Rakkatakka dandan dumdum rakkatakka zzzzziiiooong !
Non non, tout va bien je vous rassure, je voulais simplement vous saluer en Van Cantien, une langue totalement improbable puisqu'issue d'Allemagne et imitant le vrombissement d'instruments électriques divers tels que la guitare, la basse ou le clavier. "Ca y est, il est devenu fou, ça devait bien finir par arriver !", je vois certains d'entre vous avoir cette réflexion... Mais non, si je vous dis que tout va bien, c'est que je m'apprête à vous causer du 4ème album studio de Van Canto, groupe de "hero metal a cappella". Si si, a cappella, car tous les membres du groupes sont des vocalistes... sauf le batteur ! Une chanteuse, un chanteur, un "rakkatakka grave", un "rakkatakka aigu" et un "dandan grave". Oh my god... Bref, Break the Silence est paru le 23 septembre chez Napalm Records, de quoi amuser la galerie.
Enfin oui et non. Van Canto n'en est tout de même plus à son coup d'essai, le 1er opus (A Storm to Come) datant de 2006. Une véritable petite révolution fun à l'époque, avec notamment cette énorme reprise de Metallica ("Battery") en guise de cerise sur le gâteau. Depuis, le groupe a avancé, s'est fourvoyé d'autres reprises (Grave Digger, Manowar, Deep Purple, Blind Guardian, Iron Maiden, Nightwish...) mais aussi de guests prestigieux (Tony Kakko, Victor Smolski, Hansi Kürsch, Chris Boltendahl), et ce nouvel album ne déroge pas à la règle. On ne change pas une formule qui marche, on retrouve donc ici deux invités (Joakim Brodén de Sabaton et Marcus Siepen de Blind Guardian) ainsi que trois reprises : "Primo Victoria" de Sabaton, "Bed of Nails" d'Alice Cooper et "Master of the Wind" de Manowar (encore !). Autant vous l'avouer, ces covers rencontrent des fortunes diverses, allant de la réussie ("Bed of Nails") à la "bof pas terrible" ("Primo Victoria") en passant par la surprenante ; imaginez donc du Manowar avec un chant féminin lyrique... bah voilà, surprenante je disais.
Pour le reste, 7 compositions originales + 3 bonus tracks (dont, là encore, une reprise : "Bad to the Bone" de Running Wild, qui ne casse pas la jambe de bois d'un pirate). Un petit mot d'ailleurs sur ces bonus de l'édition limitée avant de vous casser les pieds sur le reste... Ma foi, outre la reprise ratée, on retrouve un "Betrayed" sympathique mais surtout un "A Stom to Come" (hommage au premier album du même nom ?) profondément épique et superbement construit le long de ses 9 minutes aux nombreuses narrations. On en regrette presque sa "non présence" dans la tracklist officielle, voici un titre qui aurait donné du coffre à un disque plutôt convenu.
Oui, convenu c'est le mot, car Van Canto tourne forcément un peu en rond en proposant globalement la même recette depuis ses débuts, se ramolissant un peu aussi au passage. Ne soyons pas trop dur, le son est bon et certaines compositions sont brillantes dans un mode "epic power fantasy" à peine masqué. Ainsi, les débats commencent tambour battant avec les tubes hyper accrocheurs que sont "If I Die in Battle" et "The Seller of Souls". Mention spéciale pour cette dernière et sa mélodie diablement efficace, sans parler des paroles qui donneraient gloriole et bravoure à n'importe quel chevalier prêt à engager la bataille : à faire tourner à fond dans vos jeux de rôle du weekend. La suite a cependant du mal à couler aussi fluidement dans nos oreilles, et on ressent une certaine lassitude à mesure que la galette s'avance (il faut dire aussi que la reprise de Sabaton apporte une rupture quelque peu maladroite). Il n'y a guère que le "Spelled in Waters" acoustique qui sauve un peu la mise en apportant une touche folk un peu surprenante... et très Blind Guardian, pour le coup, avec le guitariste du même groupe en guest façon "The Bard's Song" : un véritable hommage à l'un des groupes préférés du jeune combo allemand. N'oublions pas non plus "Neuer Wind" et son chant en allemand qui saute aux oreilles, que l'on pourrait croire risible de prime abord dans ce contexte mais qui achemine parfaitement le morceau jusqu'à son terme au fil des écoutes via un refrain des plus réussis.
Au final, Van Canto se veut épique, mélodique, amusant aussi en un sens, mais la recette a du mal à prendre au fil du temps. Rien ne semble pour autant perdu quant à l'avenir, le dernier bonus en est la preuve flagrante et même ici un poil frustrante. Oui, Van Canto peut encore aller plus loin et prouve ici, en plus de l'incipit de cette offrande, qu'il s'agit d'une véritable formation avec des musiciens (?) de talent capables de compositions perspicaces et abouties. Mention spéciale aux chanteurs Dennis "Sly" Schunke et surtout Inga Scharf, brillante du début à la fin dans un lyrisme léger parfaitement contrôlé. A suivre, encore et toujours, notamment en live où parait-il le groupe est bluffant... malheureusement les franciliens ne pourront apprécier leur prestation puisque le Out of the Dark Tour dans lequel ils devaient se produire a vu sa date parisienne annulée. Such a shame.
Note : 6.5/10