Deux ans après l’excellent Endgame, qui avait rassuré les fans après des années d’errance, le numéro deux du Big Four of Thrash nous revient avec son treizième album, originalement (ou pas) baptisé Thirteen (ou TH1RT3EN, c'est comme vous voulez), sorti le 1er novembre chez Roadrunner Records. À noter : le retour du bassiste originel Dave Ellefson, après plusieurs années d’absence. À l’échelle de leur carrière, les Américains viennent tout juste de redresser la barre. C’est donc non sans une certaine fébrilité qu’on se lance dans ce nouvel opus.
« Sudden Death » ouvre la galette sans grand panache, avec une intro un peu bordélique et des soli dans le plus pur style « technique-pas-mélodique » et un mid-tempo peu entraînant. Heureusement, « Public Enemy N°1 » redresse la barre, avec un refrain facile à retenir et une performance vocale de Dave Mustaine digne de sa légende. Un peu à la Mötorhead, ce style tout en lourdeur et en vitesse nous permet de rentrer un peu plus dans un album pourtant mal embarqué. « Whose Life » remonte encore un peu le niveau : débauche d’énergie, mélodie inspirée et soli enfin à la hauteur de nos attentes par le bon vieux Chris Broderick, toujours fidèle au poste.
Hélas, « We The People », plus hard rock et plus lent, fais retomber l’enthousiasme. Malgré un travail de composition certain et un bon solo aux accents orientaux, on a la désagréable impression que Megadeth tente de faire du Alice Cooper… en oubliant que ce n’est pas leur branche ! Une impression de vide ressort d’un morceau faiblard en terme d’intensité, et une conclusion en son clair qui tombe comme un cheveu sur la soupe… Y a pas à dire : chacun chez soi, et les amplis seront bien gardés ! Et malheureusement, le morceau suivant, « Guns, Drugs & Money » n’est guère mieux. En fait, le morceau est à l’image de son titre : dénué d’originalité. Mélodie plate, des riffs de guitare à la Arctic Monkeys (en plus gras, certes), une platitude rythmique désarmante… On commence à s’inquiéter un peu, faut pas s’le cacher !
Bilan mitigé pour « Never Dead » : une longue intro calme déroutante, mais qui a le mérite de changer, laisse place à un morceau rapide, efficace. Pas de quoi se rouler par terre, mais vu le triste doublé qu’on vient de s’enchaîner, pas question de faire les difficiles ! Et puis, restons sérieux : quand Megadeth fait quelque chose de moyen, ça reste globalement bon.
Et ça s’améliore à nouveau avec « New World Order », plus fin, plus travaillé surtout question gratte. Il y a de bons changements de rythme, d’excellents riffs, des breaks d’enfer. Le début paraîtra un poil lent à certains, mais tenez bon : la chose accélère vers 2:30, et la deuxième partie du morceau envoie vraiment le pâté… On n’y croyait plus !
« Fast Lane » - « Black Swan » - « Wrecker » : le tiercé gagnant de l’album. ENFIN un peu de grand rock’n’roll ! Dave Mustaine au sommet de son art, alors qu’il décevait depuis le début de l’album. Un chant mélodique et inspiré, des plages instrumentales virtuoses, ou la technique parvient enfin à céder un peu de terrain au profit de la mélodie… Bref, du Megadeth comme on l’aime, les temps de trois morceaux qui, a eux seuls, méritent d’acheter l’album.
Vous vous en doutez, un treizième album appelé Thirteen devait forcément contenir… treize morceaux. Et c’est peut-être là par gourmandise que pêche le quatuor californien. Treize morceaux, c’est un peu long, et du coup, ça génère un peu de remplissage. Les trois derniers morceaux de l’album en sont clairement. « Millenium of the Blind », simili-balade qui commence calmement, un peu comme un blues, puis part plus ou moins vers le thrash… le cul entre deux chaises, un mic-mac curieux et peu ragoûtant. Lui-même suivi d’un « Deadly Nightshade » tellement inutile que votre serviteur ne sait même pas quoi en dire. Enfin, un titre éponyme (ou presque), « 13 » qui, comme tout titre éponyme, nourrit les espoirs. Eh bien, il n’est pas foncièrement mauvais, ce titre. Plutôt lent, mais pas dénué d’une certaine charge émotionnelle, il donne juste parfois l’impression d’avoir été composé par un groupe de rock pour adolescent rebelle. « 13 » = « J’ai treize ans » ?
Vous l’aurez compris, il y a de très bon morceaux dans cet album, mais aussi beaucoup de superflu. Un opus mi-figue, mi-raisin, qui, sans vraiment décevoir, laisse une petite frustration. Oui, ils en ont encore sous le pied, mais avec un groupe comme Megadeth, on peut, on se doit d’être exigeant. La rançon du succès, comme qui dirait.