Orphaned Land fait partie de ces groupes que l’on prend plaisir à voir, et qui, ne nous en plaignons pas, sont régulièrement de passage dans la capitale.
Cette fois-ci, les Israéliens nous font le plaisir de se produire à Paris dans le cadre de leur tournée européenne acoustique. Il s’agit d’une première dans l’histoire du groupe, mais cette date a aussi sa particularité, puisque deux sessions sont prévues : l’une l’après-midi, précédant la seconde, quelques heures plus tard, en début de soirée. C’est donc une double chance qu’a aujourd’hui le public parisien, d’assister à un concert unique, dans un cadre des plus intimistes.
Event Flow
Le concert débute par une première formation de rock progressif, venue d’Italie, Event Flow. La prestation du groupe est déjà entamée lorsque j’entre dans la salle. Les Italiens disposent de bonnes rythmiques, les mélodies sont agréables et entrainantes, le chanteur nous présente le nouvel album de son jeune groupe. Pourtant, malgré des compositions intéressantes, le groupe reste statique, et trop peu communicant. De ce fait, le public, déjà maigre, semble avoir du mal à être totalement transcendé, et reste un peu sur sa faim. C’est dommage, car on se dit qu’il y a du potentiel, mais cette prestation ne nous laissera pas un souvenir impérissable.
Molllust
La suite de la soirée s’annonce pourtant sous les meilleurs auspices avec l’arrivée de la seconde formation, Molllust. Quasi exclusivement féminin, ce groupe allemand s’apprête à délivrer son "opéra metal" de bien belle facture. La formation prend alors place sur scène, et on ne peut s’empêcher de remarquer l’élégance de ces dames, vêtues de somptueuses robes longues, en accord parfait avec le genre de la musique proposée.
La chanteuse, dans un Français approximatif, parvient à décrocher de nombreux sourires et à propager sa bonne humeur, tant s’exprimer dans la langue de Molière semble périlleux pour elle, tout autant que sa détermination et sa spontanéité font plaisir à voir.
Nous apprenons qu’il s’agit là du premier passage du groupe à Paris. Qu’à cela ne tienne, ils peuvent être fiers de partager une aussi belle affiche, dans un tel cadre.
Côté humour, le guitariste n’est pas en reste : couronne sur la tête, le voilà à faire le pitre en faisant le tour du public ! On s’amuse du grain de folie de ce curieux personnage ; décidément, Molllust est un groupe est la fois envoûtant et à l’aspect totalement théâtral sur scène. On apprécie le côté chaleureux du groupe et son naturel. "C’est merveilleuse d’être ici !", nous lance-t-on.
En plus d’avoir livré au public ayant répondu présent, une musique vibrante et profonde, Molllust semble parfaitement à l’aise sur scène, et manie d’une superbe façon l’humour et l’auto-dérision. A en juger les visages ravis et les applaudissements fournis de l’assemblée, c’est une très belle réussite pour les Allemands, qui auront su marquer les esprits, attiser la curiosité du public et lui faire passer un très agréable moment.
Setlist:
Ouvertüre Nr. 2
Unschuld
König der Welt
Paradis perdu
Ave
(Johann Sebastian Bach cover)
Sternennacht
Number in a Cage
Lampedusa
Voices of the Dead
Stimmgewalt Choir
Alors que le public attend à présent la venue sur scène d’Orphaned Land, c’est la troupe allemande Stimmgewalt Choir qui prend place sur les planches, et ce ne sont pas moins de six choristes, que le public peut acclamer. Lorsque les Allemands entament, a capella, une reprise de Rammstein, de toute beauté, c’est une excellente surprise. Ces voix talentueuses se mêlent pour interpréter ainsi plusieurs reprises, dont l’une, signée Van Canto : "Last Night of the Kings". Quelle harmonie entre les six choristes, et quelle puissance des vocalises ! C’est une jolie claque que nous offre le chœur allemand. Enfin, en guise de conclusion des plus épiques et joyeuses, quoi de mieux qu’une véritable déclaration d’amour à notre boisson tant aimée, la bière ? L’un des choristes affirmera même: "the love of my life". Cheers !
Setlist:
Engel (Rammstein cover)
Reptil (Janus cover)
Last Night of the Kings (Van Canto cover)
Beer, Beer, Beer - An Ode to Charlie Mopps
Orphaned Land
Désormais placés au fond de la scène, les Allemands laissent place à Orphaned Land, dont la poursuite du concert est immédiate. Pas de chichis, pas de blabla inutiles, le décor est planté. Kobi Farhi, tout de blanc vêtu et pieds nus, comme à son habitude, entame rapidement la prestation. En guise d’introduction, "Simple man", suivi du désormais culte et rassembleur "All is one", hymne repris en chœur par un public ravi.
Les musiciens, assis, derrière un Kobi dont le charisme est constant, s’affairent à leur jeu, concentrés, nous livrant une musique et des mélodies riches en émotions. Kobi affiche une belle complicité avec le jeune et récent guitariste du groupe, Idan Amsalem, remplaçant de Yossi Saharon depuis 2014.
Le très émouvant "Brother" fait frissonner l’assemblée, c’est un véritable message d’amour et de paix, que Kobi ne manque pas, une fois encore, de rappeler, au cours d’un bref monologue, avant les désormais habituelles interventions, quant aux sujets forts et essentiels aux yeux du groupe.
Les chœurs du Stimmgewalt Choir viennent tantôt sublimer la musique des Israéliens, tantôt lui apporter encore davantage de profondeur, de puissance, d’émotions.
Kobi semble toujours autant habité par ses chansons, on peut ainsi l’observer yeux fermés, le visage expressif, ondulant devant son micro. Il rappelle alors la chance et l’opportunité de jouer ici.
Mais que serait un bon concert sans un bon rappel ? Piochant dans Sahara et Mabool, Orphaned Land nous offre, le temps de trois titres supplémentaires, les derniers moments de plaisir et de partage de ce concert intense.
Orphaned Land n’est que paix et amour, nous le savions déjà. Orphaned Land est aussi humour, car "pas besoin de prendre une douche après un show acoustique", déclare Kobi. Nous voilà heureux !
Setlist:
The Simple Man
All Is One
Let The Truce Be Known
Olat Ha'tamid
A'salk
Brother
Bereft in the Abyss
Building the Ark
El Meod Na'Ala
New Jerusalem
Sapari
In Thy Never Ending Way
Encore:
The Beloved's Cry
Norra El Norra (Entering The Ark)
Ornaments of Gold
C’est une soirée des plus agréables à laquelle nous venons d’assister ; une soirée riche en émotions et belles surprises, dans un cadre intimiste et parfaitement adapté, durant laquelle les groupes présents auront livré leur prestation si singulière.
Merci à Access Live Productions et au Zèbre de Belleville.
Photos : Arnaud Dionisio / © 2015 Ananta
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