Mass Hysteria (+ X Syndicate et First Rage) à  l’Autre Canal de Nancy (18.12.2015)

Juste avant de s’accorder des vacances bien méritées, Mass Hysteria nous donnait rendez-vous à l’Autre Canal pour le dernier concert de 2015. Venu défendre leur formidable dernier opus Matière Noire, c’était l’occasion pour le groupe de retrouver la Lorraine et son public qui attendait un nouveau passage depuis bientôt 3 ans. Et si les Français n’en sont qu’au tout début de leur tournée marathon, ils peuvent déjà mesurer leur popularité intacte avec les très nombreux fans présents ce soir.

First Rage

First Rage commence à se construire une réputation en Lorraine. Globalement, on sait que si leur nom est sur l’affiche, il y a de fortes chances que l’on passe un très bon début de soirée. Mission accomplie une nouvelle fois avec brio ce soir.

Musicalement, le groupe tout de rouge vêtu évolue dans un rock fusion évoquant autant Rage Against The Machine ou Skindred que le bon vieux néo-metal français. Les deux frontmans se partagent le chant avec un flow rapide et fluide, bien qu’on ait parfois du mal à saisir toutes les paroles. Mention spéciale à Bob et à sa versatilité, capable de passer du rap à un chant ragga que ne renierait pas Benji Webbe.

First Rage, Mass Hysteria, L'Autre Canal, Nancy, 2015

A part ça, pas besoin d’aller chercher bien loin le crédo de First Rage, c’est même écrit en gros sur leur t-shirt : « Alors allume ton spliff, et lève ton verre » que le public ne se prive pas de reprendre avec joie. Le groupe n’hésite pas à marteler son message hédoniste sur des titres comme « Lousy Sound », « Wild Wild East » ou « Sale » où DJ Labah (et sa tenue de circonstance) nous balance un beat trap du plus bel effet.

Mais il ne faut pas oublier que First Rage sait aussi se faire plus sérieux et engagé sur des chansons comme « Une vie pour une balle », pamphlet contre la guerre où la filiation avec Rage Against The Machine se fait évidente.

First Rage, Mass Hysteria, L'Autre Canal, 2015, Nancy

Profitant d’un son bien meilleur que la semaine dernière avec No One Is Innocent, les musiciens ne sont pas en reste, et notamment la section rythmique qui construit discrètement tout le groove du combo. Steff à la basse est toujours aussi impressionnant visuellement, déroulant sa technique de slap avec une facilité déconcertante.

Le public, bien que timide en début de set ne s’y trompe pas et tente même un wall of death moyennement convaincant sur la conclusion « Wild Wild East ». Alors que leur deuxième album sortira « si tout va bien » au printemps 2016, First Rage a fait une nouvelle fois forte impression. De quoi grappiller encore de nouveaux fans.

X Syndicate

 

Changement radical de style avec X Syndicate. Les quatre filles et le batteur Alex vont fournir pendant près de trois quarts d’heure leur punk hardcore ultra-énergique, taillé pour la scène. Bizarrement, malgré les vingt ans de carrière du groupe, une large majorité du public semble découvrir pour la première fois les compositions directes envoyées par Bigoude et sa bande. Pas d’inquiétude, leur hardcore parfois teinté de thrash ou de rock n’ roll est simple et efficace et des pogos enthousiastes se déclenchent rapidement.

Malheureusement, des problèmes de sons affecteront X Syndicate pour la majeure partie de leur set avec notamment la guitare de Lady Bittersweet sous-mixée en permanence. Un comble étant donné qu’il s’agit de son avant-dernier concert avant de partir vers d’autres horizons.

X Syndicate, Mass Hysteria, Nancy, L'Autre Canal, 2015

Rappelant vaguement la mouvance New-York Hardcore, le groupe mène son concert tambour battant avec très peu de temps mort. On constate malgré tout que l’ensemble tourne rapidement en rond. Sans être mauvais, les riffs envoyés par le combo sont trop répétitifs et finissent par plus ou moins se ressembler. On tombe de temps à autre sur un titre qui se démarque (l’impeccable « Friend Or Foe ») mais c’est trop peu pour véritablement nous convaincre.

La voix de Bigoude est en tout cas un gros point fort. Elle rappelle étrangement les voix du thrash old school des années 80 avec ce timbre à la fois éraillé et puissant caractéristique. Parfois soutenue par les chœurs de ses camarades, sa performance réussit à rendre le set du quintet un peu moins linéaire.

X Syndicate, Nancy, L'Autre Canal, 2015

Alors que sur le côté de la scène, Mouss de Mass Hysteria ne perd pas une miette du show, X Syndicate enchaîne les titres assez inégaux avant de se retirer sous les applaudissements d’un public apparemment conquis. Tant mieux, puisque le groupe est loin d’avoir donné un mauvais concert. Pas mauvais mais pas inoubliable non plus.

Mass Hysteria

Dès que Mass Hysteria monte sur scène, on constate tout de suite que l’ambiance monte de plusieurs crans. Avec « Tout doit disparaitre », le groupe commence pied au plancher et déclenche instantanément un énorme mouvement de foule qui ne s’arrêtera plus. Il faut dire qu’ils nous avaient manqué, plus de deux ans après leur dernier passage dans la région.

Mass Hysteria, Nancy, L'Autre Canal, 2015

Mass Hysteria sur scène, cela reste une impressionnante machine, parfaitement huilée. L’arrivée de Fred Duquesne n’a en rien perturbé la mécanique et le guitariste se fond à présent naturellement dans le collectif, en complément de Yann qui envoie toujours ses riffs tel un bucheron imperturbable. Presque rien à dire sur le son, absolument massif et qui permet aux compositions de prendre une ampleur incroyable, justifiant le statut de groupe de live collé aux Français depuis un moment. Seul petit problème, rapidement corrigé : les samples electro, partie intégrante des compositions du groupe sont totalement inaudibles au début du concert, empêchant de saisir les nuances de titres comme « Babylone ». Dommage également que l’harmonica de « Vae Soli » ne soit pas joué en live.

Mass Hysteria, 2015, Nancy, L'Autre Canal

Le public est assez incroyablement déchainé, ce qui impressionne de façon visible tous les membres du groupe. « On sent que ça faisait longtemps qu’on était pas venus » lâche Mouss dès les premiers titres. La communion entre un groupe et son public est rarement aussi palpable et elle se vérifie d’autant plus lors de la désormais classique descente du frontman et des deux guitaristes en plein milieu de la fosse pour jouer « P4 » au milieu du circle pit.

Etonnamment, le groupe ne dégaine pas les titres de Matière Noire d’entrée de jeu, préférant le désormais classique « World on Fire ». Pourtant, lorsque sont lancées des bombes comme « Chiens de la casse » ou « Vector Equilibrium », on se rend compte à quel point Mass Hysteria parvient à se bonifier à chaque album. Alors qu’un titre comme « Notre Complot » est plutôt poussif sur album, il prend toute sa dimension en live, écrasant tout sur son passage par la violence de ses riffs.

Mass Hysteria, nancy, l'autre canal, 2015, fred dusquesne

Le reste de la setlist est assez classique, avec les incontournables que sont « Une Somme de détails », « Babylone » ou le final « Furia » où tous les membres de First Rage et X Syndicate sont invités sur scène. Bien sûr, cela manque un peu de surprise et le groupe aurait pu ressortir un « Knowledge is Power » ou un « Zion », mais en plus de vingt ans de carrière, la construction des setlists est sûrement loin d’être facile. En parlant des vingt ans, il est amusant de constater que le groupe continue d’axer son discours sur son anniversaire (« ça fait 20 ans qu’on se connait ») alors que théoriquement, ça fait 23.

On leur pardonne en tout cas facilement grâce à l’excellent « Failles », l’un des titres les plus puissants et subtils de la carrière de Mass Hysteria, ressorti de l’oubli sur cette tournée. Rien pour faire retomber l’ambiance donc, même si le public se calme un peu pendant l’enchaînement mid-tempo « Babylone » - « L’Enfer des Dieux ». Comme bien souvent, c’est « Contraddiction » qui fait office d’apothéose du concert. Classique parmi les classiques mais toujours d’une efficacité redoutable, le titre vieux de 15 ans reste toujours l’un des meilleurs morceaux écrits par le groupe.

Mouss, mass hysteria, l'autre canal, nancy, 2015

On sait que la performance de Mouss constitue parfois le point faible des concerts de Mass Hysteria. Aujourd’hui, le frontman est souriant et en voix, même si il lutte un peu sur des titres plus exigeants comme « Failles » ou « Positif à bloc ». Comme d’habitude, il n’oublie pas de ponctuer ses interventions de discours engagés en appelant à soutenir les groupes français ou en sensibilisant le public à la cause du don d’organe.

Sans surprise, Mass Hysteria effectue son rappel en invitant quelques spectatrices sur scène pour « Respect To The Dancefloor » avant d’enchaîner avec « Plus que du metal » où le public peut s’adonner avec joie à plusieurs wall of death.

Yann, Mass hysteria, nancy, l'autre canal, 2015

Pour ce dernier concert de l’année, on aura assisté à une vraie communion entre un groupe et son public, séparés depuis bien trop longtemps. A chaque album, Mass Hysteria semble atteindre l’apogée de sa carrière, mais le combo parvient à chaque fois à se surpasser. Un rythme effréné qui se ressent sur la qualité des concerts et le propulse facilement comme l’un des tout meilleurs groupes français.

Photos : Oeil du Viking Photographie



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