Beermageddon Fest V (7.11.2015)


Cinquième édition « anniversaire » déjà pour le Beermageddon Festival !
Ce petit festival parisien, né des activités associatives de Battle’s Beer dont l’objectif est de soutenir la scène metal pagan/black, poursuit son bonhomme de chemin à travers vents et marées.

Cette année, c’est au O'Sullivans Backstage que se déroulent les festivités. Petite salle de concert à l’arrière d’un pub, à deux pas du Moulin Rouge, on patientait avant l’ouverture en sirotant une petite bière.

L’ambiance est cosy, les spectateurs arrivent assez nombreux dès l’ouverture.


NEPTRECUS:

C’est Neptrecus qui a l’honneur d’ouvrir le bal.

Je rate le premier titre, car j’étais en train d’interviewer les Allemands de Black Messiah, mais rapidement mon oreille me fait comprendre que le groupe propose un black metal tout à fait respectable. Il maîtrise clairement le mid-tempo et comme le disait si bien un des spectateurs certes quelque peu aviné : « le fils du chanteur est excellent ! ». Il est vrai que Svarga fait jeune, et je vous avoue que je m’attendais plutôt un petit groupe de niveau moyen parfait pour commencer une soirée, mais la qualité est bien là !
 


C’est grâce à ce genre de formations que je ne manque jamais le Beermageddon. En effet, à chaque fois, les organisateurs arrivent à dénicher des groupes surprenants et toujours de qualité.
Neptrecus ne fait donc pas exception, et nous propose un black metal qui sait faire une place belle aux mélodies tout en gardant des gros riffs de guitares bien lourds.

 


Une bonne découverte donc ! Je vais d’ailleurs jeter une oreille plus attentive à leur dernier album Frères de Sang qui est sorti il y a peu.

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Darkenhöld :

Après une petite pause bienvenue pour aller se désaltérer au bar et discuter un peu, voilà un autre groupe français, qui exerce dans un style un peu différent. En effet, Darkenhöld pratique un black metal fortement teinté d’influence folk.


Le groupe affiche d’ailleurs clairement son intérêt pour l’univers médiéval et n’hésite pas à faire scander des « hey ! hey ! » entraînant le public, qui ne demande que ça.

La musique devient plus mélodique, presque joyeuse et l’on retrouve presque des petits airs dignes d’un Finntroll, c’est pour dire !


La base musicale reste cependant plus proche du black metal, et les ambiances quasi-gothiques semblent plaire au chanteur, Cervantes, qui n’hésite pas à se désaltérer dans une magnifique bouteille à l’inspiration médiévale et prendre quelques poses pleines de ferveur obscure.

Toujours est-il que le public apprécie, à juste titre !

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Himinbjorg :

Ah Himinbjorg… Dire que je me suis spécialement déplacé à la capitale uniquement pour eux serait un peu exagéré, mais il est clair qu’il s’agit de la tête d’affiche pour une bonne partie du public.

L’ambiance intimiste et presque étouffante par moment du Backstage semble particulièrement adaptée à leur musique.


En effet, le groupe distille un élixir rare car il possède une sonorité qui lui est propre. Je ne connais pas beaucoup de groupes à ce point authentiques. Leur musique développe en effet une atmosphère certes froide, mais qui touche également l’âme animale de chacun. Le chaud et le froid se mêlent donc dans une explosion de sensations et de pensées. Le chant de Zahaah provient des profondeurs de l’être. Peut-être que cela vient du fait qu’il est également bassiste et qu’il est donc habitué aux sons lourds et qui résonnent, peut-être est-ce simplement parce qu’il vit sa musique et que cela se remarque.

Quoiqu’il en soit, les vibrations ont été partagées par le public, provoquant à la fois quelques déchaînements pogotesques, mais aussi des états de transes contemplatives, même parmi les spectateurs les plus endurcis.

La setlist de ce soir traverse les années et s'achève, comme la tradition le veut, par leur géniale reprise de "The Horny and the Horned" d'Impaled Nazarene. Mais au final, malgré la grandeur du morceau, je me dis à chaque fois que les titres du groupe sont bien meilleurs pour la plupart (ne serait-ce que "Circle of Warriors" pour n'en citer qu'un venant d'être joué auparavant).

Himinbjorg arrive à maturité. Je le savais déjà depuis l’écoute de leur excellent dernier album Wyrd, mais il est clair que de rester fidèle à ses conceptions depuis tant d’années ne peut que magnifier encore davantage l’œuvre. De plus, les membres les plus récents semblent parfaitement intégrés dans cet univers musical si particulier, ce qui me fait penser que l’avenir, le destin, le wyrd d’Himinbjorg nous promet encore de belles choses…


 

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Black Messiah :

L’autre tête d’affiche semble attirer, tout du moins au début du concert, un peu moins de public. Il faut dire qu’après la prestation d’Himinbjorg, les allemands, peut-être moins connus ici, qui de plus exercent dans un style beaucoup plus festif, vont avoir du mal à convaincre.


Certains sont encore sortis de la salle, prendre l’air plus frais dans le pub. L’inconvénient étant que la programmation musicale de l’autre côté était assez décalée par rapport à l’ambiance du Beermageddon. Il est vrai que la musique « populaire » (comprenez ambiance dance & variétés) est d’autant plus difficile à supporter après trois bons groupes de black metal !
Si je connaissais bien Black Messiah par rapport à leur discographie riche et intéressante, je n’ai jamais eu l’occasion de les voir sur une scène. J’étais donc à la fois curieux et quelque peu inquiet de leurs performances devant un public plutôt orienté vers un style musical plus dur.


Le groupe est cependant composé de vieux routards à qui on ne la fait plus. D’une part, leur setlist était plutôt musclée. Peut-être au grand regret de certains, dont je fais partie, qui aurait apprécié un titre mélancolique comme par exemple le titre éponyme de leur dernier album « Heimweh » ou bien l’excellent « Andacht ».

Que nenni ! Le groupe enchaîne des morceaux plutôt rapides. Le chanteur, et accessoirement guitariste et surtout virtuose du violon, Zagan tente la communication en anglais avec la salle, mais il est évident que les rimes en allemand restent difficiles et obscures pour un public essentiellement français.

Par exemple, un des classiques du groupe, « Der Ring mit dem Kreuz » se termine sur ces paroles chantées en allemand, et comme à son habitude, Zagan se tait en tendant le micro, espérant que le public crie le texte à sa place, mais il n’obtient ici que des hurlements disparates. Mais remarquez, c’est l’intention qui compte et la salle semble de plus en plus bien attentionnée ! Il faut dire que Black Messiah propose une musique dynamique et entraînante, qui ne peut laisser personne indifférent !

Ne se décourageant pas, Zagan tente l’impossible, en apprenant au public les paroles d’une chanson à boire, « Sauflied », ce qui est justement sa traduction exacte. Or, comme partout dans le monde, les chansons à boire sont généralement dotées d’un texte à la fois simple mais compliqué pour quelqu’un ayant abusé d’alcool. Alors, un public français, pas bilingue pour un sou, ayant abusé de bière, vous imaginez ce que ça peut donner...

Pour vous faire une idée, je vous retranscris ici le texte du refrain que l’on devait chanter :
Japdabadei, jupdadadadei, japdabadei, jupdadadadei !

Oui… Et bien figurez-vous, que le public a, presque, réussi, c’est pour dire la motivation et la bonne ambiance qui régnait !


Il faut dire également que le groupe semblait s’amuser et les musiciens ne cessaient d’échanger de place, malgré la taille assez restreinte de la scène, et de se lancer des regards complices.  La fête était belle et bien au rendez-vous ce soir.
Pas de doute, Black Messiah a trouvé son public et a su terminer la soirée exactement comme il le fallait, dans la bonne humeur et la fraternité païenne !
Et pour tout vous avouer, jamais je n’ai vu quelqu’un jouer du violon avec tant d’efficacité tout en chantant !


Merci encore une fois aux gens de Battle’s Beer qui se démènent pour faire jouer d’excellents groupes et faire vivre la scène metal !

Et à l’année prochaine !

Thomas Orlanth
 

Photos : © 2015 Thomas Orlanth  - galeries complètes sur le site internet: www.thomasorlanth.com / Facebook . Toute reproduction interdite sans autorisation spécifique du photographe.


 



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