On pourrait les qualifier d’éternels espoirs du metalcore. Au fil de leurs trois premiers albums, Bury Tomorrow a su se construire une petite popularité dans un style où de plus en plus de groupes similaires émergent. Dans son créneau d’un metalcore mélodique à l’extrême, le combo anglais a jusqu’ici montré un potentiel énorme, sans réussir à être constant sur un album entier. Earthbound, qui arrive ce mois-ci chez Nuclear Blast a sur le papier tout pour corriger ce défaut. Plus court, plus direct, il nous est présenté comme l’arrivée à maturité des jeunes Britanniques.
On serait presque tenté de le croire à l’écoute des premiers titres. « The Eternal » est un coup de massue comme bien peu de groupes sont capables d’en délivrer et « Last Light » illustre quant à elle l’évolution discrète entamée depuis Runes. Sur ce titre, les voix de Daniel Winter-Bates et Jason Cameron se mélangent enfin pour un résultat probant, une des bonnes surprises de cette nouvelle livraison. La voix claire de Jason semble avoir quelque peu évoluée en deux ans, mais elle reste reconnaissable entre mille tout en donnant une personnalité aux compositions du groupe. Le scream de Daniel est lui égal à lui-même. Le frontman s’essaye parfois à de petites variations timides dans l’ensemble plutôt réussies.
Qui dit album plus court, dit forcément moins de fioritures dans les titres. C’est là que les soucis vont apparaître sur Earthbound. Les dix morceaux suivent tous plus ou moins le même schéma, à savoir aucune intro, aucune note inutile et une approche frontale de toutes les compositions qui peut finir par fatiguer. Vouloir créer un rendu proche du live est une intention louable, mais ici cela ne fonctionne pas, on décroche de l’écoute en milieu d’album en attendant au moins un petit interlude à la « Divine Breath » qui ne vient pas.
D’autant que comme à son habitude, Bury Tomorrow nous délivre des chansons poussives en milieu d’album. « Cemetery » tente de ralentir le rythme sans atteindre le niveau d’un « Garden Of Thorns » dans ce registre. « Restless and Cold » et « 301 » sont quant à elles simplement anecdotiques malgré l’apparition sympathique de Jamey Jasta d’Hatebreed sur la seconde. Des morceaux loin d'être indispensables et qui contrastent d’autant plus avec les excellents titres de début et de fin.
C’est d’autant plus dommage que pris individuellement, la plupart des titres sont des petites bombes, à l’image de « The Burden » qui montre pour le coup un semblant de maturité. Le groupe rend parfois hommage au metalcore des années 2000 et on se surprend à penser à Caliban sur certains passages, notamment sur le très bon single « Memories ».
Le domaine dans lequel les Anglais se sont incontestablement améliorés, c’est le mix. Bien plus chaud que sur Runes, il permet de distinguer de façon inédite la basse de Davyd Winter-Bates, notamment sur « The Eternal » et la batterie d’Adam Jackson toujours très bien placée, en particulier sa double pédale. Bien sûr, la guitare soliste de Kristian Dawson est toujours aussi omniprésente et lance sans discontinuer les mélodies ou les tappings qui ont fait le succès du combo. Et comment oublier les breakdowns, tant décriés mais tellement indispensables, présents quasiment sur chaque morceau. Il faut dire que le groupe sait les placer à la perfection, bien que certains comme celui d’« Earthbound » semblent un peu moins efficaces que par le passé.
Earthbound est au final bien frustrant à noter. La plupart des titres pris individuellement sont excellents et on sent une volonté d’évolution du groupe qui a pris ses défauts à bras le corps pour les corriger. Malheureusement, l’approche brute des compositions est une erreur qui empêche clairement d’apprécier l’album sur la longueur. Bury Tomorrow reste à un très bon niveau mais ne frappe pas aussi fort que ses camarades de While She Sleeps ou Architects. Ce n’est donc toujours pas l’heure de la confirmation et celle-ci commence à se faire sérieusement attendre.
