Vektor peut se vanter d’être un groupe totalement à part au sein de la scène metal. Tantôt progressif, tantôt thrash, les Américains ne font rien comme tout le monde. Et il est vrai qu’une certaine frustration s’était emparée du public français puisque la qualité de la musique de Vektor était proportionnelle à leur rareté scénique dans l’hexagone. Il aura fallu attendre deux ans après leur passage remarqué au Hellfest 2013 pour assister à une nouvelle prestation française. Le public, connaisseur, est venu en masse pour cette date et l’on aura rarement vu le Glaz’art aussi plein. Le thrash est d’ailleurs le maître mot de la soirée, puisque la salle accueille également les Hollandais de Distillator et les Espagnols d’Angelus Apatrida, qui constituent deux très belles entrées en matière.
Distillator
Après une fouille minutieuse à l’entrée de la salle, le public peut admirer un jeune trio, jusqu’alors inconnu au bataillon. Et pour cause, Distillator s’est formé en 2013 et vient tout juste de sortir son premier album, Revolutionary Cells. Dès le début de « Suicidal », le premier titre, on sent l’envie des jeunes musiciens de faire renaître l’esprit du thrash des années 80. S’inscrivant dans la même veine qu’Havok, le trio brille également par son jeu de scène et la qualité des compositions, qui bien qu’assez classiques font preuve d’une redoutable efficacité en live. Certes la musique du trio n’est pas des plus complexes à interpréter, mais elle fait mouche et c’est bien là le principal. Laurens (chant, guitare) possède un timbre de voix proche de celui d’un Steve Souza (Exodus) et balance des soli rappelant ceux de Kerry King à ses débuts. Le public suit totalement les injonctions du leader et headbangue en rythme, tandis que Frankie Suim (basse) court partout sur la pourtant très petite scène du Glaz’art. On sent les musiciens totalement dans leur élément, comme s’ils avaient dix ans d’expérience derrière eux, preuve que de jeunes formations en veulent et se donnent les moyens de parvenir à leurs fins.
Distillator cherche totalement à marquer les esprits et autant dire que c’est chose faite. En terminant son set par la reprise de « Black Magic » de Slayer, les musiciens marquent encore des points et se mettent dans la poche un public friand de ce type d’exercices. Distillator est donc une formation à suivre de près, en espérant qu’elle ne sera pas l’une de ces nombreuses révélations éphémères.
Setlist Distillator :
Suicidal
Guerrilla Insurgency
Shiver In Fear
Distinct or Extinct
Revilutionary Cells
Black Magic (Slayer cover)
Angelus Apatrida
Un peu plus d’un mois après leur passage dans cette même salle, en compagnie de Dew-Scented, Angelus Apatrida est de retour sur les planches, toujours dans l’optique de promouvoir Hidden Evolution, son dernier opus. Le set démarre d’ailleurs de la même manière que lors de leur précédent concert parisien, avec le très efficace « Immortal ». Malheureusement pour Guillermo Izquierdo (chant, guitare), la fin du titre est entachée par un grésillement qui provient de son équipement et qui pousse le quatuor à interrompre momentanément son set. On sent d’ailleurs le leader passablement énervé, puisque cet incident a pour conséquence de faire retomber l’ambiance qui s’avérait pourtant excellente. Après cinq minutes de pause, le groupe repart de plus belle et déroule la même setlist que lors du mois dernier (à l’exception de « Vomitive » non jouée ce soir en raison du retard accumulé par l’incident technique). Cela est bien évidemment dommage, mais compréhensible, le groupe préférant certainement assurer un show déjà rodé.
Le set est toujours aussi efficace et le public s’amuse totalement, quelques pogos gentillets se déclenchant sous le regard amusé de David Alvarez. Entre les titres, le leader n’hésite pas à féliciter le public d’être venu assister au concert malgré les récents événements de la capitale et nous fait part de son soutien. Le son est excellent et certains titres font déjà office de classiques en live, comme « Of Men and Tyrants » et « Serpents of Parade », et font d’ailleurs remuer de nombreuses têtes.
Au fil des dates, Angelus Apatrida se forge une sérieuse expérience scénique et s’érige en étoile montante du thrash européen, titre que personne n’oserait remettre en question après ces 40 minutes de jeu.
Setlist Angelus Apatrida :
Immortal
Violent Dawn
End Man
Of Men and Tyrants
First World of Terror
Give’em War
Serpents of Parade
You are Next
Vektor
Après ces deux premières parties de choix, place à Vektor qui participe ce soir à sa toute première date à Paris. Et pour fêter cela, le public du Glaz’art réserve un accueil plus que chaleureux aux Américains, et ce dès le premier titre, « Cosmic Cortex ». Le son est toujours aussi bon que pour les groupes précédents, et heureusement étant donné la complexité harmonique des parties instrumentales de la musique de Vektor. Malgré la longueur des titres, le groupe parvient à garder son public attentif et impliqué tout au long du set.
De son côté, David Disanto (chant, guitare) est en grande forme vocale. Sa voix aigüe intervient ponctuellement entre deux riffs techniques pour insuffler une bonne dose d’énergie à la musique du quatuor. Et si le combo est plus statique sur scène que les groupes l’ayant précédé sur les planches du Glaz’art, c’est pour mieux se concentrer sur des plans que n’auraient pas reniés les Canadiens de Voïvod.
Vektor en profite pour jouer quelques extraits de son troisième album, Terminal Redux, dont la sortie est prévue l’année prochaine. « Ultimate Artificer », dévoilé récemment sur la toile fait presque figure de classique. Vektor a su garder les éléments qui ont fait le succès d’Outer Isolation et Black Future, à savoir des rythmiques thrash bien emmenées par le jeu de batterie de Blake Anderson, associées à des soli de guitare venus d’une autre galaxie. Le public est moins déchaîné que pendant le set d’Angelus Apatrida et fait preuve de concentration pour saisir toutes les nuances du jeu des musiciens. Tout comme pour les groupes précédents, Vektor (et particulière David Disanto) salue les parisiens de s’être déplacés en nombre pour ce concert malgré le contexte tendu.
Comme pour récompenser ses fans de la première heure, Vektor n’oublie pas d’interpréter des titres de son premier album, Black Future, dont le morceau éponyme, l’un des grands moments de ce concert. Ce premier album sera d’ailleurs très bien représenté dans la setlist. Et malgré la relative longueur des titres, le set file très rapidement, si bien que lorsque les musiciens quittent la scène avant le rappel, les spectateurs se regardent incrédules. Mais en guise de rappel, le très bon « Asteroid » vient conclure une soirée exemplaire, avant que les musiciens ne se mêlent au public en toute simplicité, une fois le show terminé.
On espère bien qu’avec l’accueil qui leur a été réservé, les quatre musiciens de Vektor viendront poser leurs bagages plus régulièrement dans l’hexagone dans les années à venir. Et pourquoi pas très prochainement, une fois Terminal Redux sorti ?
Setlist Vektor :
Cosmic Cortex
Deoxyribonucleic Acid
Ultimate Artificer
Tetrastructural Minds
The Cygnus Terminal
Black Future
Psychotropia
Accelerating Universe
Rappel :
Asteroid
Photographies : © Arnaud Dionisio/Ananta 2015
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Un grand merci à Garmonbozia