Mieux vaut tard que jamais ! Sorti en 2014, l’EP des Defibrillators qui nous intéresse aujourd’hui mérite qu’on revienne sur son cas sur le tard. LE groupe en fait d’ailleurs toujours la promo, et la chronique coïncide presque avec la vidéo tournée pour le morceau "Spend My Money", parue en décembre. Plongée dans un univers plein d’énergie, comme on n’en avait peu rencontrés depuis le MC5…
Ambiance transpirante et suffocante, sol collant de houblon et de Jack Daniel’s, amplis usés jusqu’à l’os et poussés jusqu'à 11. Tel est le décor que suggère ce quatre titres des Français de The Defibrillators. Dès la première, "Red Eyes Fish", le son transpire l’énergie brute de décoffrage. Le frontman Mr Newton T Bag égrène ses lignes avec une voix rauque, éraillée à la croisée de Jimi Hendrix, Neil Fallon (Clutch) et du regretté Lemmy Kilmister. Puissance, authenticité, absence d’artifice, tout est réuni pour une grand moment de "dirty rock’n’roll", comme le groupe aime qualifier sa musique. Au niveau des guitares, Didi Dragster et Stoof délivrent un son direct servant au mieux les riffs au groove imparable, qui ne peuvent que faire taper du pied. Certains dédoublement de tempo sont diaboliques malgré leur relative simplicité - sur "Riff Glory" notamment.
D’un point de vue production, le tout a été capté analogiquement, ce qui apporte ce grain brut cher aux fans des années 60 et 70 que sont les membres du groupe. Seule la basse semble légèrement en retrait, mais le résultat du passage des Defibrillators par le Big Balls Studio fait réellement honneur aux compositions. Les arrangements sont parcimonieux, jamais dans l’excès, et servent le dynamisme et la richesse des mélodies : le pont instrumental de "Red Eyes Fish" contient à titre d’exemple son lot de petits plans bien sentis, apportant groove et subtilité à l’univers rentre-dedans de la composition.
Le titre "Spend My Money", dont le récent clip est visible ci-dessous, rentre dans la tête et n’en ressort pas pendant plusieurs jours. Les deux guitares, dont la panoramique est bien large, se répondent et se complètent, tout en laissant à la voix l’air dont elle a besoin pour s’exprimer. La batterie y est lourde et martèle le rythme, hochements de tête garantis.
L’EP, trop court, s’achève par un titre chanté en espagnol, "Hymno De La Mujer", qui peine un peu plus à convaincre par certains aspects. Le refrain est malheureusement assez convenu vocalement parlant. L’opposition des silences et du riff principal, très intense et précipité, est intéressante, mais un peu trop répétitive à la longue, si bien que le morceau semble légèrement tourner en rond. Il ne s’agit donc pas de la meilleure conclusion que pouvaient offrir The Defibrillators, mais ce morceau un petit cran en dessous des autres ne fait aucunement oublier la qualité de ses prédécesseurs.
L’ensemble de l’EP semble taillé pour la scène, ce qui fait parfaitement sens, tant c’est l’endroit pour lequel vivent les Defibrillators. Après avoir tourné au maximum, aux côtés de The Last Internationale, 999 ou encore le grand Brian May, le groupe a acquis une grande expérience scénique, et une maîtrise de son énergie, qu’il a réussi à canaliser sur ce Sin, Degradation, Vice, Insanity, Debauchery. On espère voir rapidement les Defibrillators par chez nous, pour constater par nous-mêmes le rendu prometteur de ces compositions sur scène. Ce qui est sûr, c’est que ce ne sont pas les éloges émanant de Wayne Kramer, guitariste du MC5, qui nous en dissuaderont !