Led Zeppelin : Quand IV devient IL
L’album mythique du géant du Rock fête aujourd’hui son 40ème anniversaire. Écoulé à plusieurs dizaines de millions d’exemplaires, l’aura de ce joyau du Hard Rock reste conséquente malgré les années. Zoom sur une page de l’Histoire du Rock.
“Hey hey mamma see the way you move
Gonna make you sweat, gonna make you groove”
Et c’est parti pour un riff qui pourrait rendre enceinte toute jouvencelle qui se risquerait à y poser une oreille. Ce riff, c’est bien sur celui de "Black Dog". 1er single de l’album IV. L’album légendaire. Parait qu’il s’est vendu à plus de 35 millions d’exemplaires. Rien que ça. Pas mal comme score en 40 ans.
Et ouais. Le 8 novembre 1971 sortait ce disque. Le Disque. Led Zep’ était déjà installé. En trois albums, ils avaient même eu le temps de décevoir avec Led Zeppelin III. Mais ils ont choisi d’aller au sommet. Pas besoin de titre ou de pochette explicite pour ça. Juste 8 chansons. Et en ces 8 chansons, Led Zep, dit tout et renvoie tout le monde au bac à sable.
Et 40 ans plus tard, le bac à sable a grandi, mais IV culmine toujours au dessus de la masse, et irradie tout le petit monde du Hard Rock de son génie, toujours aussi reconnaissable, mais toujours aussi inaccessible. Tout coule de source, tout semble évident, si bien qu’on a du mal à se rendre compte du travail effectué.
Sur le son, le groupe s’est fait plaisir, et n’a pas hésité à sortir des Island Studios pour aller expérimenter des environnements acoustiques différents. Prenons "When The Levee Breaks". La batterie de Bonham a été enregistrée en bas d’une cage d’escalier, puis retravaillé de fond en comble en studio, pour donner ce résultat gargantuesque. Ajoutez à ça un harmonica en écho passé à l’envers, et cette guitare lancinante, et vous obtenez la meilleure façon de parler des crues du Mississippi de 1927.
Côté compo, on ne peut évidemment pas passer à côté de la montagne "Stairway To Heaven", gardée en son sommet par l’ermite de Barrington Colby (œuvre d’autant plus admirable dans la version vinyle de l’album). Fignolée toute une nuit durant à Headley Grange par les génies Jimmy Page et John Paul Jones en 1970, cette œuvre symbolise à elle toute seule le talent inégalable de Led Zeppelin.
Mais elle ne doit pas occulter les perles qui occupent les deux faces de chef d’œuvre, comme "Battle Of Evermore", chanson acoustique plus guerrière qu’un escadron de guitares sous-accordées branchées un bataillon de Marshall réglés sur "11".
Car le talent de Led Zep, ce qui les différencie de tout le reste, c’est la subtilité. C’est la nuance. Que ce soit Plant qui exploite tous les registres avec facilité, ou Page qui caresse ou maltraite ses cordes, tout est au poil pour sublimer l’ensemble.
Au fond, IV, c’est le Rock et son contraire. C’est la sauvagerie et le raffinement. C’est l’immédiat et l’éternel. C’est la jeunesse et la maturité. Et la somme de ces antinomies donne l’album ultime, qui, en 40 ans, n’a pas pris une ride.
Rendez-vous en 2 371, pour une chronique anniversaire des 400 ans de cet album qui sera encore adulé. Je prends les paris.
Track List
- Black Dog (Jones / Page / Plant) - 4:57
- Rock and Roll (Bonham / Jones / Page / Plant) - 3:40
- The Battle of Evermore (Page / Plant) - 5:52
- Stairway to Heaven (Page / Plant) - 8:03
- Misty Mountain Hop (Jones / Page / Plant) - 4:38
- Four Sticks (Page / Plant) - 4:45
- Going to California (Page / Plant) - 3:31
- When the Levee Breaks (Bonham / Jones / Minnie / Page / Plant) - 7:08