Betraying the Martyrs – Breathe in Life

     Betraying The Martyrs… Comme vous êtes des lecteurs acharnés de la Grosse Radio, je survolerai la présentation de ce combo Français et vous renverrai à l’interview menée par Born666 dans ces pages. En effet, vous en apprendrez un peu plus sur ce sextet de chez Listenable qui se fait porteur d’un message fait d’amour et de respect.

     Après une première sortie qui n’a pas fait l’unanimité et avec un look et une imagerie assez branchée « teenagers made in USA », Betraying The Martyrs avait fort à faire pour ne pas passer pour une formation superficielle qui cherche à se caler une place sur un radeau metalcore qui a le vent en poupe.

     En gros, on peut dire que ces métalleux-là sont attendus au tournant par les allergiques au tape-à-l’œil et, autant le dire tout de suite, ces derniers risquent d’avoir une belle surprise avec Breathe In Life.

     Le voyage commence avec la pochette, simple et assez douce, qui ne jurerait pas pour un album de pop-ambiance. Elle est plutôt belle et incontestablement réussie, mais pas d’hémoglobine, pas de chevalier, pas de noir ou de zombi… il faut passer à l’écoute pour être sûr qu’on a bien à faire à du metal !

     C’est là que ça ne rigole plus du tout. La superbe intro « Ad Astra » fait monter la sauce d’une façon très classique qui ne laisse pas présager de l’agressivité qui suivra. C’est le tubesque « Martyrs » qui nous met tout de suite dans le bain avec la parfaite panoplie du morceau qui tue : un piano qui impose une ambiance fantastique, des guitares ultra pêchues qui jouent au ping pong façon Decapitated, une batterie qui tabasse, une basse distordue et lourde et un duo de voix extrêmes et claires. Tout ça est ficelé par une production énorme et le produit est très pro et sérieux, la maturité est au rendez-vous et nous sommes déjà loin de The Hurt, The Divine, The Light qui fait d’ores et déjà office de coups d’essais à côté de Breathe In Life.

     La musique de Betraying The Martyrs est super complète : on appréciera tout autant les plans rythmiques complexes (qui peuvent évoquer Behemoth) que les harmonies et arrangements parfois proches du grandiose (comme sur le très orienté death/black « Leave It All Behind », lui-même parfaitement introduit par « Liberate Me Ex Inferis », bel interlude glauque). Les titres sont très bien construits et la guidance permet de profiter de chaque partie avec plaisir et de goûter pleinement à leur efficacité.

     Le seul hic selon moi, c’est qu’il ne faut pas craindre les voix claires façon emo qui mettent une sacrée dose d’eau dans le vin (eau bénite et vin de messe en l’occurrence). Les interventions vocales de Victor ne manquent pas de qualité et elles participent à la largeur de la palette sonore du groupe, mais, au milieu de cette brutalité sauvage, les passages les plus doux font baisser l’intensité d’un ton. Les puristes du metal extrême risquent donc de faire la grimace mais, rassurez-vous, c’est pas de la pop non plus et le niveau de bourrinage reste tout à fait respectable ! D’autant plus que Betraying The Martyrs ne tombe pas dans la facilité systématique des structures « couplets agressifs/refrains mélodiques » et la voix principale reste bien celle du nouveau venu, l’anglophone Aaron qui ne fait pas dans la demie mesure avec une grande puissance et un timbre excellent.

     Le son de Breath In Life est très puissant et donne aux riffs des allures de rouleau compresseur. Tout est très clair et compréhensible comme on peut l’entendre sur « Life Is Precious », un titre à tendance progressive, à l’intro ravageuse et aux superbes parties de clavier. C’est avec « Tapestry Of Me », un morceau intense et alambiqué, qu’on entend que le combo sait aussi se faire chaotique et brouillon pour un effet bordélique et farouche toujours maîtrisé.

     Nombreux, les breaks et ponts peuvent, lors de la première écoute, donner aux compo des airs de dédales mais, encore une fois, le fil conducteur reste solide et l’auditeur ne risque pas d’être lassé par les nombreuses variations (caractéristique sur « Love Lost »).

     Par contre, je regrette de n’avoir pas plus de soli à me mettre sous l’oreille ! En effet, l’absence de soli n’est pas un problème en soi, mais quand ceux-ci sont aussi bons que celui de « Tapestry Of Me » voir carrément excellents (celui de « Leave It All Behind » est terrible !), j’en demande encore…

     Globalement, variété rime ici avec homogénéité et efficacité et on passe sans encombre de l’agressivité de « Man Made Disaster » au brutal « When You’re Alone » (dont certaine passages sont de véritables clins d’œil à l’Archaic Abattoir de Aborted) en passant  par les refrains fédérateurs de « Because Of You » et la ballade « Azalee ». D’ailleurs celle-ci esquive presque le gnangnan (j’ai toujours peur du gnangnan quand il y a une ballade !) grâce à une construction rythmique chargée et originale. Et puis faut bien reconnaître que c’est un super beau morceau et que, si ces mecs sont Chrétiens, ils n’en sont pas pour autant curés. Alors il leur faut bien une chanson pour emballer les filles.

     En bref, nous avons là un superbe album extrême qui ratisse très large. Le martyr est un témoin de sa foi et de sa réalité… et bien nous sommes ici les témoins d’une putain de puissance ! Par la suite, Betraying The Martyrs pourra peut être approfondir sa personnalité et se décoller plus encore des mouvements qui n’ont pas manqué de l’influencer ; c’est en tout cas, à mon avis, en ce sens que le groupe pourra s’améliorer… Mais le résultat est déjà énorme et promet de bons gros concerts qui dégomment.

     C’est à l’office qu’on entend «  aimez-vous les uns les autres  » et « donnez-vous la paix » … et bien, grâce au Breathe In Life de Betraying The Martyrs, ç a marche aussi à domicile et sur les planches avec une grosse baffe de metalcore.

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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