En force ou au courage ?
Après une année 2014 très riche qui avait vu les japonais tourner en Europe avant la sortie de l'excellent Vetelguys, les power metalleux de Galneryus reviennent à peine un an plus tard avec leur dixième opus intitulé Under the Force of Courage disponible dès ce 23 décembre sur iTules. Pour une approche plus progressive et moins directe qui pourrait bien en décevoir certains...
Le côté boulimique de Galneryus au niveau de ses sorties peut encore surprendre, mais ce ne sont pas ses fans qui seront étonnés par la parution d'un nouveau disque attendu au tournant après la bombe Vetelgyus. C'est pourtant avec un gros contre-pied que la bande du Soleil Levant nous attend, et ce même si l'on reste tout de même en terrain conquis.
Après des introductions sur lesquelles nous allons revenir, les Japonais enchaînent d'emblée deux morceaux tubesques qui font trembler les chaumières de bonheur. "Raise My Sword" est un excellent choix de single à la mélodie imparable et aux joutes instrumentales parfaites, sept minutes qui passent en un éclair pour un morceau qui restera dans le livre d'or du groupe. Si l'on considère la suite comme une autre tuerie à sa façon, un "The Voice of Grievous Sky" plus léger mais dans la plus pure tradition Galneryus en mode "générique de manga", on peut se demander s'ils ne vont pas encore réussir à faire mieux et une nouvelle fois nous bluffer.
Mais voilà, contre-pied oblige, c'était sans compter sur des tentatives d'évolution peut-être un peu brutales qui surprendront avant de laisser quelque peu dubitatif. Commençons par l'erreur de goût que constitue le démarrage du disque, deux intros un peu particulières... Si "Premonition" reste classique, mais quelque peu gâchée par une narration maladroite et kitsch (dans le mauvais sens du terme), on se demande pourquoi celle-ci se voit suivie d'une instrumentale terriblement progressive qui certes est intéressante sur le plan technique mais qui frustre surtout en raison sa durée ridiculeusement courte alors qu'un développement était pressenti et attendu. Ce "The Time Before Dawn" ne laisse cependant aucun doute : Galneryus a voulu rendre un petit hommage à Dream Theater, sauf que son placement ainsi sur le CD parait incongru. Plus loin, "Rain of Tears" étonne et détonne par sa structure un peu bancale et ses éléments progs là aussi inspirés par le géant américain mais agrémentés de passages chant extrême plutôt soudains. Le pont ultra épique ne suffisant ainsi pas à faire de ce titre une réussite.
Plus loin, "Renewal for Betrayal" et "Soul of the Field" se situent un peu entre deux eaux, on reste un peu sur notre faim à leur écoute même si les mélodies ont quelque chose d'intéressant. Ces deux titres prouvent surtout que Galneryus a eu du mal à trouver son chemin sur un album qui lorgne vers une complexité plus "adulte" tout en voulant garder la fraîcheur qui fait la marque de fabrique de la formation. Quant à la traditionnelle ballade intitulée ici "Chain of Distress", elle offre un certain réconfort dans un bon feeling très direct et un refrain qui reste fort bien en tête, malgré le fait qu'elle ne marquera pas autant les esprits que le savoureux "Secret Love" de Vetelgyus par exemple.
Peut-être qu'au final le quintette nippon a voulu trop bien faire, en faire trop aussi, j'en veux pour preuve ce dernier morceau quasi éponyme et ses interminables 14 minutes. Même si la structure révèle une grande intelligence de composition, cette longue litanie peine à s'imposer à nos oreilles, faute à une ligne directrice musicale assez minimaliste qui ne laisse pas la place à quelques sommets épiques. On est malheureusement loin du splendide "Angel of Salvation" sur le disque du même nom.
Galneryus a donc pris pas mal de risques avec ce nouvel album mâtiné d'éléments plutôt inhabituels pour le combo speed-power-sympho-néoclassique. Si la maîtrise technique se veut encore plus brillante, nos japonais favoris perdent en accroche et semblent avoir un peu bâclé le travail sur les mélodies qui, malgré leur côté toujours accrocheur, deviennent parfois assez répétitives. Rien de bien grave car Under the Force of Courage reste une pièce musicale assez intéressante, bien que simplement moins marquante que son prédécesseur ou la majeure partie d'une discographie déjà fournie et quasi sans faute.
Note réelle : 6.5/10
