Les Français de Ende exercent depuis 2011 et ont comme but ultime et sincère de nous ramener aux sources du black metal old school. Leur musique est noire comme du sang coagulé, épaisse et très sombre…
The rebirth of I fait dans l’enregistrement à l’ancienne (sans pour autant que ce soit fait au fond des bois sur un vieux magnéto à cassette posé sur un tronc d’arbre), mettant en avant une atmosphère lourde et sans espoir sans oublier une superbe présentation : visuel et logo parfaitement en adéquation avec la musique qui va suivre.
On est tout de suite plongé dans leur univers : sombre par l’ambiance et rugueux par la voix, avec « Den glemte skogen ». La musique dégage de la puissance, de la haine portée par de forts changements de rythme.
Froid comme une plaine survolée par des corbeaux « Black Sorcery of the Great Macabre » fait du petit bois des dernières souches qui traînent sur son passage. Riffs accrocheurs sur la rythmique de Thomas Njodr évoluant entre mid-tempo, passant par des blasts et des accélérations bestiales. La production n’est pas surfaite et tient la route, laissant la place aux instruments qui nous entrainent sur des pentes vertigineuses aux relents malsains, où le son des guitares sont des plus inquiétants, à la limite du faux, jusqu’aux derniers instants du titre.
I. Luciferia (chants, guitares, basse, keyboards) nous aménage avec « An Ode to Bathsheba » une clairière musicale, moment d’accalmie mais qui présage sous cette pluie d’hiver la proximité d'un grand danger.
En effet, le « Seul, vers les ténèbres » qui suit dégage de l’énergie avec une mélodie enivrante tirant vers un esprit proche de celui des premiers Kampfar, et une batterie qui se défoule sur les cymbales. Très intéressant, tout comme « Quintessence of Evil » qui nous délecte de cette ambiance malsaine. Les musiciens font à nouveau preuve d’une grande maîtrise quant à savoir comment créer un univers qui leur est propre à coup de médiators tranchants et de lignes mélodiques pernicieuses.
C’est aussi bileux, comme le titre « Aux relents fiels », pesant, avec un très bon équilibre entre l’agressivité de la voix, les arpèges des guitares et les variations de rythmes.
Les cris des corbeaux planent à nouveau au dessus de nos têtes, on doit être en état de décomposition avancée, cela n’annonce rien de bon, comme le titre l’indique, « Une forêt de cadavres ». Violence par les riffs et la voix déchirée, les climats nous laissent du répit par des arpèges bien trouvés et merveilleusement bien exécutés, il s'agit assurément la pièce maîtresse de l’album ; pluie et vent sont les seules choses qui restent dans ce paysage de désolation.
On termine par « May, 1885 », le morceau le plus long de l’album avec toujours comme fil conducteur ce vent glacial, cette pluie, cette nature inhospitalière qui nous entoure. Nous sommes frigorifiés, seulement abrités sous une malheureuse branche dépourvue de feuille, grelotant et bleus de froid sous la pluie, pendant qu’un chant liturgique égrène sa mélopée avant que le glas ne sonne pour nous signifier que l’on est déjà mort, c’est la fin… Ende…
Lionel / Born 666