c’est bien passé, on aime bien essayer de mettre des choses différentes, de pousser nos idées jusqu’au bout, donc inclure un ensemble de cordes nous a bien servi.
Donc, selon toi, la musique classique se mélange bien au Thrash Metal ?
Bien sûr ! Pour nous, c’est la première fois qu’on inclue des instruments classiques, mais tout un tas de nos plans sont directement inspirés de la musique classique.
Un autre point spécifique à cet album, vous avez invité un chœur d’enfants pour la chanson "Who We Are". Tu peux nous en parler ?
Quand on a commencé à faire cette chanson, et il fallait accompagner les paroles, très profondes.On a eu l’idée de faire un truc à la "The Wall" de Pink Floyd, avec un chœur comme dans une salle de classe. Donc Robb a amené ses enfants et on a enregistré tout ça. Il se sont très bien débrouillés, et Robb est très fier d’eux. Ca sonne de manière un peu étrange, un peu sombre. Le plus fun c’était de les regarder enregistrer, a essayer de se mettre en rythme et tout.
Unto The Locust est un album relativement court au niveau de la durée. Comment les gens ont réagi face à ça ?
Au fur et à mesure, on a commencé à faire des chansons de plus en plus longues. Sur The Blackening, il n’y avait que 8 chansons, sur celui là il y en a 7. On était content avec les chansons telles quelles. Certains de mes disques favoris sont très court, Reign In Blood de Slayer dure à peine une demi-heure, pareil pour Rush et Moving Pictures, il n’y a que 7 chansons dessus, et pourtant ils ont réussi à vraiment innover avec cet album. Sur Hemispheres il y en a 4 aussi. Pour nous, tant que l’ensemble tient, on est content, on ne veut pas rentrer dans un standard exprès.
En parlant de Rush, vous avez enregistré une reprise de Witch Hunt (Moving Pictures). Comment ça s’est décidé ?
Ca faisait très longtemps que je voulais faire "Witch Hunt". Je suis fan de Rush depuis que j’ai 11 ans, j’ai tous leurs albums. On a eu un feeling spécial avec cette chanson, elle est très cool. Même si Rush n’est pas un groupe de Metal, cette chanson est un peu à la limite entre le Hard Rock, le Rock Progressif et le Metal.
A la sortie de The Blackening, on a eu ce sentiment comme quoi quelque chose d’énorme avait été accompli. Quel est votre sentiment par rapport à The Locust ?
Alors tu vois, The Blackening, c’est l’album avec lequel on a décolé. Avant ça, Through The Ashes Of Empires était l’album qui nous avait un peu remis sur pied. Avec The Blackening, il nous est arrivé plein de trucs, on a tourné pendant très longtemps. A la fin, on a commencé à se demander ce qu’on allait faire avec le prochain album, comment on allait l’aborder. Et on a ouvert un autre chapitre. On a pas essayer de refaire le passé, on a juste écrit. Et quand on avait fini la première chanson, "This Is The End", on était très content de voir comment les choses tournaient, il se passait quelque chose de vraiment énorme.
Avez-vous prévu d’enregistrer un DVD pour la tournée de cet album ?
On n’est pas encore sûrs si ce sera un live ou un documentaire. En ce moment on a une équipe qui nous suit et qui nous a suivi pour toute la préparation d’Unto The Locust, quand on a commencé à écrire les chansons et tout. Donc si un DVD sort, ce sera surement un documentaire sur l’album, avec très probablement du live dessus. Pour l’instant on a aucune idée de quand ça sortira, c’est pas encore fini, mais ça avance.
Machine Head va bientôt fêter son 20ème anniversaire (en août 2012). Allez-vous faire quelque chose de spécial pour l’occasion ?
Je ne pense pas non. C’est quand même excellent qu’on ait pu rester autant de temps. Mais, pour l’instant, on n’a pas envie de regarder en arrière. Pour l’instant on a envie de jouer le nouvel album, de le présenter aux fans. On est heureux de ce qu’on a pu faire dans le passé, mais Machine Head est avant tout un groupe qui avance.
Ca fait 16 ans que tu es dans Machine Head, est-ce qu’il y a une expérience que tu retiens ?
Wow ! Il y en a plein ! Rien que d’être dans ce groupe, c’est excellent, de partager des choses avec les autres gars. C’est aussi l’occasion de tourner avec plein de groupes, comme Black Sabbath quand ils se sont remis ensemble, puis quand ils se sont encore remis ensemble avec Ronnie James Dio (sous le nom de Heaven And Hell), avec Metallica, et plein de'autres groupes.
Donc tu n’as pas besoin d’un projet à côté de Machine Head ?
Non, a part si on a envie de faire un truc vraiment différent, genre un groupe de Country, mais Machine Head nous prend beaucoup de temps. Ca prend du temps d’écrire les chansons, de tout préparer, de tourner… Donc on a pas vraiment le temps ou le besoin d’avoir un groupe en plus de Machine Head.
Vous allez bientôt tourner avec Sepultura en Amérique du Sud. Qu’est-ce que ça fait ?
C’est génial ! On va être dans leur pays (au Brésil). Sepultura a été une des influences de Machine Head. Au fil du temps on est devenus amis, et c’est vraiment énorme qu’on soit ensemble en tournée. On a vraiment hâte de partager la scène avec eux, et aussi de retourner là-bas. Ca fait des années qu’on n’a pas été en Amérique du Sud.
Est-ce que vous comptez faire quelque chose de spécial, comme monter sur scène avec eux, pour jammer, ou autre chose ?
Je ne sais pas, justement j’y ai pensé hier (mardi 27 septembre, ndlr). Ce serait très cool de faire un truc comme ça. On en a pas encore parlé, mais ça le ferait de jouer "Territory" ensemble par exemple !
Ca donne envie ! Est-ce qu’il y a des albums sortis cette année (2011) qui t’ont marqué ?
Alors il y a eu l’album de Times of Grace (Hymn Of A Broken Man) qui était très bon, le dernier Trivium, In Waves, excellent, il y a eu aussi Ghost (qui a sorti Opus Eponymus en 2010), j’adore ce groupe. Anthrax a aussi sorti un super album (Worship Music). Il y en a un autre aussi je pense, mais je n’arrive pas à m’en rappeler.
Avec The Blackening, vous avez gagné pas mal de fans, même en France. Est-ce que tu as quelque chose à dire sur les fans français ?
On a eu quelques uns de nos meilleurs concerts en France. Je me souviens de notre concert à Paris, quand on a ouvert pour Metallica (1er et 2 avril 2009). C’est énorme de tourner avec Metallica, mais parfois, c’est dur de bien chauffer la foule, ils viennent pour voir Metallica après tout ! Et à Paris, c’était excellent, le public criait bien fort, on avait presque l’impression qu’ils sur-jouaient ! Et c’est comme ça qu’on reconnaît nos fans français, et qu’on adore jouer ici.
Un mot de la fin ?
C’est toujours un plaisir de venir jouer en France, et Machine Head a hâte de revoir ses fans français en octobre/novembre.