Autant être totalement honnête, votre serviteur n’avait pas posé les oreilles sur un album de Coheed and Cambria depuis Year of the Black Rainbow (2010), fort excellent au demeurant. Avec The Color Before the Sun, l’occasion est donnée de se rattraper, d’autant plus que cet opus est annoncé comme le premier n’étant pas rattaché au concept des Amory Wars, développé par Claudio Sanchez (chant, guitare) depuis le début de la formation du groupe. Au lieu de cela, cet album est à prendre comme un recueil de chansons indépendantes, écrites par le leader, et faisant références à sa vie privée.
Dès « Island », le titre d’ouverture, on a cependant l’impression de se retrouver avec une chute de studio d’un groupe pop-punk, tant le côté joyeux du titre rompt avec les titres progressifs catchy auquel le groupe nous avait habitués.
Coheed and Cambria a souhaité prendre des risques et varier le propos, mais il en résulte une première partie où aucun titre fort ne se démarque, et où la simplicité semble avoir remplacé l’audace qui caractérisait les cinq premiers opus du groupe new-yorkais.
Cette sensation perdure d’ailleurs presque jusqu’à la moitié de l’album, c’est à partir de « Here to Mars » et « Ghost » que les choses sérieuses commencent réellement. Cela entraîne donc une succession de trois titres dispensables, qui plus est placés en ouverture. Heureusement « Here to Mars » est l’un des meilleurs morceaux de la galette et rentre immédiatement en tête, tandis que son successeur est une ballade épurée montrant tout le talent vocal du chanteur.
Par la suite, « Atlas » et « You Got Spirit, Kid » relèvent le niveau et font partie des titres majeurs de The Color Before the Sun. Le chant de Claudio Sanchez, toujours proche de celui d’un Geddy Lee (Rush), s’y fait moins maniéré et les sonorités popisantes laissent la place à des riffs plus pêchus. Mais « Young Love » semble à son tour moins inspiré, ce qui a pour conséquence de faire retomber l’excitation chez l’auditeur.
Heureusement, côté rythmique, le duo constitué de Josh Eppard (batterie) et Zach Cooper (basse) fait des merveilles et semble totalement en phase, bien aidé en cela par une production qui permet de faire ressortir la section rythmique.
Le dernier titre, « Peace To the Mountain », le plus long de l’album clôt ce huitième opus avec une ambiance calme, presque cinématographique, renforcé par des arrangements de cordes et de cuivres qui malheureusement font tomber le groupe dans la mièvrerie.
Au final, cet album est très inégal et sa cohérence n’est pas du tout assurée par Coheed and Cambria. Y cohabitent en effet des titres excellents et de nombreux que l’on souhaite passer rapidement. Et lorsque l’on s’aperçoit que la moitié des titres seulement donne envie de réécouter ce Color Before the Sun, on se demande si le format EP n’aurait pas été plus adapté. Alors que Coheed & Cambria cherche à évoluer et à s’éloigner de son concept et de ses influences prog présentes depuis ses débuts, c’est paradoxalement à ce moment que le groupe est le moins bon et peine à susciter et à maintenir l’excitation de l’auditeur sur la longueur.
On espère que cette baisse d’inspiration chez les new-yorkais n’est que passagère et qu’ils parviendront à rapidement redresser la barre.
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