Nous le disions dans la chronique de leur dernier album : Staind n'a jamais à proprement parler percé en France. Et pourtant, la Cigale est bien remplie en ce mercredi d'octobre pour venir les applaudir.
Comme dans tout concert de nu metal, le public est loin d'être entièrement composé de métalleux. Des personnes de tous genres et de tous âges sont venus assister au spectacle du quatuor américain, seul date française de la tournée.
Première partie : April Divine
C’est une première en France pour le groupe Suédois April Divine, inconnu au bataillon. Les quatre jeunes gens ouvrent la soirée dans une salle bien remplie… et ont bien failli plomber l’ambiance. Après un premier morceau plutôt énergique mais peu original, c’est une véritable débâcle. Dès le second morceau, le public, jusqu’alors regroupé dans la fosse, se rue vers les escaliers pour aller peupler les balcons où se trouvent des sièges… histoire sans doute de piquer un roupillon en attendant que cela se passe ! Souffrant de balances inadaptées (on n’entend guère le chant et l’ensemble est assez confus), le groupe nous propose un mélange insipide de Muse, d’emo-rock… Bref, rien de bien terrible. Le frontman fait, sans conviction, quelques tentatives de communication avec le public qui se soldent toutes par des bides intersidéraux. En prenant acte, les Suédois enchaîneront leurs trois derniers morceaux sans un mot. Et en plus, April Divine impose pas moins de sept morceaux ! Une première partie plutôt longue donc, qui laisse le public parfaitement amorphe, perplexe et sacrément refroidi.
Staind
Une demi-heure plus tard, les stars de la soirée montent enfin sur les planches de la Cigale. Des planches bien savonnées par leurs prédécesseurs, puisque tout le travail de motivation du public reste à faire.
Fort heureusement, les Américains ont opté pour une set list résolument classique, ne proposant que cinq extraits de leur nouvel album sur les dix sept morceaux qui constituent le show. Un choix sans doute judicieux du point de vue du public, puisque celui-ci répond largement plus présent, comme toujours, aux morceaux qu’il connaît qu’aux nouveautés qui lui sont moins familières.
Staind entame donc avec le violent "Spleen", issu de l’album Dysfunction. Le public est réceptif d’entrée, met mettra un petit moment à émerger de sa torpeur. Il faut ainsi attendre le troisième morceau, le classique "Right Here", pour voir éclater un premier pogo. "Eyes Wide Open", qui suit immédiatement, est le premier extrait du nouvel opus, et recueille un certain succès, quoique moindre par rapport aux grands classiques tels que "Falling", "Just Go" ou encore "Mudshovel". L’ambiance ne retombera pas, et ira même crescendo au fil du concert, les quatre artistes alternant à merveille violence et mélodie, et distillant avec finesse les quatre autres extraits de leur nouvelle galette ("Failing", "Throw It All Away", "Paper Wings" et "Not Again").
Le set est résolument metal, ce qui confirme la volonté de retour aux sources déjà bien démontrée sur le dernier album. Cependant, ce sont les balades qui recueilleront le plus grand enthousiasme de la foule, tout particulièrement "It’s Been A While" et, bien sûr, le très attendu "So Far Away", que la salle reprend à tue-tête.
Techniquement, on ne peut rien reprocher au quatuor US : le batteur Sal Giancarelli, qui remplace Jon Wysoki au pied levé, tient parfaitement son rôle et encadre la musique avec précision et efficacité. On notera également l’excellente prestation du guitariste Mike Mishok qui, en plus de jouer ses soli sans la moindre fausse note, fait montre d’une énergie communicative en alternant headbang et divers sauts fantaisistes sans jamais se fatiguer. Enfin et surtout, un Aaron Lewis impressionant, reproduisant sans difficulté ses performances studio, chantant ses parties mélodiques avec une justesse bluffante, et échangeant avec le public avec beaucoup de sympathie, d’humour et d’entrain.
Enfin, comme sur l’album, Staind fait le choix audacieux de jouer le calmissime "Something To Remind You" en rappel. Silence d’église dans le public pour écouter cette balade poignante, pendant laquelle Lewis produit une ultime et grandiose performance vocale, remplissant tout l’espace sonore de sa voix puissante. Un tonnerre d’applaudissements vient conclure une prestation menée avec brio, et achevée avec panache. Les quatre gaillards Staind ont fait plus que le job ce soir-là : ils ont fait le show.
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Photos : © 2011 Nidhal Marzouk / Yog Photography
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