"...En attendant le printemps des sorcières...."
Opera IX fait partie de ces groupes à la longue histoire et à la discographie bien remplie, mais qui n’ont jamais vraiment percé.
Après de gros changements de line-up, Ossian, le seul rescapé des origines, revient et sort un album de transition, essentiellement composé de morceaux réenregistrés, mais propose aussi deux nouveautés.
Dès les premières notes, on ressent cette ambiance très particulière du metal atmosphérique italien, avec des nappes de synthétiseurs délicieusement désuètes. Le growl est quasi parlé, ajoutant un côté solennel à la chose.
La violence s’exprime surtout par une accélération de la batterie qui devient frénétique, accompagnée de rapides notes au synthétiseur. Le retour au calme revient à une dimension éthérée, avec le chant féminin distant d’Abigail Dianaria.
Décidemment, j’ai l’impression d’être revenu à la fin des années 90 avec Evol pour ne citer que le premier nom de la scène italienne qui me vient à l’esprit. Si comme moi, vous aimiez cette musique d’époque, vous serez agréablement surpris, même si on peut se demander où réside l’originalité, si ce n’est un son bien meilleur que les enregistrements poussifs et low cost d’alors. Si vous n’aimiez déjà pas, et trouviez cela ridicule et manquant sérieusement de testostérone, et bien votre avis ne risque pas d’évoluer, avec le recul en plus !
Il faut dire qu’Opera IX a toujours exercé dans un style mélangeant les influences gothiques, doom, et black mélodiques, avec une dimension occulte proéminente, et que le risque est donc que ceux qui apprécient l’un ou l’autre style soient gênés par les autres sonorités. D’un autre côté, cela prouve également une richesse musicale et une construction plus complexe qu’il n’y parait si on s’arrête aux vieux passages de synthétiseurs.
Quoiqu’il en soit, le premier morceau, s’il peut paraître emblématique d’une époque sans doute révolue, combine à merveilles divers riffs et mélodies et me semble très réussi. Il faut dire qu’en un peu plus d’un quart d’heure, cela laisse de la marge pour varier, ralentir, accélérer, à nouveau ralentir, poser une ambiance, repartir, etc.
Si j’insiste autant sur ce retour dans le passé musical du groupe, c’est qu’il me semble qu’il s’agit là d’une volonté délibérée d’Ossian, le guitariste et leader du groupe. Alors qu’il reste le seul membre d’origine actif, et que tout le reste d’Opera IX a été renouvelé en 2014, le lien vers les premières années est nettement affiché.
D’ailleurs, le titre même de l’album Back to Sepulcro a un sens on ne peut plus clair à ce sujet, et la version remastérisée, avec un bien meilleur son, du dit « Sepulcro » en guise de morceau d’ouverture est un signal fort. La transition avec le premier album The Call of the Wood est donc toute trouvée !
Le second titre est bien plus rapide, et deux fois plus court (ce qui reste tout de même assez long), et applique une recette éprouvée : batterie frénétique, mélodies au clavecin/synthétiseur jouée par un Mozart encore plus fou que n’était l’original, et growl d’ambiance pour accompagner le tout. On rajoute un petit ralentissement avec un chant féminin d’outre-monde, deux ou trois riffs bien percutants et l’affaire est dans le sac.
« Act I, the first seal » m’a fait quelque peu décrocher. Encore un morceau de plus de neuf minutes, mais moins inspiré que les autres, à mon avis. Certes, il y a toujours de bon riffs à tendance heavy, certes, la recette est toujours là, mais peut-être que le repas commence à devenir un peu lourd.
« Maleventum » rehausse l’intérêt de l’album, car l’ambiance pesante et sombre domine nettement ce titre, qu’un Septic Flesh ne renierait pas (avec l’accent de la chanteuse en moins).
Nous sommes déjà quasiment arrivés à la fin de l’album, et il est donc grand temps d’écouter les deux derniers morceaux, inédits.
Changement de style avec « Consacration », où les influences baroques reviennent en force, sans pour autant négliger les puissantes envolées de la six cordes !
L’outro, car c’est bien de cela dont il s’agit avec le dernier titre « The Cross », achève la cérémonie en douceur.
Que dire de cet album, qui est avant tout une (petite) compilation de la longue histoire du groupe ? Le choix de ces 4 titres réenregistrés peut être discutable pour certains fans, mais le résultat tient globalement la route.
La question est d’autant plus difficile à répondre que les nouveautés sont musicalement dans la continuité de l’œuvre existante.
Les fans, qui veulent profiter des progrès techniques en matière d’enregistrement, peuvent donc espérer que Back to Sepulcro répondent à leurs attentes. Sachez cependant, que le mixage est parfois déroutant (notez que je n’ai pas dit désuet), bien que dans la droite ligne de leurs albums précédents, et devront aussi attendre avec une certaine curiosité le prochain « vrai » album inédit…
Thomas Orlanth
« Back To Sepulcro », sorti le 1er novembre 2015 chez Dusktone.
Sepulcro (15 :20) (Call of The Wood – 1995)
The Oak (7 :51) (Sacro Culto – 1998)
Act I, the First Seal (9 :40) (The Black Opera – 2000)
Maleventum (5:56) (Maleventum – 2002)
Consacration (4 :48)
The Cross (4 :10)
Total : 47 minutes et 45 secondes