Trillium est un groupe dont beaucoup sont en mesure d'attendre du résultat. Pourquoi, demanderez-vous ? D'ailleurs, il est fort à parier que ce nom n'ai jamais été évoqué à vos oreilles précédemment. Pourtant, il ne s'agit, ni plus ni moins, que du nouveau projet de la chanteuse américaine Amanda Somerville, qui décide enfin de se lancer dans l'univers metal, là où après des apparitions remarquées, elle possède un certain nombre de fans. C'est donc en s'entourant d'un line-up de musiciens extrêmement professionnels et de grande renommée (pour exemple, on retrouvera Sascha Paeth ou Sander Gommans dans le line-up, ainsi qu'un guest de Jorn Lande, rien que ça) que, via le label Frontiers Records, la jeune femme et ses acolytes livrent Alloy, le premier essai. Et avec un tel entourage, la dame nous a certainement pondu une septième merveille du monde.
Non seulement, ce ne sera pas le bon album tant attendu mais, en plus de cela, ce ne sera pas particulièrement une réussite que ce premier brûlot de la formation d'Amanda Somerville. Et pourtant, il y avait vraiment des arguments de tailles, là-dedans, pour bâtir quelque chose de sérieux, de solide et d'efficace. Et cela se ressent dans certains points. Déjà, la production, assurée par un expert, est impeccable et ne souffre d'aucun défaut. Le son est très clair, chaque élément est à sa place, même si dans le mixage, on va pouvoir regretter un chant un peu trop en avant par rapport aux guitares, parfois laissées de côté, alors qu'elles pourraient insuffler une veine heavy bien sympathique, registre dans lequel Trillium semble souvent naviguer. Parlons en, de la voix, car il s'agit sans conteste du point fort de ce projet. La belle américaine tient toutes ses promesses et sa prestation est excellente, cela ne fait aucun doute. Modulée, capable de se parer de diverses émotions, avec une voix taillée pour cette musique, son timbre chaud fait plaisir à entendre sur des partitions métallisées, où son brio éclate. La dame n'a aucun problème à changer de registre, et fait preuve d'un professionnalisme dont de nombreuses chanteuses pourraient prendre exemple. Sur ces points, Trillium vient satisfaire toutes les attentes. Mais d'autres, en revanche, sont honteusement trahies …
L'album est constitué musicalement sur un remplissage énorme, et compte énormément sur la voix d'Amanda pour ramener des fans et plaire. Du coup, au niveau de la musique, on sent que le relâchement est bel et bien présent, et que le résultat n'est pas du tout à la hauteur de ce qu'il pourrait, et même, devrait être. Il ne suffit pas d'aligner les pointures si c'est pour donner un résultat dénué d'intérêt sur le plan artistique. Les structures sont peu variées, créant une certaine monotonie, celle-ci se retranscrivant également au travers des lignes de chant. Non pas que la chanteuse ne sache pas moduler bien au contraire, mais qu'elles se révèlent désespérément similaires. Les quelques solos apparaissant par-ci, par-là, se ressemblent et ne font pas revenir un regain d'intérêt qui aurait pu être apporté par la partie musicale, peu convaincante. Les titres sont dans l'ensemble très simples, voir simplistes, n'apportant aucune nouveauté et nous laissant dans un genre déjà vu et revu. Même dans cet univers hard rock-heavy mélodique, on peut trouver bien mieux. La concurrence, déjà bien rude, n'aidera vraiment pas Trillium à se démarquer de la masse.
Dans cet oasis à l'eau parfois croupie, parfois fade, on arrive cependant à trouver un peu de clarté. Déjà, quelques titres agréables relèvent la sauce avec de délicieuses épices. Ainsi, dans la première moitié de l'opus, on retrouve les pistes qui laissent encore croire au projet. Que ce soit « Machine Gun » et son côté hard rock prononcé, le single sympathique « Coward » ou les tubesques « Mistaken » et « Bow to the Ego », il est possible d'espérer du bon de la part de Trillium. C'est ce genre de titres que l'on espérera dans l'avenir, et non ce qui nous est donné sur l'ennuyeuse « Purge », trop commune et au refrain tombant à plat, et, en réalité, tout ce qui vient après « Mistaken », qui fait office d'un scandaleux remplissage. Encore les mêmes recettes utilisées, réutilisées, on ne peut pas dire que le groupe nous verse une musique vraiment recherchée. Mention spéciale sur le trop plein de ballades ou de mid-tempo qui peuplent cette aire de la galette, nous livrant monotonie et ennuie. On comptera même une reprise de Lunatica, « Into the Dissonance », qui n'a pas grand intérêt. Passons également sur le duo avec Jorn Lande, « Scream It », qui accumule les clichés, prévisible et kitsch. Elle aurait très bien pu se retrouver sur le projet Kiske/Sommerville, une autre association de malfaiteurs de l'américaine qui, pour le résultat final, transforma l'espoir en déception à l'eau de rose et aux pétales de fleurs malodorantes.
Pas la peine d'en dire plus, le constat est réellement déplorable. Sans être un naufrage total, Alloy est pourtant loin d'être un bon album. Titres plats, très (trop) ressemblants les uns les autres, les mêmes ficelles utilisées, alors que dans le genre, elles l'ont déjà été des milliers de fois. Pourquoi, avec de tels musiciens alignés, Trillium n'a pas été capable de faire preuve d'inventivité ? Il faut croire que les musiciens et le label comptent ratisser large en se basant sur les noms des protagonistes et sur une pochette où la chanteuse figure, histoire de dire que c'est bien elle, et que du coup, il faut acheter, parce qu'Amanda Somerville fait acte de présence. C'est pourtant bien des aspects inintéressants qui ressortent, malgré une voix bien en place, elle. En espérant une suite plus inspirée, ce qui ne devrait pas être bien difficile, à priori.