Après les tristes événements de mi-novembre, Le rythme des concerts reprend peu à peu. Le public ose à nouveau se déplacer en masse pour un concert de Hard et c'est tant mieux ! Rien de plus agréable que de profiter de ces bonnes choses !
Ce sont donc quelques 10 000 personnes qui se sont réunies le soir du 30 novembre 2015 à la Halle Tony Garnier de Lyon, lors d'un rendez-vous intergénérationnel très attendu.
Europe
La fosse est déjà pleine. Les gradins eux, se remplissent petit à petit lorsque la légende suédoise d'Europe lance un compte à rebours de neuf chansons avant l'arrivée du géant allemand. La foule ne tarde pas à donner de la voix, mais cela ne durera pas. Joey Tempest est en pleine forme malgré l'âge et rugit sur "War of Kings" pendant John Norum prend un malin plaisir à prouver que même après 36 ans de carrière, certains guitaristes n'ont rien perdu en dextérité. Ils enchaînent avec "Hole In My Pocket", tout aussi pleine d'énergie bien que redondante. Ces deux titres sont issus du dernier album du groupe, War of Kings. A première vue, peu de spectateurs avaient pris connaissance de celui-ci auparavant, mais ça ne saurait tarder.
Le son est étonnamment bon pour une première partie, dans une salle pas vraiment réputée pour son acoustique. "Superstitious" arrive lentement, on entre en terrain un peu plus connu avec cette première ballade, pour enchaîner sur "Ready or Not" où Joey Tempest, guitare en mains, assure les parties rythmiques, pendant que Norum sublime ses solos. Les balances sont bien faites, la basse de John Leven est présente mais ne surplombe pas tous les autres instruments, tout comme la batterie de Ian Haugland et le clavier de Mic Michaeli. Les Suédois entament ensuite "Carrie", ballade mythique sur laquelle le public va commencer à se réveiller, et chanter les refrains en chœurs. Le calme avant la tempête puisque ce sera la dernière ballade du set et le public étant fin prêt à participer, "Last Look At Eden" est lancée. Beaucoup plus de bras en l'air, plus de mouvement et plus de chant lorsque Tempest tend le micro à la foule, peut-être sentent-ils arriver ce que tout le monde attend ? Et bien non !
Malgré les quelques personnes qui hurlent le nom du titre qui a valu sa renommée internationale à Europe, c'est "Rock The Night" qui est jouée et pour ne pas faire retomber la pression le groupe enchaîne avec "Days of Rock 'n' Roll". Et c'est à ce moment précis qu'arrive le tant attendu "The Final Countdown" : il faut avouer que ça fait quand même un petit quelque chose de le voir en vrai au moins une fois dans sa vie. La fosse chante à tue-tête et les sourires sont présents. Europe aura réussi son coup ce soir et même si beaucoup attendaient ce dernier titre avec impatience, le groupe n'en a pas fait cas et a présenté un show de près de 50 minutes, d'une grande qualité, en ouverture de ce qui promet d'être un excellent concert.
Etait-ce une bonne idée de programmer Europe en première partie de Scorpions ? Clairement, oui ! Le public très réceptif a su leur donner un accueil honorable, mais surtout mérité au vu de leur excellente prestation.
Setlist :
War of Kings
Hole in My Pocket
Superstitious
Ready or Not
Carrie
Last Look at Eden
Rock the Night
Days of Rock 'n' Roll
The Final Countdown
Scorpions
Scorpions, qui décide de sortir un nouvel album, puis d'entamer une tournée pour célébrer sa cinquantième année d'existence et tout ça après une grosse tournée d'adieux en 2012, en a fait blablater plus d'un. Mais avoir la chance de voir, de nos jours, un groupe enchaîner les concerts après cinquante ans de carrière, c'est quelque chose d'incroyable. Surtout vu la qualité des shows proposés et l'énergie dégagée lors de ceux-ci.
Tous les espaces disponibles dans le pit se comblent peu à peu, on est légèrement plus serrés, mais la chaleur humaine, c'est bien aussi. L'attente entre les deux concerts est assez longue, vu tout le matériel qu'Europe avait à déplacer, cela semble normal. La salle est presque pleine et le spectacle peut commencer !
"Going Out With A Bang" fait office d'ouverture, quelques petits "oh oh" retentissent dans le public pendant les refrains, mais le titre ne semble tout de même pas être familier à la majorité de l'audience. Tant pis, c'est un titre qui bouge ! "Make It Real" arrive avec les couleurs du drapeau français projetées en fond, et des centaines de téléphones sont brandis dans les airs pour capturer l'instant, ce qui rend la foule un peu plus statique, mais ne l'empêche aucunement de hurler les refrains. Le son est incroyablement bon, les leads et solos de Matthias Jabs viennent nous percuter directement. Il arpente la scène et sa grande avancée avec son acolyte Rudolf Schenker, et ils ne manquent pas de faire tourner les têtes de toutes les personnes présentes sur les côtés de la fosse. Fort de ses 67 ans, Klaus Meine n'est plus en mesure de laisser traîner sa voix sur les refrains mais le public s'en charge presque aussi bien.
Petite pause de quelques secondes avant "The Zoo" où Klaus délivre un petit message d'espoir par rapport aux événements du 13 novembre. Et c'est parti, Rudolf Schenker se trémousse à sa manière sur la lente rythmique du morceau, qui se termine par l'interminable festival de talkbox de Matthias Jabs, durant lequel, comme à son habitude, Klaus jette des dizaines de baguettes dans le pit. S'en suit l'instrumental "Coast to Coast" et sa fameuse guitare lead. Les Allemands ont pour habitude de jouer un gros medley, composé de quatre morceaux visant à rendre hommage à quatre albums différents. Ce sont "Top Of The Bill" / "Steamrock Forever" / "Speedy's Coming" / "Catch Your Train" qui sont choisis et ça rend plutôt bien.
Après ce medley, un autre est en approche, mais en acoustique cette fois. Ainsi, tous les musiciens se regroupent sur l'avancée de scène, et seul PaweŠ‚ MÄ…ciwoda garde sa basse en électrique pendant que James Kottak s'installe sur son petit siège spécial pour les percussions. Trois morceaux sont joués, "Always Somewhere", "Eye of the Storm" du dernier album et "Send Me an Angel" sur lequel le public entier chante les refrains. Et c'est beau, les frissons sont accentués par le logo tricolore de la Tour Eiffel mélangé au symbole de paix projeté en fond. Mais ce n'est rien comparé à ce qui nous attend avec "Wind of Change", qui suit la même lignée, où le public quasi complet chante couplets et refrains. Beaucoup d'émotion dans la salle, un public conquis, parfois les larmes aux yeux, c'est ça l'effet Scorpions. Rudolf assure parfaitement sa partie, mais trouver un guitariste plus crispé que lui lorsqu'il joue un solo doit-être assez compliqué. La chanson se termine avec un public envoûté, chantant a capella les dernières paroles.
"Rock 'n' Roll Band", "Dynamite" et "In the Line of Fire" sont interprétées et tous les musiciens quittent la scène. Sauf Kottak qui reste planté là, bien déterminé à nous en mettre plein la vue ! Il commence à tambouriner son "Kottak Attack" maintenant bien connu. Il s'arrête, boit un verre cul-sec, enfile une toque de cuisinier floquée "Paul Bocuse" et recommence à taper jusqu'au moment ou il se lève, monte debout sur sa batterie qui elle même est déjà suspendue à trois mètres du sol, tourne le dos au public et retire son T-shirt où figure la même inscription "Rock 'n' Roll Forever" reprise par tatouage dans son dos.
La pression n'a pas le temps de redescendre que Rudolf prend place aux commandes de son bolide, la belle Flying V grise dotée d'un pot d'échappement. La machine Scorpions redémarre au son de "Blackout" et son riff simple mais assassin. Le set se termine par "Big City Nights" histoire de mettre tout le monde d'accord encore une fois, en chantant les refrains avec ferveur.
Le groupe vient saluer la Halle Tony Garnier, remercier le public et s'en va. Noir complet dans la salle, quelques fans s'offusquent "Mais non ? Et "Still Loving You" ? Ils peuvent pas partir sans l'avoir joué si ?".
Bien entendu que non, ils ne peuvent pas. Le retour des artistes se fait justement sur l'arpège de cette dernière sous les clameurs de l'audience. C'est le rendez-vous des bisous, tant de couples se sont formés sur ce slow en 1984 que ça fait ressortir quelques bons souvenirs, j'imagine. Ce sont de belles images qui remontent le moral après le triste mois de novembre qui vient de passer, "Still Loving You" et Scorpions sont les preuves que musique et amour dominent encore sur la haine et la peur.
Le tube "Rock You Like a Hurricane", un peu moins charmant, est interprété tel le bouquet final d'un feu d'artifice pour clore le spectacle. Une foule en délire, des cris, du chant et l'incroyable prestation de Matthias Jabs sur ce qui est certainement un des morceaux contenant les leads de guitare les plus fous des années 80/85.
Scorpions aura livré un show impeccable ce soir, impressionnant d'énergie et de joie. Le groupe était heureux de jouer pour le public de Lyon et ses alentours, et la foule le leur aura bien rendu. Un beau jeu de scène, d'immenses écrans pour que tout le monde puisse apprécier le live à sa juste valeur et un excellent son. Il est fou de se dire que cinquante ans après leurs débuts, après le passage de musiciens historiques dans le groupe, après plusieurs tournées d'adieux, on ait encore la chance d'assister à un tel spectacle, et on ne remerciera jamais assez des groupes comme Scorpions pour ceci et pour tout ce qu'ils apportent à leurs fans et aux fans de hard rock en général.
Setlist :
Going Out With a Bang
Make It Real
The Zoo
Coast to Coast
Top of the Bill / Steamrock Fever / Speedy's Coming / Catch Your Train
We Built This House
Delicate Dance
Always Somewhere / Eye of the Storm / Send Me an Angel
Wind of Change
Rock 'n' Roll Band
Dynamite
In the Line of Fire
Kottak Attack (solo de batterie)
Blackout
No One Like You
Big City Nights
Rappel :
Still Loving You
Rock You Like a Hurricane
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