Grosse intro, bruits de fond pas franchement rassurants, têtes que l’on tranche ? Je ne sais pas vraiment, mais dès les premières notes, on se retrouve en première ligne d’un combat sanglant. Les premiers mots qui me viennent à l’esprit sont : monstrueux, gigantesques, grandiose ! Blasts, guitares et growl vont nous régaler dans une production aux petits oignons.
Intelligemment, Lutece s’éloigne des sonorités que l’on qualifiait de pagan (il en reste peut-être un soupçon sur « What Lies Beyond » qui ferme l’album) pour aller vers des contrées plus sombres, plus complexes, baignées dans un univers epic black metal.
La touche Lutece se retrouve dans les riffs tranchants des guitares, comme sur « Melted Flesh », avec une montée d’adrénaline, crescendo, puis plongeon sublime vers des passages complexes : bouleversant. L’intelligence de la construction du titre nous renvoie à des réalisations comme celles de Primordial, avec cette sonorité heavy non dénuée de sens, que l’on retrouve dans la pièce maÏtresse de l’album « The Last Standing Flag ». Dans ce titre angoissant et captivant, les derniers survivants sont campés autour de la dernière bannière encore debout, dans un dernier baroud d’honneur. Avec les Français, on ressent à l’écoute des morceaux la vibration des huit cordes de la guitare de Denosdrakkh, ponctuée de changements de rythme gérés par un batteur hors paire, et des atmosphères orchestrées par la voix d’Hesgaroth, encore plus grave et plus épaisse que sur ...Our Ashes Blown Away.
On a l’impression d’être immergé au milieu des instruments, auxquels s'ajoute cette batterie organique, qui nous transcende tout au long de l’écoute de From Glory Towards Void.
A l’image de « Labyrinth of Souls », j’aime cette manière qu’ont les musiciens de nous amener un titre, une offrande, instrument après instrument : le morceau se déroule comme une pelote de laine, avec ce son unique de guitare qui ouvre ses viscères devant nous.
Sur le titre éponyme, en particulier à l’écoute des arpèges, on imagine les crampes qu’ils ont dû se faire aux doigts, pendant que les blasts du batteur Kraftum labourent le champ de guerre.
Ces cavalcades guerrières se retrouvent sur « The Dance of Rolling Heads », doté d’un côté chevaleresque, se hissant vers une gloire rayonnante de courte durée, avant qu’une chute inévitable n’anéantisse les anciens vainqueurs.
Jamais de dissonance dans les propos de Lutece, le son black metal est complexe. On se plait à écouter les titres de nombreuses fois pour découvrir un nouveau petit détail que l’on avait omis lors de l’écoute précédente. C'est le cas sur « The Venom Within », où ça speed dans tous les sens, mais toujours avec cette retenue élégante qui nous permet de reprendre notre souffle au bon moment, et de terminer avec des arpèges du plus bel effet.
Lionel / Born 666