Quelques mois après la sortie de The Color Before the Sun, le nouvel album de Coheed and Cambria, les New-yorkais étaient de passage dans la capitale parisienne, ville où ils n’avaient plus joué depuis 2012. Si le dernier opus du combo nous a semblé inégal, Claudio Sanchez et ses compagnons d’armes ont su remettre les pendules à l’heure et montré que la scène était leur terrain de jeu en investissant les planches de la Maroquinerie. Pour les accompagner sur cette date, les Islandais d’Agent Fresco sont venus présenter les titres de leur dernier opus, Destrier.
Agent Fresco
Est-ce la conséquence d’une date qui tombe en pleine semaine, ou bien le mois de janvier qui ne donne pas envie de sortir de chez soi ? Toujours est-il que la Maroquinerie est loin d’être pleine à l’heure où Agent Fresco monte sur les planches. Pourtant, avec un set d’une bonne demi-heure, les musiciens vont tout faire pour séduire une audience qui se veut curieuse. Evoquant le rock prog électrifié d’un Oceansize, Agent Fresco joue la carte de l’efficacité avec des titres qui vont à l’essentiel.
Pourtant Þórarinn Guðnason, le guitariste, alterne également les plans plus posés en s’asseyant derrière son clavier le temps de quelques passages rappelant Beardfish. Malgré la simplicité apparente des compositions, le quatuor sait se démarquer avec un sens du groove intéressant, notamment sur les plans de batterie du très chevelu Hrafnkell Örn Guðjónsson.
Le public se laisse tranquillement entraîner dans l’univers du combo, bien que certains titres montrent que le groupe est encore à ses balbutiements et a du mal à trouver son identité musicale. L’exemple le plus flagrant réside dans les hurlements typés core du chanteur sur certains passages plus enlevés, qui tranchent littéralement avec le reste des compositions.
Hormis cela, Agent Fresco fait figure de bon opener pour Coheed and Cambria, sachant recueillir les applaudissements du public qui n’est pourtant pas venu pour lui.
Au bout d’une demi-heure, les musiciens terminent un set sympathique devant un public que l’on aurait souhaité hélas plus nourri.
Coheed and Cambria
Au moment où Coheed and Cambria démarre son concert, la Maroquinerie est beaucoup moins vide que pendant le set d'Agent Fresco. C’est logiquement avec « Island », titre d’ouverture de The Color Before the Sun que le groupe entame son set. Si ce morceau n’est pas le plus intéressant de l’album, il faut avouer que son refrain catchy et l’énergie que le groupe déploie permet au public de rentrer dans ce set de façon immédiate. Le son est globalement équilibré, et le groupe est pleinement investi dans son concert, à l’image de Josh Eppard (batterie) qui martèle ses fûts avec de grands gestes, à la manière d’un batteur de punk rock.
Le leader de la formation, Claudio Sanchez est de son côté totalement invisible, le visage caché derrière sa longue chevelure frisée qui le caractérise. Mais cela n’empêche pas le chanteur de s’époumoner dans le micro avec une énergie qui se transmet très vite au public. Le leader est également en grande forme vocale, ce qui lui permet de se concentrer sur l’interprétation des titres.
Les fans des premiers rangs font d’ailleurs rapidement monter la température, en scandant les paroles qu’ils connaissent par cœur.
Balayant l’intégralité de sa discographie, en mettant l’accent sur In Keeping of the Silent Earth 3, son second opus, Coheed and Cambria sait se mettre le public dans la poche. En effet, la setlist est construite de façon à ne laisser aucun temps mort et c’est à ce moment-là que l’on s’aperçoit de la facilité que possèdent Travis Stever (guitare) et Claudio Sanchez pour composer des titres qui font mouche (« Here to Mars », « Blood Red Summer »).
Parmi les grands moments de ce set, on retiendra aisément l’interprétation de « No World for Tomorrow », qui voit le public hurler à pleins poumons sur le refrain, donnant la réplique à Claudio Sanchez. Josh Eppard s’illustre également avec une frappe tellement lourde que l’on s’étonne que sa caisse claire tienne bon sous la puissance qu’il dégage.
Les musiciens, et tout particulièrement le leader, remercient chaleureusement le public et montrent leur surprise face à l’accueil qu’ils reçoivent. En effet, bien que la salle ne soit pas sold out, l’énergie dégagée par les fans permet de faire abstraction de ce désagrément et Coheed and Cambria avoue que ce concert dépasse leurs espérances initiales.
Après une petite heure de jeu, les musiciens sortent de scène pour très vite y revenir interpréter « Ten Speed » et surtout leur titre phare : « Welcome Home ». Sur ce dernier, Claudio Sanchez se munit d’une guitare double-manche et débute un duel de solo avec Travis Stever qui ne laisse pas les fans de glace. Ce titre constitue l’apothéose de la carrière de Coheed and Cambria, mais également le temps fort d’un set d’une redoutable efficacité.
Si le dernier opus de Coheed and Cambria n’était pas à la hauteur de leurs précédentes réalisations, le live est le terrain de jeu du groupe, qui sait se mettre le public dans sa poche. Alors qu’il aura fallu plusieurs années à Coheed and Cambria pour revenir fouler les planches parisiennes, on espère que l’énergie et l’accueil du public de la Maroquinerie motiveront les Américains à ne pas laisser passer autant de temps avant leur prochain concert dans la capitale.
Setlist Coheed and Cambria :
Island
Eraser
Devil in Jersey City
Key Entity Extraction V : Sentry the Defiant
Blood Red Summer
World of Lines
No World for Tomorrow
33
You got Spirit kid
Here to Mars
A Favor House Atlantic
The Camper Velourium III : Al The Killer
In Keeping of Silent Earth 3
Rappel :
Ten Speed (of God’s Blood and Burial)
Welcome Home
Photographies : © Marjorie Coulin 2016
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe
Merci à Roger Wessier et Olivier Garnier