OZ – Burning Leather

This is... 'Banal' Tap

L'époque est aux reformations... Running Wild nous l'a prouvé encore tout récemment. Mais si ces derniers auront réussi à tenir 2 ans à peine, ce n'est pas le cas des vétérans finlandais de OZ, qui connurent leurs heures de semi-gloire (?!) en plein essor de la New Wave of British Heavy Metal au début des 80's chez leurs voisins insulaires et se seront fait attendre (ou pas) pendant presque 20 ans qui suivirent la sortie de leur dernier album de 1991, Roll the Dice, avant cette reformation que personne n’avait vu venir et la sortie le 18 novembre prochain de l'album Burning Leather chez AFM Records.

Mais nous préférons -une fois n’est pas coutume- laisser la parole ici à un certain Marty Di Barggio, cinéaste de son état, qui a mené l'enquête pour nous en allant interroger un drôle de fan, parmi les plus acharnés, un certain Timo Hjpalekku, à l’occasion d’une séance de dédicaces du groupe qui pour l’heure était loin de faire le plein :
(attention, toute ressemblance avec une scène déjà connue serait purement ... délibérée!)

- << Bonjour, je suis Marty Di Barggio et je réalise un documentaire, ou plutôt un 'rockumentaire' sur le groupe suédo-finlandais, ou finno-suédois si vous préférez, et en tout cas bien allumé qu'est OZ. Timo, je crois savoir que vous êtes un de leurs plus vieux fans, et vous connaissez tout sur l'histoire des OZ.

-  Ouais, effectivement, les OZ c'est des Grands ici, et ils ont toujours été là, je veux dire, dans l'esprit des gens qui les ont suivis il y a pas eu de coupure, pas de ‘split’, on attendait juste qu'ils nous reviennent avec un putain d'album, bien "OZzé"...  OZ!!!!!!!!!!!!!!
 

OZ are back!


-  Vous faites bien de le dire, car dans l'esprit de bon nombre de métalleux, je parle ici pour la France  -je fais ce rockumentaire pour le compte d'une radio/webzine/association française...- , OZ c'est surtout les 2-3 morceaux sympas et bien 'riffus' mais pas transcendants non plus que l'on retrouve sur les compilations ‘Scandinavian Metal Attack’ aux côtés des titres de Bathory pour lesquels les fans acharnés (pas d'OZ, ceux de Bathory!...) ont acheté les disques.

- Ouais, Bathory... Quorthon, ce n'était encore qu'un gamin quand les OZ l'ont rencontré, par contre son paternel, Boss comme il se faisait appeler dans le milieu et sur les albums de Bathory, c'était une huile, une pointure, un mec important quoi, de maison de disques alors fallait jouer finaud. Enfin bref, les OZ se sont retrouvés à bosser avec Quorthon pour le design de leur album légendaire de 1983, Fire in the Brain, notamment la pochette. Il a été crédité sous le nom de "ACE-The Spunky Black Spade" sur ce disque... Et c'est d'ailleurs la main de Quorthon, enfin de ACE-The Spunky Black Spade que l'on voit sur cette putain de pochette, qui tient le crâne en feu... Bon, il était pas vraiment en feu parce que c'était pas évident, ils ont fait des essais mais Quorthon, enfin Ace-machin-spunky-bidule, là, il arrêtait pas de se brûler, c'était ingérable. Alors ils ont finalement rajouté le feu après, en incrustration... M'enfin, fais comme si je t'avais rien dit, parce que c'est pas non plus comme si ça tuait tout le truc et tout, tu vois... Ils ont réitéré l'expérience l'année suivante pour l'EP, enfin le single Turn the Cross Upside Down, bon sans le feu cette fois, mais la main et le crâne étaient plus impressionants encore, ce côté flippant, bref... des pochettes cultes, tu vois!

Cover 'Fire in the Brain' 1983

- Revenons un peu sur l'histoire du groupe. Il semblerait qu'il y ait beaucoup de changements de line-up, non?

- Oh, tu sais, il faut bien des fois tatonner un peu, bricoler 2-3 choses tu vois, bah quand la machinerie se détraque tu vas pas non plus jeter tout l'appareil si celui-ci fonctionnait à merveille auparavant, tu vois, tu vas juste changer les petites pièces défaillantes, soit en resserrant un peu les vis, soit en changeant carrément des pièces comme les boulons usés.... Y'a donc eu quelques guitaristes (surtout les 'seconds guitaristes' on va dire) et autres bassistes qui ont transité dans le groupe. Et puis y'a aussi tous ceux dont on ne parle pas forcément, tu sais il arrive des choses des fois, disons ces trucs bizarres qui se produisent un jour, des accidents de jardinage, des combustions spontanées, enfin bref tous ces trucs foireux dont on peut pas trop parler, même les flics nous le disent dans ces cas-là : "cherchez pas à comprendre!" Vaut mieux pas. C'est pas des histoires très marrantes, mais t'as aussi des fois où le mec a été étouffé par du vomi... Le truc, c'est que c'était pas son vomi à lui, mais on a jamais pu savoir à qui était le vomi, tu sais, la police garde pas de fichiers d'empreintes de vomi. Des sales histoires tout ça...
Reste que le groupe aujourd'hui est composé de pas mal de musiciens qui ont connu ou ont fait la gloire du groupe à l'époque : le chanteur Ape De Martini (de son vrai nom Tapani Hämäläinen) qui a toujours été là, le bassiste-compositeur-backing vocals Jay C. Blade (enfin, Jukka Homi, quoi, mais il s'est fait rebaptiser Jukka « Jugi » Lewis par la suite de toute façon), bref l'Homme qui fut des albums les plus importants, et puis leur seul et unique batteur depuis le début, Pekka Mark  -là, c'est son vrai nom, le pseudo c'est Mark Ruffneck, ils étaient un peu moins inspirés sur ce coup-là... Deux nouveaux guitaristes sont arrivés, dont un ancien d’Hanoï Rocks, c’est te dire le niveau quand même. A voir s’ils vont se faire faire des nouvelles tenues de scène pour l’occasion.

- Des patronymes qui sonnent très 'finlandais' il me semble, tout ça... Eclaircissons la situation une fois pour toutes, OZ c'est une formation suédoise ou finnoise??

- Oh, tu sais, le métal, le rock tout ça, ça n'a pas de frontières. Tu prends les mecs de OZ, ils ont quitté à un moment leur Finlande natale pour déménager en Suède, OK (non, c'est pas un nom de groupe, là...). Bon, ils ont collaboré avec beaucoup de locaux là-bas, c'est important tu vois, les rencontres tant humaines que musicales. Mais au final, on se retrouve en 2010, et le groupe est alors de retour avec un line-up 100% finlandais au moment de tourner le clip de leur tout dernier single, "Dominator". Ils l'affichent d'ailleurs fièrement en exhibant leur drapeau national dans ce clip. Ils ont bouclé la boucle en fait, quoi, c'est le retour aux sources, aux origines, à la pureté originelle de la Musique, à Adam et Eve dénudés tu vois... (NdA : une 'Eve' un peu "destroy" comme vous allez le voir...)

 

Et puis peu importe la langue, tu sais, on ne raisonne pas comme ça. C'est quoi qui fait la différence, dis-moi entre un Suédois et un Finlandais, au fond, hein? Tu ne t'attaches pas à ça pour les OZ, ce qui compte c'est leur entité, c'est leur identité sur scène, tu ne vas pas non plus retranscrire quoi que ce soit de l'anglais, ce serait un pur automatisme d'abruti tu sais. Prends Ape De Martini, tu penses à lui tu vas visualiser ce petit homme dégarni et bourré d'énergie, son exubérance, la mise en scène, un vrai Tueur! (NdA : visualiser, c’est une chose, mais ce qu’on entend surtout bien souvent, dans les aigus notamment -exception faite du 'single'- c’est une sorte de sous-Geoff Tate avec de la niaque mais qui s'égosille à force de "courir après les riffs"…).
Bref, tu ne vas pas aller t'imaginer un singe se bourrant la gueule en Italie, quoi!!
 

[à ce stade de l'interview, un certain Boucher Slave est prié de quitter les lieux…]

 

 

Cover 'Burning Leather' 2011

- On en arrive à ce nouvel album, celui de la reformation, avec effectivement j’ai l’impression une certaine volonté affichée de retour aux sources... On retrouve cette fameuse main, toute gantée de cuir et de clous, même si malheureusement on sait que ce ne peut plus être celle de Quorthon (RIP)... En tout cas, les pochettes d'OZ ont toujours été très explicites visuellement, peu de place à l'imagerie métaphorique, n'est-ce pas?

- A quoi??... Oh bah tu sais, c'est ce qui fait la grande force des OZ. Pas de tricherie, pas de jeux de dupes, tu vois. "What you see is what you get", en ce sens. "Burning Leather", c'est du putain de cuir suintant en flammes, avec toujours tu remarqueras l'impact de cette impressionante puissance d’évocation visuelle, cet effet des plus réussis et des plus flippants...
Ils gardent une ligne de conduite, ces mecs! Fire in the Brain, c'était cette main qui tient le fameux crâne en feu... Roll the Dice, c'était cette main de squelette qui va te donner à lancer des dés, ou plutôt la Mort qui va te brandir un couteau pour t'enjoindre à jouer ton destin... Je t'ai bien eu, hein, tout à l'heure ; évidemment que je sais ce que c'est, un "sémaphore"...
Enfin bref, peu importe ce que leur dicte leur coeur. Et si l'album s'était appelé "Smoking Cactus" ou encore "Smell the Glove", eh bien, heu... Enfin voilà, quoi, tu m'as compris. Ils reviennent le poing levé, c’est ça l’image qu’il faut garder.

- Et les paroles? Sont-ils revenus à des choses un peu occultes? Si l’on se remémore les lignes vindicatives sur le titre éponyme de leur single de 1984 : « Turn the cross upside down, burn the churches to the ground », plus fort que les Venom et Bathory de l’époque! Et prémonitoire, avec ça… 😉

- Oui mais non, faut pas déconner avec ça. Tu sais, le premier chèque de royalties qu’a reçu Jay, enfin Jukka, le bassiste et compositeur sur ce titre, ça a été de 666 couronnes suédoises… Alors, ils ont quand même eu un peu les pétoches ! Maintenant ils parlent un peu de tout dans leurs chansons, sauf de ça !
(Blague à part, cette anecdote est 100% authentique… NdA)

- Musicalement, l’album est puissant et bien produit (Nicke Andersson, ex-Entombed et Hellacopters aux commandes, ça aide…), bien éxécuté aussi. Cependant, j’émettrais plus d’un bémol quant au contenu proprement dit, puisque que l'on parle des nouveaux titres (au nombre de 5) ou des anciens réenregistrés pour l'occasion (“Gambler”, “Search Lights” et "Fire in the Brain" de l'album du même nom, le fameux "Turn the Cross Upside Down" déjà évoqué, +“Total Metal” et le titre éponyme de leur essai de 1984, 'III Warning'), on ne retrouve plus cette 'saveur' du groupe à l'époque, tout semble avoir été comme "policé", lissé, poncé, ce qui fait que l'ensemble a du mal à décoller sur la longueur... Ce côté NWOBHM-version-scandinave et digne héritier pourtant revendiqué a été presque complètement gommé au profit d'un heavy-metal tristement classique et plat -on pense parfois à du vieux Accept déjà entendu ou du Judas Priest mixé à du Mercyful Fate, mais hélas sans les compos qui suivent derrière- , et avec comme seul relief les modulations bien souvent poussives et sans grande recherche d'un Ape De Martini (dont la voix s'éraille parfois involontairement), qui voudrait être Bruce Bruce à la place de Bruce Bruce, ou plutôt le Dickinson du 'Number of the Beast' sans en avoir les moyens... Vous, Timo, qui êtes un de leurs fans les plus fervents, qu’auriez-vous envie de dire pour défendre vos idoles à ce stade ?

- Je n’ai qu’une seule réponse à te donner : peu importe tout ce que tu viens de dire, tu sais... Je vais te dire : OZ, ça ne peut s'écrire qu'en lettres capitales, tu vois. Et tu sais pourquoi? Bah je vais te le dire, moi, c'est parce que c'est pas un groupe 'minuscule', les OZ, c'est un groupe dont la musique est CAPITALE pour toute l'histoire de l’intégrité du genre en lui-même, la musique rock, tu vois... Ils jouent sur des amplis qui ont été spécialement conçus pour eux, avec les volumes qui vont jusqu’à 11, car 10 au max c’était pas assez pour eux, tu vois ! C'est pas des mecs ‘lambada’, c'est pas non plus tout à fait des dieux mais c'est entre les deux tu vois... c'est des Rois, voilà! Des monarques, voilà comment on devrait les traiter. D'ailleurs, "Sire OZ", ça le fait, non?!

 

[à ce stade, un certain ressortissant des pays de l'Est, décidément vraiment dur de la feuille, est de nouveau sommé de sortir...]
 


OZ live

- Le ‘single’ « Dominator » en met plein la vue (!), mais qu’en est-il aussi de ce « Enter Stadium » clichesque au possible ? On ne doute pas de sa portée et de son impact en concert (en espérant que les musiciens trouvent toujours l’entrée de la scène…) ou bien dans les enceintes de sa bagnole, les vitres ouvertes en été pour les rescapés des 80's… Mais n’est-ce pas un peu bizarre de voir les OZ s’adonner sur ce titre à du –c’est le cas de le dire- ‘stadium-rock’ à la Kiss/Aerosmith/Def Leppard/Mötley Crüe ou plus récemment Edguy ??

- C’est juste un appel des OZ à leurs fans, une invitation à se réunir dans les lieux de célébration de leur musique! C’est comme qui dirait une injection (NdA: Timo veut probablement dire 'injonction') à venir blinder les stades puisque tu en parlais tout à l'heure (?!), les bases militaires, enfin quel que ce soit le lieu où OZ viendra jouer, et d'y faire la fête et que chacun soit sur un pied d'égalité tu vois, qu'il y ait pas de frontières... C'est complètement cosmique! 
Bon, et puis dans ta petite liste, là, tu n’as pas cité Bon Jovi, donc ça va…

- Je vais essayer de résumer le fond de ma pensée sur cet album. Pour moi, il y a un peu comme de la 'duperie' quand même... Quand on sait qu'à la base cet 'album' était censé s'appeler "Greatest Blitz", n'est-on pas en droit de penser qu'eux ou leur label ont préféré être plus malins, enregistrer quelques nouveaux titres supplémentaires qui auraient très bien pu finir en inédits sur ce qui n'aurait alors été qu'un simple 'best-of' -ce qui aurait peut-être été là moins "vendeur"- et présenter le tout comme un  nouvel album? N’y a-t-il pas lieu de soupçonner une opération ‘marketing’ et de vaste supercherie visant à faire vivoter un nom du passé (à moult renforts qui plus est d'artifices navrants comme mettre une pochette hideuse juste parce qu'elle fait 'eighties' et insérer une "bombasse" et des pentagrammes -chassez le naturel...- dans un clip afin de 'racoler' le jeune public...), faire encore un peu de sous tant que faire se peut sur le dos des anciens et des nouveaux fans curieux alors que la musique en elle-même ne casse finalement pas 3 pattes à un canard et se veut aussi inoffensive que les vieux Europe et Pretty Maids? Bref, n’y a-t-il pas quand même quelque part tromperie sur la marchandise ?!

- (après un long silence)  Leurs amplis, là, ils vont jusqu’à 11…

 

(…)

C’est également jusque-là que va aller ma note… Vous l’aurez compris, c’est à chacun de choisir son camp : si l’on aime le métal dans ce qu’il a de plus classique, simple et accrocheur (du moins dans les guitares -qui sentent effectivement bon les 80's), que l’on est collectionneur acharné et/ou un fan inconditionnel de OZ depuis le début (comme notre ‘Timo’ imaginaire…), cet album est tout à fait correct s’il n’est pas révolutionnaire. Si vous cherchez un petit quelque chose de plus, en particulier venant de vétérans de l'époque de la NWOBHM et d’un disque clairement connoté comme tel, il vous manquera cette petite étincelle, cette flamme et cette classe intacte que d’autres ont su préserver, sans compromission. Et puis autant vous procurer alors les grands opus de l’époque (à l’instar des 1ers Angel Witch, Witchfynde et Witchfinder General – c’est à se demander ce qu’ils avaient tous avec leurs sorcières, nom de nom !! –  ou encore Diamond Head), plutôt que de vous ruer sur un produit qui sonnera moins ‘daté’ et plus dans l’air du temps mais également sans ‘magie’ ni ‘âme’ . Ou simplement rachetez les incontournables Fire in the Brain et Turn the Cross Upside Down ici présents mais dans leur version d’origine. 
Même si les OZ n’ont jamais été les plus brillants disciples du genre…

Ah, et attention à ce ‘single’ « Dominator » racoleur et trompeur : puissant et efficace mais finalement impersonnel et passe-partout, il n’est de toute façon absolument pas représentatif de la teneur de cet album plus qu’inégal par ailleurs, et qui tourne en rond bien plus souvent qu'à son tour. Vous voilà prévenus!

5,5/10

LeBoucherSlave
 

OZ old times

NOTE DE L'AUTEUR : 5 / 10



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